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[ARMÉNIE] Le témoignage de Jean : "Je réalise petit à petit que j'ai vécu une expérience extraordinaire."

Jean, 22 ans, étudiant à Navale, est allé aider les sœurs arméniennes de l’Immaculée Conception cet été, il rentre transformé par cette expérience.


Je suis rentré d’Arménie le week-end dernier. Le retour à la vie « normale » à été un choc mais je réalise petit à petit que j’ai vécu une expérience extraordinaire. Comme prévu je vous envoie le récit de cette aventure et quelques photos.

J’ai atterri à Yerevan dans la nuit du 26 au 27 juillet. […] Le calme des Arméniens et la grande flexibilité de leurs horaires m’ont très vite frappé. L’anticipation et la planification ne semblent pas être très à la mode. Cela me va, je suis content de me laisser porter.

Arrivé au camp, je m’installe dans ma chambre puis je découvre au déjeuner toute la tribu accueillie par les sœurs. Les enfants sont joyeux, un peu agités mais d’une discipline impressionnante dès qu’on leur demande de se mettre en rang pour se rendre au réfectoire, dans la cour, dans la chapelle ou en salle de classe. Dès que la clochette des sœurs sonne, le brouhaha cesse dans le réfectoire et tous se lèvent pour réciter en cœur la prière.

Les enfants sont vêtus d’habits neufs de marques occidentales, certains ont des maillots du PSG, des casquettes New York. Je suis étonné, leurs tenues ne sont pas tellement différentes de celles des jeunes des lycées parisiens, je me demande si ces enfants sont vraiment dans la situation précaire qu’on m’a dépeinte. Ce n’est que bien plus tard que je découvrirai l’immense garde-robe tenue par les sœurs, remplie des dons de vêtements qu’elles reçoivent régulièrement. Au début du camp, les enfants peuvent choisir leurs habits parmi un large choix d’articles. Je n’ai pas assisté à ce moment mais j’ai entendu dire que c’est une grande joie pour eux.

J’apprendrai aussi que ces enfants viennent pour beaucoup de villages à la frontière avec le Haut Karabagh, région qui a connu 44 jours de conflits de septembre à novembre dernier, avec un bilan d’au moins 3400 morts arméniens. Ils ont l’habitude d’entendre les bombes exploser, certains ont perdu des proches, certains sont orphelins, et il arrive souvent que le père abandonne le domicile familial pour chercher une meilleure situation à l’étranger. Les sœurs visitent les villages et rencontrent les familles pour déterminer celles qui ont le plus besoin de leur aide car la demande est très grande !

Malgré tout, on ne se rend presque pas compte que ces enfants ont vécu des expériences aussi difficiles. Ils sont très joueurs, plein d’énergie, et les occuper n’est pas une mince affaire. Parfois turbulents, ils savent faire preuve d’une grande discipline et semblent posséder un sens moral très impressionnant pour leur âge. Ils comprennent très vite lorsqu’on les rappelle à l’ordre et les querelles parfois vives se calment aussi très rapidement. Si certains sont vraiment agités, ils semblent toutefois beaucoup plus mâtures et maîtres d’eux-mêmes que les enfants occidentaux. Ils sont plus forts, plus endurcis.

Une journée classique au camp de Tsaghkadzor commence par la prière à la chapelle, suivie du lever des couleurs pendant lequel les enfants chantent l’hymne national. S’ensuit un peu de marche au pas au rythme de la musique puis une séance de gymnastique matinale. On prend ensuite le petit-déjeuner au réfectoire avant d’entamer les cours jusqu’au déjeuner. Je donnais les cours de français avec un ou deux autres volontaires français. Nous étions aidés par une traductrice qui parlait arménien et anglais. Cela nous forçait à redoubler d’imagination et à gesticuler pour faire comprendre les expressions françaises aux enfants.

Nos cours étaient très ludiques car les enfants étaient en vacances et n’avaient pas envie de revivre l’école pendant leur été. Nous nous efforcions de les divertir et de les faire rire en leur apprenant quelques rudiments de français.[…] La sieste permet ensuite de se reposer un peu avant d’aller jouer dehors jusqu’au dîner. Les animateurs arméniens organisaient des tournois entre les enfants sur le thème de Fort Boyard ou des Jeux Olympiques, au cours desquels ils devaient faire preuve d’adresse et de rapidité pour remporter la victoire. Ces activités réjouissaient les enfants qui se transformaient tantôt en supporters enthousiastes, tantôt en compétiteurs acharnés. Tout se terminait en applaudissement général et en danse au milieu de la cour. Après le dîner, la journée s’achevait par une veillée animée par les animateurs et les enfants suivie d’une prière et d’un chapelet pour ceux qui le souhaitaient.

Les sœurs m’ont assuré que les enfants rentraient chez eux transformés. Je n’ai aucun doute là-dessus tant les efforts qu’elles faisaient pour leur faire vivre une parenthèse unique dans leur vie sont admirables.

À la fin du camp, beaucoup d’enfants sont baptisés. En effet, bien que l’Arménie soit quasiment entièrement chrétienne (environ 95% de Chrétiens), organiser un baptême représente un budget important que ne peuvent se permettre leurs familles. Ces baptêmes sont un moment très émouvant. Quand les jeunes baptisés rentrent pour le déjeuner, ils sont applaudis par tous et un gros gâteau est partagé pour fêter l’événement.

Moi aussi j’ai été un peu transformé par ce voyage. J’ai été très satisfait de cette mission. Je voulais donner de mon temps pour les autres et prendre un moment de réflexion pour faire le point. Passer du temps avec les enfants m’a apporté de la joie et m’a également appris à mieux me connaître. Leur joie malgré les expériences très dures qu’ils vivent m’a donné une véritable leçon de lâcher prise et d’humilité. Les moments de recueillement au cours des prières, messes et chapelets m’ont également fait beaucoup de bien. Forcément, le retour en France m’a offert un sacré contraste, mais je me sens renforcé par cette expérience.

Bonne rentrée à tous !

Je vous embrasse chaleureusement.

Jean