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[EGYPTE] Le témoignage de Bernard : "celui qui appelle Paris « Ville-Lumière » n’a pas vu Alexandrie de nuit."

Chers amis, chers proches, voici désormais arrivée la Newsletter. Un condensé de petites nouvelles en direct du Caire, au travers desquelles je pourrais vous décrire le quotidien au sein de la mission, mais aussi de la ville et plus largement, je l’espère, du pays. De quoi donner à vos yeux et je l’espère à votre imagination, un aperçu de cette ville dont les nombreuses surprises ne cesseront d’émerveiller.


Petit récit d’aventures :

1 000 kilomètres par heure, Azimut 115°, 11 kilomètres d’altitude sur 3 210 kilomètres … Après deux longues semaines de patience, de tests covid à répétition, de réservation de billets, d’annulation de billets, j’étais dans le coucou qui devait m’emmener dans la ville millénaire. Il aura bien fallu ce temps pour que la mission se laisse désirer : Il disait quoi Jean déjà ? « Patience et longueur de temps … » ? Un truc comme ça. Et finalement, après 4 heures d’un voyage qui semblait finalement bien court, nous survolions la côte égyptienne. Je le dis désormais, celui qui appelle Paris « Ville-Lumière » n’a pas vu Alexandrie de nuit.

Une descente en douceur, un atterrissage brutal sur le sol cairote, une course dans les couloirs d’un aéroport à faire pâlir un agoraphobe, un coup de chaud et une confrontation à la douane égyptienne plus tard, visa touristique et premières livres égyptiennes en main, je me retrouvais à la sortie de l’aéroport. Prochaine étape, s’extirper de la cohue des taxis pour rejoindre le chauffeur envoyé par le Collège de La Salle. Difficile de se confronter sereinement à leur désir de faire du client quand on ne parle pas la langue : « Patience et longueur de temps… » Difficile de ne pas tourner de l’œil dans une voiture lancée à toute berzingue sur un périphérique où se croisent sherut, carioles et autobus, où le klaxon est un moyen de dialogue et où les conducteurs rivalisent de proximité entre carrosseries au moment de se dépasser. « Patience et longueur de temps … ». Encore quelque chose à apprivoiser : Traverser la rue dans une ville totalement dénuée de passages piétons, s’élancer et forcer le passage, confiant en ce que les automobilistes seront attentifs. « Patience et longueur de temps … ».

Me voilà enfin arrivé au collège … Et quel luxe ! Chambre privée avec salle de bain et climatisation, salon et cuisine commune, chapelle, femme de ménage, cuisiniers, … S’il s’agissait de découvrir la misère, ça attendra de revenir en France ! Et pourtant celle-ci continue de se pointer aux portes de l’établissement. Une fois passé ce portail, on trouve un quartier sans trottoir, où les nids de poule sont la norme, où les carcasses de voiture jonchent la chaussée, où les cireurs de chaussure ont douze ans, où une foule de chats et chiens errants jonchent les tas d’ordures. Une ambiance  joyeuse, finalement accueillante, où  les « Faransi » sont un spectacle au moment où ils descendent dans les cafés pour des parties de Backgammon arrosées d’un bon thé. Le voilà l’enthousiasme que suscite l’Européen, souvent par simple amusement, parfois par intérêt : Aux pyramides de Gizeh, cela relève parfois du harcèlement, et il faut jouer des coudes pour pouvoir leurs faire face.

 

Deux semaines de totale découverte : Visite du quartier copte, premier passage aux Pyramides, premier restaurant traditionnel, premiers cours d’arabe, premier contact avec les professeurs, découverte des projets de scoutisme, … Difficile de se sentir prêt à interagir aux besoins quand on commence tout juste à apprendre la langue. Difficile de sortir d’un cercle francophone si important, d’une zone de confort pour un étranger dont les repères ont été bousculés, même en tissant des amitiés locales. La rentrée arrive sous peu, les visites s’amenuisent, tout est fait, tout est à faire : « Patience et longueur de temps … ».

La pépite : Le backgammon

Alors que nous nous baladions dans les rues avec Baudouin, un autre enseignant ayant tenté l’aventure pour apprendre la langue arabe, nous découvrions d’étranges plateaux, sur lesquels les tontons jettent des dés et bougent des pions de dame. Le plateau nous était connu, c’était celui du backgammon, que l’on trouve souvent dans l’intérieur des boites de jeu de dame. La règle est simple : On fait avancer les pions du nombre de case avancé par les dés, et le but est d’être le premier à avoir fait faire le tour du plateau à tous ceux de sa couleur.  Une règle simple, connue de beaucoup. Mais aurions-nous soupçonné à quel point ce jeu pouvait être une telle institution ? Chaque bar, chaque café dispose d’un ou deux jeux en libre- service. Il ne nous en fallut pas plus pour nous convaincre d’apprendre les règles ! Et ni une ni deux, nous voilà, chacun des soirs sans programme particulier, à descendre après la messe dans le café du coin, pour commander un thé et lancer quelques parties, au grand plaisir des tontons, des habitués, qui nous regardent faire et commentent le jeu sans que l’on puisse distinguer le bon du mauvais. Le perdant paie le thé, il est 20h, il ne nous reste plus qu’à remonter jusqu’au collège pour le dîner.

 

Vos mains tendues

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« L’Egypte l’eut pris pour le dieu de ce temple, le Moyen-Âge l’en croyait le démon, il en était l’âme. »

Victor Hugo