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"Le regard des réfugiés exprime un code de langage humain complexe à percevoir avec le cœur et la patience "

1) Regard hagard :

Toujours sous le choc certains réfugiés ne comprennent pas ce qui se passe et s’enfoncent dans le silence dans un regard perdu.

2) Regard interrogatoire :

  • Pourquoi ce drame m’a choisi ?
  • Quelle est ma faute ?
  • Pourquoi ma famille et ma maison ?
  • Où sont mes amis, mes voisins, mon quartier, ma ville, mon école, mon église, mon curé, mon cimetière ?

3) Regard révolté :

  • Je suis une victime innocente, qu’ai-je fais pour mériter cette lourde punition ?
  • Pourquoi cela n’arriverait pas aussi aux autres ?
  • Dois-je être le seul à payer ?

4) Regard résigné :

  • Que ta volonté soit faite..
  • Je paie pour les autres.. je supporte la souffrance et l’abandon en tant que Croix salvatrice.
  • Je me plie sur mes souvenirs.

5) Regard soumis :

  • Je n’y peux rien.. je suis devenu pauvre, dépendant pour la vie de mes enfants..
  • Merci de tout ce que vous faites pour m’aider.

6) Regard fier :

  • Je sacrifie mes biens pour la bonne cause. Priorité au salut de la patrie.
  • Vive la cause juste.
  • Je m’engage encore plus loin s’il le faut.

7) Regard accusateur :

  • Vous regardez ma souffrance sans rien faire. Pourquoi vous êtes si lents à venir en aide ?
  • Vous n’avez rien fait pour me défendre et arrêter le massacre ?
  • C’est bien de votre faute que je suis là…

8) Regard rancunier :

  • J’ai tout perdu et vous me regardez avec pitié..
  • Que ce malheur vous arrive aussi..
  • Pourquoi je dois souffrir seul ?

9) Regard optimiste :

  • Je n’ai pas peur, j’ai confiance.. Je peux recommencer à zéro ..
  • La vie me sourira de nouveau.
  • Le Seigneur ne me laissera pas tomber.

 

Ces réfugiés sont toujours sous le choc, et ne réalisent pas l’ampleur du drame.

Ils n’ont pas encore assimilé leur nouvelle situation d’anti-chambre sur la route de l’exode.

Naviguer entre ces différents regards chaque jour et surtout pendant la Semaine Sainte est source d’une plus grande souffrance. Beaucoup de ces états- d’âme se recoupent avec le regard silencieux des réfugiés Irakiens qui partagent notre vie d’inquiétude à Damas.

Impuissant devant le drame installé en Syrie depuis plus d’un an, sans merci et sans issue, tous ces regards souvent justifiés, croisent le regard attendri de notre Sauveur sur la Croix qui nous les renvoie….

SAURONS-NOUS ETRE A LA HAUTEUR DE CETTE DELICATE RESPONSABILITE ECCLESIALE ?

Avril 2012. + Samir NASSAR Archevêque Maronite de Damas