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Liban, témoignage : "J’apprécie l’extrême simplicité de ce village, la vie de solitude et de silence si propice à l’union à Dieu"

La région du Liban sud se relève d’une guerre de plus 25 ans avec toutes les conséquences que cela implique : déplacements de population, rancœurs mais aussi une véritable volonté de reconstruire et de se reconstruire. La région est gardée par les Nations Unies (la FINUL) suite à la guerre de juillet 2006. L’économie peine à se relever.

Le service familial du centre Jean-Paul II a été créé en 2002 pour soutenir les familles en difficulté. De nombreuses activités y sont organisées telles que des animations socio-culturelle, des séances de sensibilisation pour les jeunes, des journées festives à l’occasion de Noël et de Pâques, etc. Source DCC

 


Témoignage de Béatrice M., animatrice de développement social pour le centre Jean-Paul II à Debel et Kawzah (LIBAN), partie avec la DCC.

Béatrice M. : « Après avoir été pendant deux ans professeur de français volontaire à Aïn Ebel avec la DCC, une nouvelle mission m’a été confiée comme animatrice de développement social pour le centre Jean-Paul II à Debel et Kawzah, toujours dans le sud Liban, à la frontière avec Israël.

Un mois après mon arrivée à Kawzah je m’aperçois que le village souffre de divisions et que les jeunes restent calfeutrés chez eux. Je propose donc d’ouvrir une maison de jeunes, une « beit shabibeh ». Cette proposition reçoit un accueil enthousiaste de la part de ma partenaire et plusieurs bienfaiteurs apportent un soutien matériel non négligeable pour le financement de la moquette, du matériel, etc. J’entrevois alors ma mission de catalyseur.

En parallèle, une dizaine d’enfants préparent avec ardeur l’inauguration de « leur » maison sur le thème du nœud : « Nouer ou renouer des liens ».

Ils répètent une pièce de théâtre, des chants de bienvenue, une dabké – la fameuse danse traditionnelle – dessinent des cartes d’invitations, des décorations de table, et préparent deux sonnets créés pour l’occasion et récités dans un français impeccable.

Par le biais des préparatifs, les enfants apprennent à se connaître, créent des liens, se découvrent mille talents et se trouvent ainsi porteurs d’un beau témoignage pour leurs parents si divisés et repliés.

Quelques semaines plus tard, à nouveau, ces enfants témoigneront de leur unité :

Le 3 décembre, à l’occasion de la Sainte Barbe, la tradition veut que les enfants libanais se déguisent et aillent cogner aux portes du voisinage en sollicitant des friandises. En 2011, grande première, tous les enfants déguisés décident d’entrer ensemble dans toutes les maisons, malgré l’interdiction ou la réticence de leurs parents pour les familles rivales. (…)

Malgré ces graines d’espérance, les difficultés persistent :

les adolescents et jeunes adultes, à qui s’adressait en premier lieu le projet de beit shabibeh, se désistent peu à peu pour l’aménagement de la maison. De même, le jour de l’inauguration, peu de villageois font le déplacement malgré la présence de l’évêque et de bienfaiteurs venus de Beyrouth pour l’occasion.

Quelques semaines plus tard, au début de l’hiver, avec 6 familles du village, l’opération « Survie de Kawzah par la culture du zaatar (thym) biologique » est lancée.

Villageois de Kawzah © DCCPlusieurs demandes de financement de ce projet sont envoyées à des bailleurs de fonds et à associations humanitaires. En attendant leur réponse, nous commençons les démarches pour créer une coopérative agricole. En parallèle, je prends contact avec les paroisses de la diaspora libanaise de Paris, Lyon, Marseille et Bruxelles où je souhaite vendre le zaatar cet été. De beaux contacts… et de beaux espoirs ! Et bientôt une première récolte le 1 er avril avec une vente à la paroisse Sainte Jeanne d’Arc de Versailles jumelée avec le diocèse de Tyr. » (…)

 « Si je devais parler de mon quotidien à Kawzah, je parlerais de ces petits moments si simples et si beaux lorsque les enfants d’un village si divisé dansent ensemble le dabké ; lorsqu’une famille m’accueille pour une veillée de Noël sans verres en cristal, ni saumon, ni champagne, mais dans une atmosphère si chaleureuse, tous rassemblés autour du poêle traditionnel ; lorsque, le plantoir en main, avec les femmes du village, je participe à la première journée au champ de zaatar.

J’aime cette nouvelle vie à l’abri du matérialisme et de la superficialité. J’apprécie l’extrême simplicité de ce village et de ses habitants, la vie de solitude et de silence si propice à l’union à Dieu. J’espère leur montrer que, à celui qui a confiance et qui aime, tout est possible. Je souhaite aussi leur donner non pas le poisson mais le filet pour pêcher.


L’Œuvre d’Orient a soutenu la mission de Béatrice durant deux ans à la hauteur de 20%.

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