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Concours de critiques du Prix littéraire de l'Œuvre d'Orient : nous avons un gagnant !

PREMIER PRIX

Claire Burkel, pour sa critique sur le livre du père Ziad Hilal dans Homs, l’espérance obstinée. Comme elle le dit si bien,

« ce témoignage est fort car il ne s’arrête pas à l’épreuve, aux difficultés, aux souffrances et à la mort, mais il met en lumière toute ressource humaine et spirituelle qui maintient debout. […] Le Père Hilal invite discrètement son lecteur à interroger sa propre foi, sa relation à toute personne blessée et dans le besoin, sa capacité à accueillir les souffrances d’autrui. »

 

« Une seule préoccupation pour Ziad Hilal durant ces 6 années de guerre que subissent la ville de Homs et toute la Syrie, le souci des personnes : des membres de sa communauté jésuite, des sœurs et frères avec qui il partage ce quotidien de terreur, des paroissiens dont le nombre diminue dramatiquement soit par exil, soit par disparition, des familles musulmanes et chrétiennes accueillies, épuisées et manquant de tout, des enfants parfois joueurs, parfois profondément déprimés dans le désœuvrement et la perte de leur insouciance, des handicapés parmi les plus fragiles qui lui sont confiés. Avec simplicité et spontanéité il laisse transparaître son amour pour ses frères et amis. Il se réjouit de tout geste d’amitié, de pardon, de pacification des cœurs, de générosité dans un grand oubli de soi.

Pour réconforter les endeuillés il puise dans la Parole de Dieu ce qui va apaiser, réconcilier, permettre de dépasser la peur pour soi, l’angoisse devant l’inconnu et la perte des repères. L’évangile est travaillé chaque jour pour redonner joie, désir de vivre et de reconstruire, défaire les nœuds de haines. Quelle ingéniosité dans la prédication ! Quelle endurance, alors que pleuvent les bombes, pour nourrir, loger, mettre à l’abri, éduquer, distraire, et envisager l’après ! Ce témoignage est fort car il ne s’arrête pas à l’épreuve, aux difficultés, aux souffrances et à la mort, mais il met en lumière toute ressource humaine et spirituelle qui maintient debout.

De solides fondements lui sont acquis : la spiritualité et le réseau jésuites, les petites communautés de religieuses dont le dévouement est sans limite, la connaissance du terrain, non pas celui des quartiers qui sont bouleversés par les massacres et les destructions, mais celui du cœur de l’homme, et la foi indéfectible dans l’amour de Dieu pour toute sa création. Lui n’est jamais loin, il n’a pas délaissé son peuple.

Le Père Hilal invite discrètement son lecteur à interroger sa propre foi, sa relation à toute personne blessée et dans le besoin, sa capacité à accueillir les souffrances d’autrui. Du pays de Shams nous vient une force d’éveil, aurore de résurrection.« 

 

DEUXIEME PRIX

Bruno Blanchy, toujours sur le témoignage du Père Ziad Hilal dans la Syrie en guerre.

« Une foi réelle anime les membres de la communauté et des congrégations voisines. Elle n’empêche pas la peur qui les prend d’une façon tenace durant les longues heures de bombardement intense mais elle permet de garder l’espoir, un espoir insensé, qui à l’évidence puise sa source dans l’Espérance chrétienne. »

« Une balle perdue, arrêtée par un radiateur rapproché de son lit à cause d’une forte fièvre, nous met dans l’ambiance dès le premier chapitre. Cette balle détournée, Ziad Hilal, prêtre d’une communauté de quatre jésuites située dans le centre historique d’Homs, troisième ville de Syrie après Damas et Alep, la transforme en prière. Ce qu’il annonce ainsi avec un humour sous-tendu par la grâce, c’est une plongée progressive dans un univers où l’angoisse et la peur, la mort, sont contre-balancées par la solidarité outrepassant le cloisonnement des confessions. Une mosaïque ; alaouites, chiites, sunnites et les différentes confessions chrétiennes ont tissés des liens avant le conflit dévastateur, vivant alors dans une harmonie que la guerre a fait voler en éclats.

Ziad, cinquième d’une fratrie de neuf enfants, né au sud de Damas, a perdu ses parents très tôt. Elevé au petit séminaire par les pères Paulistes melkites, il fait des études d’économie à Damas, entre à la Compagnie de Jésus et fait à Paris des études de théologie et de philosophie. Après avoir enseigné la catéchèse en Haute-Egypte il est nommé à Homs où les jésuites sont implantés de longue date. Avec le père Frans, supérieur de la communauté et ses trois autres membres, il assure la pastorale et la catéchèse au centre de la vieille ville et en relation avec les soeurs de la congrégation des Saints Coeurs de Jésus et de Marie qui font rayonner la présence chrétienne dans la banlieue sud, au centre Saint Sauveur d’Al-Nouzha. Avec la restauration des deux maisons principales, de deux centres pastoraux, de deux églises, il supervise aussi le centre agricole dAl-Red au sud de Homs, doté d’une école et d’un centre d’accueil pour famille et pour handicapés mentaux.

Le printemps arabe de 2011 est le déclencheur, en Syrie, d’un déferlement de haine et de violence qui atteint son paroxysme entre 2012 et 2014. Animé par une foi vivante, qu’il partage avec les autres membres de sa communautés, les religieuses et quelques paroissiens, Ziad nous entraîne dans sa mission qu’il accomplit au péril de sa vie. Afin de maintenir une présence chrétienne dans les différents centres, il se livre à un véritable jeu avec la mort, circulant à vélo ou dans une vieille skoda blanche selon des itinéraires étudiés avec soin. Pris pour cible ou arrêté, les liens tissés auparavant lui permettent d’en réchapper. L’Hospitalité est réelle à Homs. Un musulman sunnite le reconnaît, l’ abrite une nuit durant avec les religieuses qui l’accompagnent. Un tel épisode se répète plusieurs fois et plus tard des belligérants lui permettent de poursuivre sa route en zone interdite.

Face à la violence et la  haine déferlant sur tous les quartiers, Ziad s’abstient de prendre parti ; il constate que Satan est le seul vainqueur. Dans leur communauté, le père jésuite italien Paolo, animé par un désir d’engagement total suivra un autre parcours en s’engageant politiquement au plus près des belligérants. Un très belle âme qui le conduira à disparaître à Raqqua lors d’un contact pris avec Daech, laissant la communauté sans nouvelles depuis.

Une foi réelle anime les membres de la communauté et des congrégations voisines. Elle n’empêche pas la peur qui les prend d’une façon tenace durant les longues heures de bombardement intense mais elle permet de garder l’espoir, un espoir insensé, qui à l’évidence puise sa source dans l’Espérance chrétienne.

Le père  supérieur Frans, un Saint homme selon tous ceux qui l’ont côtoyé, est animé de cette foi chrétienne qui inspire confiance à tous. Un épisode incroyable en témoigne. Des musulmans lui ont confié, à lui Jésuite d’origine néerlandaise, qui lit le Coran, des archives de la plus haute importance pour les musulmans et le monde arabe, issus du Trésor de la grande mosquée de la ville, documents ayant appartenu au chef Khalid ibn al-Walid, compagnon de Mahomet, mort à Homs en 642.

Un peu plus tard, le père Frans sera cependant traîtreusement abattu par un individu masqué venu  le voir.

Ziad décrit une Syrie dans le chaos, son pays qu’il aime profondément, où l’humanité n’a pas complètement disparu, nous donnant l’Espérance en titre de son livre.« 

TROISIEME PRIX

Jérôme Dartiguenave, qui a choisi de mettre en avant l’histoire extraordinaire de l’Église gréco-catholique d’Ukraine sous le régime communiste, remarquablement documentée dans Persécutés pour la vérité. Les gréco-catholiques ukrainiens derrière le rideau de fer. Comme le dit Mgr Gudziak dans sa préface :

« Les membres de l’Église des Catacombes appartiennent à ceux qui, au XXe siècle, ont été capables de répondre à la question brûlante qui se posait alors à l’humanité : « Comment persévérer, rester humain et fidèle à Dieu malgré une idéologie destructrice et un régime totalitaire brutal ? »

« Magnifique témoignage de l’héroïsme de l’Église gréco-catholique ukrainienne qui comportait 4 millions de croyants et 3000 prêtres avant la Seconde Guerre mondiale, 20 000 croyants et 300 prêtres au cœur de la persécution communiste, 5 millions de croyants, 4000 prêtres dont l’’âge moyen est de 40 ans et 800 séminaristes aujourd’hui.

Comme le dit si bien Mgr Gudziak dans sa remarquable préface : « L’histoire de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne clandestine est une histoire du salut, dont la compréhension aide à résoudre les problèmes aigus d’aujourd’hui et pas uniquement en Ukraine. Parmi ceux-ci figurent la persécution des chrétiens au Moyen-Orient et en Afrique et les défis que l’Eglise rencontre en Europe. (…) L’improbabilité de l’histoire stimule l’espoir; d’autant plus qu’elle ne fut pas le résultat de stratégies et de plans, mais était plutôt une histoire de principes, de sacrifices et surtout de grâces. (…) Dans les temps de paix, lorsqu’il n’y a pas de persécutions, l’homme ne prête évidemment pas attention au fait que la foi et l’Eglise sont un grand trésor ni à l’immense valeur de cette richesse spirituelle, de ce bien que l’Eglise donne à tout homme. » »

 

Bravo à tous les participants !