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François dans l’avion : « Dis-moi, ton Christ, quand est-ce qu’il ressuscite ? »

Après un marathon minuté de trois jours, le Pape François, à peine monté dans l’avion, n’a pas demandé de répit. Il a accepté de répondre à toutes les questions des journalistes qui voyageaient avec lui vers Rome. 11 questions au total. Il est aussi revenu sur certains gestes posés lors de son voyage.

 

« Les gestes les plus authentiques sont ceux auxquels on ne réfléchit pas, ceux qui viennent… » Le Pape, après un voyage sous haute surveillance, n’a pas manqué de faire l’éloge de la spontanéité.

Il a continué : « J’ai pensé que je pourrai faire quelque chose, mais pas à un geste concret. Aucun de ces gestes n’a été pensé ainsi. Certaines choses comme, par exemple, l’invitation à prier aux deux présidents, on avait un peu pensé à le faire là (en Terre Sainte, ndlr), mais il y avait tellement de problèmes logistiques, tellement. Car ils doivent tenir compte du territoire, où on le fait, et ce n’est pas facile. On a pensé à une réunion, mais au final on a pensé à ce qui, j’espère, se passera bien. On n’y a pas pensé à l’avance. Je ne sais pas… il me vient à l’idée de faire quelque chose, c’est spontané, c’est ainsi. Au moins, pour dire la vérité, quelqu’un avait dit ‘là on pourrait faire quelque chose’, mais concrètement rien. Par exemple, au Yad Vashem, c’est venu ainsi. »

 

Dans une autre question, il s’est exprimé sur la question de Jérusalem : « L’Eglise catholique, disons le Vatican, a sa position du point de vue religieux : ce sera la ville de la paix des 3 religions. C’est un point de vue religieux. Les mesures concrètes pour la paix doivent sortir de la négociation. Il faut négocier. Je serais d’accord pour que, dans les négociations, on dise : cette partie sera la capitale d’un Etat, celle-la de l’autre. Mais ce sont des hypothèses. Je ne dis pas que cela doit être ainsi. Ce sont des hypothèses qu’ils doivent négocier. Vraiment, je ne me sens pas compétent pour dire il faut faire ceci ou cela, ce serait une folie de ma part. Mais je crois qu’il faut entrer dans la négociation avec honnête, fraternité et beaucoup de confiance. Là-bas on négocie tout : le territoire, les rapports… il faut du courage pour faire cela et je prie beaucoup le Seigneur pour que ces deux dirigeants, ces deux gouvernements, aient le courage d’aller de l’avant. C’est l’unique voie pour la paix. Mais Jérusalem comme ceci ou comme cela, je ne peux dire que ce que l’Église doit dire et a toujours dit : que Jérusalem soit conservée comme capitale des 3 religions comme une référence, une ville de paix, et je pensais au mot ‘sacrée’, mais ce n’est pas juste, mais une ville de paix et religieuse. »

 

Suite à sa rencontre avec Bartholomée, Le Pape a aussi évoqué des possibles rapprochements. A la question des « prêtres mariés » posée par un des journalistes, le Pape a répondu : « L’Eglise catholique a des prêtres mariés. Les catholiques grecs, les catholiques coptes, il y en a dans les rites orientaux parce que le célibat n’est pas un dogme de foi. C’est une règle de vie que j’apprécie beaucoup et je crois que c’est un don pour l’Eglise. N’étant pas un dogme de foi, la porte est toujours ouverte, mais maintenant nous n’avons pas parlé de cela comme un ordre du jour. »

 

Le Pape a continué sur l’unité en soulignant la nécessité de gestes concrets. « On ne peut pas faire l’unité dans un congrès de théologie. (…) Athénogoras a dit à Paul VI ‘Restons ensemble tranquillement et nous mettons tous les théologiens ensemble sur une île pour qu’ils discutent entre eux, et nous nous avançons dans la vie. C’est vrai, Bartholomée me l’a dit ces jours-ci. Marcher ensemble, cheminer ensemble, travailler ensemble en toutes choses que nous pouvons faire ensemble. Nous aider. Par exemple, pour les églises à Rome et dans tant de villes, beaucoup d’orthodoxes utilisent des églises catholiques, à telle ou telle heure, comme une aide, pour marcher ensemble. Nous avons aussi évoqué la possibilité de faire quelque chose lors du concile panorthodoxe sur la date de Pâques. Parce que c’est un peu ridicule : « Dis-moi, ton Christ, quand est-ce qu’il ressuscite ? La semaine prochaine. Ah, le mien a ressuscité la semaine dernière ». La date de Pâques est un signe d’unité. »

 

A propos de son invitation à Peres et Abbas, le pape François a souhaité une « clarification »: « Ce sera une rencontre de prière. Ce ne sera pas pour faire une médiation ou pour chercher des solutions. Non, nous nous réunirons pour prier, seulement. (…) Il y a aura un rabbin, il y aura un musulman et moi. J’ai demandé – je crois que je peux le dire – au Custode de Terre Sainte d’organiser un peu les choses sur le plan pratique. »

 

Les problèmes et défis de la famille qui traverse actuellement une «  crise mondiale » a souligné le Pape – et la protection de la planète, ont été également soulevés.Le Pape a également annoncé qu’il célébrerait bientôt une messe à la Maison Sainte-Marthe avec des victimes de prêtres pédophiles et qu’une « tolérance zéro » sera appliquée sur « ce crime tellement laid ».

 

Le Pape est atterri à Rome-Ciampino vers 23h. La Terre Sainte n’a pas fini de recueillir les fruits et les grâces de son passage fulgurant, et du message clair et urgent qu’il a laissé : la Paix pour tous.

 

Myriam Ambroselli pour le Patriarcat Latin de Jerusalem