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Éthiopie : Mgr Souraphiel, Premier cardinal de l’Église éthiopienne

Âgé de 66 ans, le nouveau cardinal est le chef de l’Église éthiopienne catholique suis juris. Il est également président de la Conférence épiscopale d’Éthiopie et d’Érythrée. Ordonné prêtre en 1976, il a été consacré évêque en 1998 puis nommé archevêque d’Addis Abeba en 1999. Consulteur de la Congrégation pour les Églises orientales, il a participé au synode des évêques sur l’Eucharistie (2005), sur la Parole de Dieu (2008) et sur la famille (2014).

 

Lors du synode de 2009 sur l’Église en Afrique, il dénonçait le trafic des êtres humains :  « de nombreux Éthiopiens catholiques cherchent en effet à fuir la misère et sont emmenés par des trafiquants sur des embarcations de fortune en Méditerranée où beaucoup perdent la vie », et appelait à « des positions et propositions concrètes afin de montrer au monde que les vies africaines sont sacrées et non pas bon marché, telles qu’elles sont présentées et vues sur de nombreuses chaînes de télévision ». Il rappelait aussi l’importance du rôle de l’Union africaine (UA) dont le siège est à Addis Abeba où l’organisation a été fondée : « L’UA représente la tribune de la direction politique en Afrique. Il est utile de savoir qu’au moins 50 % de ses membres sont des membres de l’Église catholique ». Il demandait la désignation par le Saint Siège d’un représentant permanent :

 

« Ce représentant à l’UA devrait également être représentant du Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), au moins en tant qu’observateur, afin que l’Église catholique en Afrique ait une voix à l’UA et soit un encouragement pour les fidèles laïcs catholiques qui y travaillent ».

 

L’Église en Éthiopie remonte « à l’époque des apôtres, quand Philippe baptisa un eunuque… Le christianisme est devenu officiellement la religion d’État au IVe siècle. Le premier évêque, saint Frumence, a été ordonné par saint Athanase d’Alexandrie. Avec ce premier évêque, qui était syrien, l’Éthiopie est devenue officiellement un pays chrétien et le second, après l’Arménie, à avoir déclaré le christianisme comme religion d’État ». Aujourd’hui, les chrétiens constituent encore la majorité en Éthiopie : « l’Église orthodoxe représente 44 %, les protestants environ 18 %, les catholiques 1 %, et donc 62 % de la population est chrétienne », précise l’archevêque.


 

Entretien :

« Le Pape François m’a nommé cardinal mais je ne le savais pas. C’était également une grande surprise pour les autres. Travailler pour mon archidiocèse est déjà pour moi un grand travail, un grand défi. Mais travailler au niveau mondial, c’est quelque chose d’encore plus grand. Alors, j’ai prié. J’ai demandé aux fidèles de prier pour cette responsabilité pastorale. L’Éthiopie, même si c’est une petite Église, a une grande responsabilité. L’Église a de bonnes relations avec les autres Églises chrétiennes et également avec les musulmans. Cela veut dire que l’Église catholique doit continuer à être un pont entre les diverses religions, les diverses visions qu’ont les gens et aussi, entre les différents membres de la société.

 Comment vivent les chrétiens en Éthiopie ?

La population- qui dans le pays est en majorité chrétienne- prend sa foi au sérieux : la foi- disent-ils- est un don de Dieu. Et ils vivent ainsi. Ils affrontent les choses en se disant que si Dieu le veut, les choses peuvent changer. Ils ne perdent pas l’espérance. C’est pour cela qu’ils aiment la vie, depuis sa conception jusqu’à la mort. Et c’est important.

A quel point l’œuvre de l’Église est-elle importante dans votre pays, l’Éthiopie, mais aussi plus généralement, en Afrique ?

Nous pensons aux jeunes qui se rendent dans des pays arabes pour travailler comme domestiques : certains veulent venir en Europe et passent par Lampedusa…Mais là, l’Église catholique, spécialement en Éthiopie, dit : nous devons changer la situation ici. Si nous préparons la jeunesse de notre pays, nous pouvons leur offrir des opportunités et l’on peut changer la situation. Ainsi, l’Église catholique gère de nombreuses écoles, des hôpitaux et des centres sociaux et de développement. Tout cela se fait au niveau des pays de l’Afrique orientale. Dans de nombreux pays, on en fait davantage car les catholiques sont plus nombreux. Nous pensons créer une université catholique parce que l’université signifie éducation et avec l’éducation, on peut changer les choses. La jeunesse peut également créer du travail : et lorsqu’il y a du travail, nos jeunes ne doivent plus aller à l’étranger en abandonnant la richesse de leurs valeurs et également, leurs racines chrétiennes. Avec l’éducation, ils peuvent aussi juger les valeurs qui sont bonnes et celles qui perturbent la société.

Dans le cas présent, quel rôle devraient avoir les institutions pour éviter que de nombreux jeunes quittent votre terre ?

 Ils peuvent opérer de manière à créer du travail car le chômage est l’un des grands défis en Afrique. Et je crois aussi qu’avec l’éducation, nous pouvons réduire la violence, que ce soit la guerre civile ou la violence à l’encontre des femmes ou des enfants, les enfants soldats…et tout cela peut changer seulement par l’éducation.

 En octobre se tiendra le synode extraordinaire sur la famille : combien ce synode est-il important pour l’Afrique ?

Très, très important pour l’Afrique parce qu’en Afrique, tout le monde aime la famille. Maintenant, il y a de nombreux défis pour la famille, même celle africaine, spécialement dans certains pays : les hommes vont travailler dans d’autres pays, les femmes restent avec les enfants…comment fait-on ? Nous croyons que ces séparations représentent un grand problème pour la famille en Afrique. J’espère que de ce synode, pour lequel beaucoup de personnes prient, émergeront les valeurs de la famille. Nous pouvons être pauvres matériellement, mais non pas spirituellement, parce que nous avons des valeurs et celles-ci, nous devons les tenir bien fermement avec nos deux mains !

Source Radio Vatican