• Actualités

[ÉGYPTE] Le témoignage d'Anna : " Ce pays a tant à offrir que ce soit culturellement ou humainement ! "

Découvrez le témoignage de notre volontaire Anna, en mission à Abu Korkas en en Haute-Egypte pendant 3 mois.


Ma mission 

Ma Mission vient de s’achever et j’ai encore du mal à réaliser tout ce qu’il s’est passé cet été. Ces 2 mois auront été riches en découvertes, rencontres et expériences !

Quelques semaines avant mon départ, je recevais un mail de l’Œuvre d’Orient, m’annonçant ma mission. Je partirai 2 mois à Abou Korkas, petite ville de Haute-Egypte, accompagnée d’Eugénie une autre volontaire, pour donner des cours de français dans une école appartenant à la Communauté du Sacré-Coeur. Ne connaissant que très peu de choses de ce pays, l’arrivée fut très dépaysante et les premiers jours riches en surprises ! Dans ce village, les ânes font partie du quotidien et les voitures se font rares.  Dans la rue, défilent sous nos yeux les charrettes et les motos transportant des familles entières. Les enfants jouent seuls dehors dès le plus jeune âge. Les animaux vivent dans les maisons et souvent il n’y a pas de séparation entre les pièces à vivre et le poulailler. Les hommes se retrouvent autour d’un café et d’une chicha pour jouer aux dominos. Le matin, on voit passer les femmes portant les traditionnels pains plats sur leur tête. J’ai eu la sensation d’être plongée dans une autre époque durant ces 2 mois !

La communauté du Sacré-Coeur est une congrégation religieuse implantée dans de nombreux pays. L’objectif de cette communauté est de faire manifester l’amour du Cœur de Jésus à travers l’éducation.  Les sœurs sont ainsi directement intégrées dans les équipes éducatives des différentes écoles. La fondatrice, Sainte Madeleine-Sophie, étant française, cette langue est obligatoirement enseignée à l’école. Notre rôle durant ces 2 mois fut donc de renforcer le niveau de français, dans l’école d’Abou Korkas. Au mois de juin, en donnant des cours de renforcement pour les élèves devant repasser leurs examens. Mais aussi en améliorant le niveau des professeurs de français. Leur vocabulaire très faible ne leur permettait pas de tenir une conversation. L’organisation du mois de juillet était très différente. L’année scolaire terminée pouvait laisser place aux Clubs d’été. Pendant 1 mois, une cinquantaine d’enfants de 7 à 14 ans venaient chaque matin à l’école et alternaient entre activités sportives, artistiques, cours de musique et cours de français. Tous les jours, 3 groupes avec des niveaux très différents se succédaient pour apprendre les bases de notre langue. Sachant que ces enfants étaient en vacances, nous avons essayé de trouver des stratagèmes pour qu’ils apprennent du vocabulaire tout en s’amusant. Pendant l’été en Égypte, la vie s’arrête entre 14h et 18h à cause de la chaleur écrasante. Nos après-midis libres nous permettaient d’inventer de nouveaux jeux, de créer des affiches, d’apprendre de nouvelles chansons… Mais aussi d’écrire une pièce de théâtre sur la vie de Madeleine-Sophie. C’était le souhait des sœurs et ce ne fut pas la tâche la plus simple à réaliser, aux vues du niveau de français des enfants ! Le soir, nous donnions 2 fois par semaine des cours à des professeurs souhaitant apprendre le français. En effet, de nombreux égyptiens ont un membre de leur famille qui est parti vivre en France dans l’espoir de pouvoir vivre librement sa Foi.  A la fin de ces 2 mois, lors de la Kermesse, nous avons pu nous rendre compte des progrès qu’avaient fait nos élèves. Ils ont pu présenter aux professeurs et aux sœurs des chants et bien-sûr la pièce de théâtre ! J’avoue qu’il m’a fallu du temps pour comprendre le sens de ma mission, est-ce nécessaire pour les Égyptiens d’apprendre le français ? N’y a-t-il pas des missions plus utiles ? De nombreuses questions qui peuvent avoir une réponse uniquement lorsque l’on s’intéresse à la condition des coptes en Egypte.

 

En effet, avant de me rendre dans ce pays, je n’avais pas conscience de ce à quoi pouvait ressembler le quotidien des chrétiens dans un pays majoritairement musulman, où les traditions islamiques dictent la vie de tous ses habitants. Venant d’un pays laïque, il est difficile de comprendre la place primordiale que prend la religion sans avoir pris le temps d’échanger avec des Égyptiens. Dans ce pays, où la religion est marquée sur la carte d’identité, les édifices religieux font partie du paysage et les prières rythment le quotidien des habitants. Vivre au sein d’une communauté religieuse a été l’occasion d’échanger avec les sœurs, pour mieux comprendre le quotidien des chrétiens dans le pays. Leurs témoignages et leurs expériences permettent de se rendre compte de cette dure réalité. La visite de la Cathédrale d’AL-Our, construite en mémoire des martyrs de Libye (où 20 coptes égyptiens et un ghanéens ont été décapités par Daesh le 15 février 2015, à cause de leur Foi) m’a bouleversée. Malgré ce quotidien difficile, leur Foi reste très puissante. Nous avons eu la chance de participer à des cours de catéchisme. Les enfants se retrouvent par centaine et des adultes très motivés leur transmettent la foi chrétienne, par des jeux, des danses… Nous avons pu également assister à un temps de prières et d’échanges proposé pour les adolescents. C’était très intéressant d’entendre les questions qu’ils avaient. Certaines étaient des questions que se posent généralement les jeunes de leur âge quant à la Foi, peu importe le pays. Alors que d’autres étaient vraiment liées aux coutumes et traditions de l’Egypte, comme les relations filles/garçons ou encore les musiques qu’ils écoutent, avec des paroles opposées à leurs manières de vivre.  Après ces nombreuses découvertes, j’ai pris conscience que le rôle de ma mission était tout simplement de montrer mon soutien pour les communautés chrétiennes du Moyen-Orient, et pour notre part cela passait par des cours de français. L’apprentissage de cette langue leur permettra peut-être de se démarquer et d’accéder à certaines études (médecine, école d’ingénieurs…). Ainsi, ma Mission ne s’est pas arrêtée en quittant le pays mais doit se poursuivre en France en témoignant de ce que j’ai pu voir et vivre.

 

Il y a eu également des moments plus difficiles, qui sont inévitables lorsque l’on quitte sa zone de confort. Mais avec du recul, j’ai pris conscience que ces moments plus compliqués m’ont permis de profiter pleinement de nos quelques sorties et de nos temps de partage avec les professeurs ou bien les ouvriers de l’école. L’accueil des Égyptiens, malgré leurs conditions de vie très simples et leurs grands sourires dans toutes les situations, remettent en cause notre manière de nous comporter. Les invitations aux mariages, nous ont permis de découvrir des traditions bien différentes de celles de chez nous. Découvrir un pays c’est aussi s’imprégner de sa culture.  Malgré la barrière de la langue, le partage d’une même Foi est un moyen d’échanger. En effet, nos quelques mots d’arabe ne nous ont pas empêché de partager des moments de joie que je ne risque pas d’oublier. Bien que les jeunes croient de moins en moins en Dieu, l’appartenance à une religion étant obligatoire, des valeurs essentielles telles que le sens de la famille ou le respect continuent d’être transmises. Nous avons eu également la chance de découvrir ce magnifique pays et sa civilisation fascinante. Nous avons pu nous rendre sur les traces des Pharaons, que ce soit à Louxor où au Caire. Les paysages égyptiens sont splendides : entre désert aride et végétation luxuriante aux bords du Nil. Dans ce pays où tout semble s’opposer entre l’authenticité de la campagne très peu développée et la modernité des villes construites dans le désert. Il y a de nombreuses choses à découvrir en dehors des lieux touristiques.  Ce pays a tant à offrir que ce soit culturellement ou humainement !

 

J’aurais encore pleins d’anecdotes à raconter, entre la sortie piscine en vêtements avec les enfants, les mariages, la nourriture, nos stratagèmes pour échapper à la police, l’interdiction de sortir de l’enceinte de l’école…autant d’expériences qui ne peuvent être racontées dans un simple rapport de mission. Ce qui est certain c’est que cette expérience fut extrêmement enrichissante sur le plan culturel, personnel et spirituel. Je ne pensais pas vivre autant de choses en si peu de temps ! Je ne suis pas prête d’oublier tous ces beaux moments de partage et ces sourires !

 

Anna Audinet