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La France réitère à Jérusalem la promesse de protéger les chrétiens d’Orient

Le consul général de France à Jérusalem, suivant une tradition multiséculaire, s’est engagé mardi 5 novembre à défendre les chrétiens d’Orient, aujourd’hui pris dans la tourmente des révolutions arabes, à l’occasion de son entrée solennelle au Saint-Sépulcre qui consacre sa prise de fonction.

Le diplomate français, Hervé Magro, a traversé à pied le quartier chrétien de la Vieille ville de la porte de Jaffa, où il a été accueilli par Mgr William Shomali, vicaire patriarcal latin, et le chancelier du Patriarcat, le P. Georges Ayoub, jusqu’au Saint-Sépulcre, le lieu le plus saint de la chrétienté qui abrite le tombeau de Jésus.

Précédé par deux kawas, des gardes en livrée de janissaires de l’époque ottomane portant sabre et bâton de cérémonie, le consul général, en tenue d’apparat blanche, a été accueilli à la basilique par les religieux franciscains de la Custodie de Terre sainte, qui officient depuis le XIVe siècle au Saint-Sépulcre.

« En des temps où tout semble changer dans le monde, même ici au Moyen-Orient, nous devons continuer à préserver le caractère unique de la Ville sainte en respectant les différentes identités religieuses qui la composent », notamment celle de « notre fragile communauté chrétienne », a déclaré le custode de Terre Sainte, le P. Pierbattista Pizzaballa, en recevant son hôte.

Rôle protecteur de la France

Cette cérémonie traditionnelle marque de facto la prise de fonction du consul général de France à Jérusalem qui, outre ses fonctions habituelles, cumule des fonctions politiques et religieuses. Ainsi, le consulat général a compétence territoriale non seulement sur la Ville sainte mais aussi sur les Territoires occupés par Israël depuis juin 1967, la Cisjordanie et la bande de Gaza.

En outre, il continue à assumer un rôle de protection des lieux saints et des communautés religieuses.

Lors d’un Te Deum en la basilique Sainte-Anne des Croisés, haut lieu de la présence française à Jérusalem, Hervé Magro, qui a été accueilli par Mgr Michael Fitzgerald, ancien président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux et ancien nonce en Égypte, a rappelé le « rôle unique » de la France « fidèle qu’elle a voulu être, qu’elle est et qu’elle restera aux responsabilités que l’histoire lui confère depuis cinq siècles à l’égard des Églises chrétiennes et des communautés religieuses de Terre sainte ».

Héritage des « capitulations »

« La continuité du rôle protecteur de la France n’est pas rhétorique. C’est une mémoire vive au présent. Si nous étions tentés de l’oublier, les événements qui se déroulent dans cette région, et dont les communautés chrétiennes souffrent particulièrement, nous imposent un engagement sans faille dans la mission de soutien aux chrétiens d’Orient », a-t-il souligné.

La tradition de l’entrée solennelle du consul général au Saint-Sépulcre, privilège qui n’est pas accordé aux autres diplomates laïcs, remonte aux origines des relations entre la France et les sultans ottomans.

Si la date de la première entrée est inconnue, les liens franco-ottomans datent des célèbres « capitulations » (accords) signées en 1535-1536 entre François Ier et la Sublime Porte, première alliance entre le Roi Très Chrétien et un monarque musulman. Comme cette alliance, dirigée contre l’empereur Charles Quint, n’était pas du goût des autres puissances chrétiennes, François Ier, pour se racheter, obtint de Soliman le Magnifique le droit de protéger les chrétiens de Terre sainte.

Le consul de France a promis de défendre les droits de chrétiens

C’est surtout à partir du XVIIe siècle que le royaume de France fait montre d’ambitions politico-religieuses en Orient et ce protectorat sur les populations chrétiennes sera un instrument privilégié de l’influence française dans la région. La France établit un consulat à Jérusalem sous Louis XIII. La légitimité de la France comme protectrice des lieux saints et des chrétiens repose également sur le protectorat catholique accordé par le Vatican. Elle se traduit par une panoplie de rites allant des messes consulaires (12 par an), célébrées en différents sites religieux, jusqu’à ce privilège accordé au représentant de la France d’entrer officiellement et d’être accueilli dans le Saint-Sépulcre dans les semaines qui suivent son arrivée.

Le consul de France a promis de défendre les droits de chrétiens, qui figurent selon lui parmi les « plus pauvres et les plus injustement traités de cette région ». Les chrétiens d’Orient – qui seraient entre 13 et 15 millions dans toute la région – émigrent d’Irak, de Syrie, d’Égypte et de Palestine par dizaines de milliers pour des raisons sécuritaires, politiques et économiques.

Source La Croix

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