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Israel : un pelerinage à la rencontre des palestiniens

Je viens de rentrer d’un pélerinage de deux semaines en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, mon troisième voyage dans la région.

Cela a été accablant au plan émotionnel.

J’ai fait ce voyage en compagnie de quelques 30 personnes de Californie du Nord, membres des Amis de Sabeel d’Amérique du Nord. Sabeel est un groupe œcuménique de théologie de la libération de Chrétiens palestiniens.

À la tête du groupe, basé à Jérusalem, le Rev. Naim Ateek, prêtre de l’Église épiscopalienne, diplômé de de la Church Divinity School du Pacifique.

Notre voyage a été un peu différent des pélerinages courants en Terre Sainte.

Le pèlerin courant prend un vol pour l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv, emprunte un bus israélien pour remonter la côte vers la Galilée qu’il traverse jusqu’à Nazareth et Capharnaum puis il descend la vallée du Jourdain et monte à Jérusalem à travers le désert de Judée.

De tels pèlerins voient quantité de lieux saints, mais ne rencontrent pas un seul Palestinien et reviennent avec la même vision partiale d’Israël/Palestine qu’ils ou elles avaient au départ.

Notre pèlerinage, cependant, avait pour objectif de connaître la vérité de la situation actuelle en Israël/Palestine pour en témoigner.

À cette fin, nous avons voyagé depuis le Mont Hermon sur les Hauteurs du Golan occupées, où nous avons rencontré des villageois druzes séparés de leurs familles en Syrie, jusqu’au désert du Negev dans le sud d’Israël où des habitants de villages bédouins luttent pour préserver leurs maisons de la démolition.

Et à travers toute la Cisjordanie nous avons été témoins de souffrances à chaque détour du chemin – les boutiques aux volets fermés d’Hébron, celles vides de Bethléem, les cultivateurs de Qalqilya et de Jayous séparés de leurs champs, les rues mornes des camps de réfugiés, les blessures encore ouvertes des massacres d’il y a une décennie à Jenin, la puanteur des grenades lacrymogènes à Bil’in.

Et partout, les brillantes colonies blanches au sommet des collines, où résident un demi million de colons israéliens, la myriade de postes de contrôle et le spectacle infamant d’un mur de 8 mètres de haut.

La souffrance était peut-être plus profonde dans les quartiers de Jérusalem Est où nous avons rencontré des Palestiniens dont on démolissait les maisons à Silwan et à Sheikh Jarrah, où des Palestiniens âgés vivaient sous une tente à côté de leur maison occupée maintenant par de jeunes religieux extrémistes israéliens. Même les morts, avons nous appris, étaient spoliés.

Dans le cimetière musulman de Mamilla – en face du consulat américain – des tombes étaient profanées pour faire place à un “Musée de la Tolérance” à financement américain.

Mon sentiment de profonde tristesse et d’indignation morale a été merveilleusement tempérée par notre rencontre avec de jeunes Palestiniens et Israéliens.

Chez les premiers – depuis notre jeune hôte dans le camp de réfugiés d’Arbour jusqu’à l’exubérant acteur du Théâtre de la Liberté de Jenin, jusqu’au cher Lubna, un futur dirigeant d’une Palestine vraiment libre – l’espoir qu’ils trouvaient dans le Réveil Arabe qui se répand dans le Moyen-Orient était absolument contagieux.

Il en était de même aussi de l’espoir que j’ai trouvé chez de jeunes Israéliens qui refusent de vendre leurs âmes pour un mythe patriotique – les aînés des lycées affrontant la prison en refusant la conscription, les enfants juifs de Solidarité Sheikh Jarrah montant un spectacle de marionnettes pour des petits Palestiniens expropriés, et Michal qui, dans un bus au Negev, à la question de savoir si le mot “apartheid”était approprié, répondit : “Il est temps de dire que c’est la réalité

Oui, il en est temps.

Le Rev. Vicki Grey, fonctionnaire des Affaires Étrangères en retraite, est diacre dans l’Église Épiscopale du Christ Seigneur (Christ the Lord) à Pinole, Californie.