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Conférence Internationale : intervention de SB Sako, Patriarche des chaldéens

La violence qui secoue l’Irak et le Moyen Orient est un choc. Un choc pour nos pays mais aussi un traumatisme pour le monde entier.  L’humanité ne peut pas se contenter de regarder.

SB Sako, Patriarche des chaldéens, a prononcé ce discours mardi 8 septembre lors de la conférence internationale

  1. Une citoyenneté incarnée politiquement.

Pour stopper cette idéologie djihadiste avec toute sa brutalité, il faut réaliser une réconciliation politique en Irak et en Syrie basée sur la citoyenneté. La paix implique une réforme de la Constitution afin d’inclure toutes les composantes de la société civile, sans logique tribale ni sectaire. Pour cela il faut que tous les citoyens soient égaux et que les discriminations communautaires, spécialement au sein des administrations, soient interdites. Seule la compétence de chacun doit entrer en jeu.

C’est dans ces conditions que nos pays resteront unis ! Cette citoyenneté concrète implique une séparation de la religion et de l’Etat. Vivre ensemble nécessite aussi que justice soit faite. Une liste claire de ceux qui ont commis des crimes contre l’humanité doit être établie et les coupables doivent être jugés. Aujourd’hui l’idéologie djihadiste est portée par des hommes en armes, qui déstabilisent la région. C’est pourquoi une initiative internationale en faveur de la stabilité de nos pays doit être mise en œuvre. Pour casser les djihadistes, une intervention militaire au sol ne doit pas être exclue.

 

 2- Pour une Charte des manuels d’éducation religieuse.

La situation actuelle en Irak et en Syrie, nos pays détruits, nos concitoyens tués et dispersés, tout cela doit provoquer un choc des consciences. Pour bâtir la paix de demain, une Charte des manuels d’éducation religieuse est indispensable. Ces manuels doivent favoriser l’ouverture, être acceptés par tous et être applicable à tous. Les manuels d’éducation religieuse doivent traiter d’une manière positive et respectueuse des autres religions. Les programmes d’éducation actuels contiennent malheureusement des idées extrémistes qui refusent les autres religions. La religion doit être une source d’espoir qui contribue au développement vers la stabilité de la société. Elle ne doit pas diffuser la haine et la division comme c’est hélas le cas lorsqu’elle est utilisée par des intérêts communautaristes et sectaires.

 

3- La citoyenneté jusque dans l’urgence humanitaire.

Des millions de personnes vivent dans des conditions indignes, d’autres n’arrivent plus à payer leurs loyers pour loger leurs familles… Ils sont inquiets pour leur avenir et pour celui de leurs enfants. L’assistance internationale est urgente pour les familles déplacées qui vivent hors de leurs maisons, dans des camps ou sous des tentes. Elles ont besoin de logements dignes, d’aliments, de vêtements, de médicaments et d’écoles. Ces familles doivent pouvoir travailler pour garder confiance en elles : c’est aussi cela qui leur permettra de rentrer chez elles une fois leurs régions libérées.

S’engager c’est espérer. Heureusement, au cœur de cette crise humanitaire, certains irakiens ont montré que cette citoyenneté commune était possible. Je pense à ces musulmans qui sont venus en aide aux chrétiens réfugiés, à ces sunnites qui ont sauvé des chiites, à ces chiites qui ont sauvé chrétiens et sunnites. Mais aussi je pense aux turcs qui ont accueilli des millions de réfugiés de toute sorte dans le Kurdistan, je pense à ce musulman âgé qui est venu me voir pour aider les chrétiens déplacés  en reconnaissance des études qu’il avait faite dans leurs écoles religieuses.

Ce sont ces hommes et ces femmes l’avenir et l’espoir du Moyen-Orient.

Chrétiens, Musulmans, Juifs, Yézidis,…,  tous ensemble doivent s’engager à préparer un avenir meilleur. Il ne doit pas être réduit à une appartenance ethnique ou religieuse.

Donc la paix est possible mais il faut la construire tous ensemble.