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25 novembre 2019 : fête de sainte Catherine d’Alexandrie

Couvent des Dominicains de Marseille

En fêtant aujourd’hui sainte  Catherine d’Alexandrie,  nous fêtons aussi tous ceux qui, avec  elle,  furent  victimes  des persécutions  qui eurent lieu à Alexandrie  en Egypte, au IV  siècle.  Le refus des chrétiens de rendre un culte à l’empereur romain et aux   divinités locales égyptiennes  leur attirait  une grande hostilité de la part des Romains et des  Temples. Sainte Catherine est donc à situer dans ce mouvement de résistance chrétienne, argumentée philosophiquement, qui fit d’elle la patronne céleste des philosophes.

 Daniel 1, 1…. 20 :  (19)…Le roi s’entretint avec eux, et pas un seul n’était comparable à Daniel, Ananias, Misaël et Azarias. Ils entrèrent donc au service du roi.

20 Sur toutes les questions demandant sagesse et intelligence que le roi leur posait, il les trouvait dix fois supérieurs à tous les magiciens et mages de tout son royaume.

Luc 21,1-4 : Comme Jésus enseignait dans le Temple, levant les yeux, il vit les gens riches qui mettaient leurs offrandes dans le tronc du trésor. Il vit aussi une veuve misérable y déposer deux piécettes. Alors il déclara: «En vérité, je vous le dis: cette pauvre veuve a mis plus que tout le monde. Car tous ceux-là ont pris sur leur superflu pour faire leur offrande, mais elle, elle a pris sur son indigence: elle a donné tout ce qu’elle avait pour vivre.»

Frères et Sœurs  

Le texte de l’Ancien Testament et celui du Nouveau que nous venons d’entendre n’ont pas été choisis en fonction de la fête de ce jour, ce sont ceux « du commun » comme on dit, et voilà qu’on découvre qu’ils peuvent nous aider à mieux comprendre ce qui, fit la sainteté de sainte Catherine d’Alexandrie : la sainteté de l’intelligence et la  sainteté du don de soi.

Il en va ainsi de la vérité chrétienne : sous diverses formes,  elle se manifeste  toujours identique à elle-même.

Au temps de l’exil à Babylone, nous rapporte la première lecture, le roi Nabuchodonosor fit appeler auprès de lui des jeunes nobles israélites  pour en faire ses serviteurs. Certains d’entre eux, comme  Daniel, ne cessèrent pas pour autant d’observer les prescriptions de la loi juive tout en vivant à la cour royale. Leur fidélité fut amplement récompensée par le Seigneur qui leur donna une grande sagesse et une grande intelligence, ainsi que le don d’interpréter les songes : tout cela suscita l’admiration à  Babylone surtout  parmi les magiciens et des mages de la Mésopotamie qui reconnurent que ces jeunes leur étaient dix fois supérieurs en science.

Daniel était donc plus grand en sagesse et en intelligence, que tous ceux qui passaient pour être les plus grands sages et les plus intelligents  du pays.

Avec le récit de l’évangile nous découvrons, une fois de plus, que la manière de penser, et de compter  du Seigneur est bien différente de la nôtre et que les deux piécettes versées par cette veuve misérable en offrande dans le Trésor du Temple, constituent aux yeux de Jésus,  une offrande plus importante que celle faite par des gens riches.

Aimer, ce n’est pas donner des choses, même abondamment, comme ces riches qui ont déposés dans le Trésor du Temple de leur superflu : aimer c’est se donner soi-même, c’est le don de soi, et c’est cela que cette pauvre veuve a fait sous les yeux de Jésus : elle donné sa vie. Et Jésus l’a admiré car « elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle avait pour vivre ». Cette pauvre veuve, Jésus l’a donc déclarée supérieure à tous les riches qui, en faisant l’aumône, « l’ont claironné devant eux  afin d’être glorifié par les hommes ».

La supériorité revient donc ici à la pauvre veuve qui a plus donné à Dieu plus que des donateurs  hypocrites.  Sa sainteté lui vient du don d’elle-même, qu’elle  fit à Dieu.

N’en est-il pas ainsi de la sainte d’Alexandrie et de ses compagnons  martyrs ?  Le Seigneur leur avait donné  une sagesse et une intelligence plus grande que celle que pouvaient posséder tous les adorateurs des innombrables divinités des temples d’Egypte, et, dès lors, ils étaient  furieux et jaloux de sentir sur eux la supériorité des chrétiens et ils s’opposaient farouchement à l’arrivée de l’Evangile dans leur pays : comme les Romains adorateurs de leur Empereur, ils se réjouirent  du massacre des chrétiens.

Certains ont cru que ces persécutions relevaient du domaine de la  légende mais tel n’est pas le témoignage de l’histoire qui n’ignore pas la grande persécution à Alexandrie qui, durant le IVe siècle, sous l’empereur romain Daia,  noya dans le sang tant de chrétiens parmi lesquels on  situe sainte Catherine.

A l’occasion de diverses mises en place et recherches liturgiques récentes,  il arriva un jour que les moines du fameux monastère de Sainte Catherine au Sinaï en vinrent à refuser l’entrée de leur monastère à un prêtre catholique qu’ils soupçonnaient être opposé au culte de sainte Catherine : c’est alors que le prêtre les rassura en leur disant qu’il était bien catholique,  mais qu’il était Grec-catholique et que donc on ne pouvait pas douter de sa dévotion à la martyre d’Alexandrie : on le laissa alors entrer au monastère.

Au temps où saint Thomas d’Aquin, par  son enseignement, fondait la célébrité de l’Université  de Paris, sainte Catherine d’Alexandre en était la patronne céleste de tous ses étudiants et de ses professeurs.

Saint Jean Paul II dans l’encyclique « La Foi et le Raison »  nous a invité à mettre les lumières de notre raison au service  de celles de la foi et de celles des dons du Saint Esprit.

Que sainte Catherine d’Alexandre nous stimule, elle qui, trainée devant les tribunaux, sut si bien rendre,  avec la force l’Esprit, un éclatant témoignage au Christ, en donnant, comme la pauvre veuve  de l’évangile tout ce qui faisait sa vie. Amen

Fr Jean- Marie Mérigoux