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Compte rendu des voyages en Égypte et Éthiopie du Responsable du Pôle Jeunes à l’Œuvre d’Orient

MISSION DE RENCONTRE AVEC LES VOLONTAIRES DE L’ŒUVRE D’ORIENT

 

Choisir de partir en mission de longue durée suppose pour ces jeunes volontaires une part d’abandon de soi, de ses préjugés, de coupure d’avec les siens restés en France, sans trop savoir dans quel pays, quelle communauté, et quel rôle exact on va vous assigner. Et de fait, c’est bien rarement dans ce qu’on avait imaginé que le Pôle Jeunes de l’Œuvre vous envoie, même s’il a tenu le plus grand compte des aspirations, des compétences pour les faire coïncider au mieux avec les besoins locaux. Passé le petit choc culturel, le dépaysement, il faut commencer sa mission et passer sur les petits inconvénients qui ne manquent pas de rendre difficiles les premiers temps : une culture, un confort, un rôle, une nutrition, une communauté à découvrir, …

 

C’est précisément pour cela que les responsables du Pôle Jeunes doivent aller les visiter et entendre les remarques diverses qui émaillent la vie quotidienne. Prenant donc mon bâton de pèlerin, après la Terre Sainte, je suis allé à la rencontre de ceux qui servent en Ethiopie – quatre volontaires- et en Egypte -onze volontaires. C’est une immense joie de rencontrer des jeunes, heureux de leur mission, insérés dans des communautés dans leurs diversité et donc pour moi, recevoir un accueil digne de princes, témoin de la qualité de ceux dont ils bénéficient. Alors, bien sûr, ces remerciements s’accompagnent de demandes de renouvellement des postes et surtout des communautés voisines qui en veulent, elles aussi, tant elles apprécient la qualité de ceux qu’elles n’ont pas.

 

Et là, il faut se creuser la tête pour établir des priorités, imaginer les profils et surtout implorer le Saint Esprit d’appeler des candidats de valeurs en grand nombre, tant il y a de demandes. Comment faire pour renouveler les postes des quatre volontaires, Gabriel et Emmanuel, Paul et Aymeric, qui conduisent des projets de construction de paroisses pour les paroisses, voire achèvent celle d’une cathédrale dans un diocèse reculé d’Ethiopie. Mais aussi pour trouver ceux qui pourraient y aider une maternité dans la forêt de Bonga, planifier la plantation de caféiers, conseiller un atelier de couture ou encadrer une colonie de vacances. Car vraiment, l’extraordinaire clergé catholique et les religieuses d’Ethiopie soulèvent chaque jour des montagnes : ce sont eux et elles, si minoritaires, qui créent et animent des écoles, des dispensaires, des maternités, des ateliers, tout en faisant la promotion de la femme, la défense de l’environnement, l’accueil des réfugiés et le maintien d’une pratique religieuse si fervente dans ce magnifique pays.

 

Comment faire aussi pour prolonger l’action incroyable des volontaires d’Egypte où le défi principal est l’éducation, et la santé. Nos onze volontaires ne changeront pas le pays. Ils donneront des catholiques français une image tellement positive auprès des élèves qu’ils enseignent qu’il faut les remplacer l’an prochain : oui, Apolline-Marie, Tiphaine, Augustin, Anaëlle, Bénédicte, Claire, Isaure, Marguerite ou Baudouin, vous transformez à votre échelle les élèves à qui vous enseignez le « français oral de France » après que les enseignants locaux aient abordé l’écrit. Car plus de 170.000 élèves égyptiens sont entièrement formés en français et avec les valeurs que cela porte, grâce à toutes les admirables congrégations qui ont bâti et dirigent de splendides écoles. Là, ce n’est pas seulement la langue de Molière qui est enseignée et pratiquée, c’est l’éducation, la probité, le sens de la vie et du don gratuit, la construction de la personne que représente le volontariat. Ce sont des thèmes sur lesquels on fait réfléchir, sans distinction de religion, de milieu social et de ségrégation :  là, les jeunes musulmans, catholiques ou coptes orthodoxes se respectent, travaillent et vivent ensemble quand d’autres ailleurs rivalisent, voire s’affrontent au nom de Dieu. Mais au-delà du témoignage de proximité avec ces communautés catholiques orientales, c’est la vraie transformation intérieure que ces mois de service provoque dans l’esprit et la foi de ces volontaires. Comment, lorsque vous avez signé, enseigné, aimé, ou côtoyé enfants et communautés religieuses qui changent le monde tous les jours, pourriez-vous revenir dans l’état de départ.  S’ils ne savaient pas trop ce qu’ils trouveraient dans la mission que le Pôle Jeunes allait leur imposer, loin de « leurs canapés », comme le disait le Pape et de leurs zones de confort, à coup sûr, ils rentrent avec ce qu’ils n’osaient espérer : une foi plus profonde et souvent plus proche des communautés orientales que les apôtres eux-mêmes avaient fondées.

 

Pour ma part le témoignage de nos volontaires et celui des communautés d’accueil laisse un goût de profonde admiration tant pour les volontaires que pour les communauté et d’absolu, tant il est riche de sens et touche l’âme de celui qui les a envoyés pour les uns et aidés pour les autres.

 

Elle est encore belle notre jeunesse chrétienne !

 

 

Philippe ALQUIER

Responsable du Pôle Jeunes