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IRAN : Liberté de culte des chrétiens respectée

Témoignage de Mgr Ramzi Garmou,

Evêque de Téhéran des Chaldéens,
président de la conférence épiscopale iranienne. 
recueilli par Radio Vatican

 « Dans la constitution de la République islamique d’Iran, les chrétiens sont reconnus officiellement comme une minorité religieuse. Nous avons donc la liberté de pratiquer le culte et de donner une formation chrétienne à nos fidèles à l’intérieur de nos églises. Nos églises sont ouvertes pour le culte et la formation chrétienne », a expliqué Mgr Garmou.

Pour l’évêque, le défi actuel de l’Église catholique en Iran est « d’aider les fidèles à passer d’une foi sociologique, ethnique, transmise par les parents, à une foi issue d’une expérience personnelle authentique, un témoignage de vie, et donc qui soit avant tout un don de l’Esprit Saint ». Il s’agit d’un « passage nécessaire » à promouvoir grâce à des rencontres, réunions, prédications, indique l’évêque. 

Il discerne un autre défi : la promotion de l’unité des chrétiens en Iran, soulignant que la division entre baptisés « constitue un scandale » pour les chrétiens eux-mêmes. Il faut donc tout faire pour qu’ils puissent « vivre en communion » et que leur témoignage soit par conséquent plus « crédible ». Il souligne qu’il faut « intensifier et approfondir le dialogue œcuménique pour répondre à la volonté du Christ que tous ceux qui croient en lui « soient un afin que le monde croie ».
L’Église catholique iranienne compte trois archidiocèses de trois rites : deux de rite chaldéen (Téhéran et Urmy?Ѭ�), et un de rite latin (Ispahan) ; une archiéparchie de rite chaldéen (Ahwaz) et une éparchie de rite arménien (Ispahan).
Les chrétiens sont environ 100.000 dans le pays, ils appartiennent en majorité à l’Église arménienne apostolique dite « Grégorienne » du nom de saint Grégoire l’Illuminateur qui a baptisé le souverain arménien en 301.
Par ailleurs, l’évêque insiste sur l’importance de ce petit troupeau : « Nous devons en outre être convaincus que bien que nous soyons une petite minorité, Dieu peut cependant faire à travers nous de grandes œuvres ».  « L’importance d’une Église ne réside pas dans sa visibilité, sa grandeur visible, a fait observer Mgr Garmou, mais dans la qualité de sa foi, et dans le témoignage de ses fidèles ».

Iran : Une minorité chrétienne tentée par l’émigration

Moins de 0,04 % de la population, c’est ce que représente aujourd’hui la toute petite communauté catholique iranienne. Ainsi, dans un pays à 90 % musulmans, les catholiques (Assyro-Chaldéens, Arméniens et Latins) atteignent le chiffre de 25 000 (10 000 selon d’autres estimations).
Et ces chiffres ne vont pas en s’améliorant. Ces dix dernières années, le nombre de chrétiens a baissé en Iran, notamment en raison du taux de natalité plus bas parmi les chrétiens que parmi le reste de la population iranienne, mais aussi et surtout à cause d’une émigration qui a subi une brusque accélération après 1979 (Révolution islamique) et durant la guerre avec l’Irak (1980-1988).
Selon Radio Vatican, « la nouvelle législation islamique » a rendu l’intégration des chrétiens « encore plus difficile ». Car si la Constitution iranienne reconnaît les zoroastriens, les juifs et les chrétiens comme « minorités religieuses », les libertés concédées par le régime, « comme l’autorisation de boire du vin, de ne pas porter le tchador ou de pratiquer des activités sportives ou récréatives mixtes, entre hommes et femmes », restent limitées. « Et si l’accès aux charges publiques et à l’armée ne leur est pas formellement interdit, ils peuvent difficilement espérer y faire carrière ».
« Le désir d’émigrer de beaucoup de chrétiens iraniens exprime donc la situation d’une Église isolée dans un pays où la liberté de culte et d’association n’est autorisée qu’au sein des lieux de culte », affirme encore Radio Vatican. Les jeunes et les élites sont les premiers à émigrer. Les conséquences de ces départs sont donc « graves », estime encore Radio Vatican qui cite le « vieillissement et l’affaiblissement de la communauté locale, la difficulté pour les jeunes de réussir à trouver un conjoint chrétien et la baisse des vocations sacerdotales ».
Enfin, si l’Église latine a été « la communauté la plus pénalisée par le gouvernement des Ayatollah » (notamment pendant les deux premières années de la Révolution islamique), cette situation s’est améliorée ces dernières années : « d’une hostilité ouverte, on est passé à une phase d’assouplissement sous Rafsanjani, puis à une plus grande ouverture sous Khatami, qui s’est traduite en terme d’entrées plus faciles à obtenir pour le clergé, même si un numerus clausus est encore en vigueur », conclut Radio Vatican.