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[LIBAN] Le témoignage de Marie-Anne : " Le volontariat c’est tout de même un dépouillement [...]"

Marie-Anne, 24 ans, psychologue de formation, a décidé de servir 1 an les enfants et jeunes adultes polyhandicapés à Adma, au Liban.


Depuis que je suis arrivée au Liban, je ne cesse de comparer mon intégration à une ascension…

Pendant ces mois écoulés, la route était grimpante et parfois escarpée mais elle offrait également de somptueux paysages !

Maintenant, il est temps de reprendre mon souffle et de contempler le chemin parcourus…

C’est donc avec l’Œuvre d’Orient que je me suis engagée à partir un an en tant que volontaire au sein de la communauté maronite Mission de Vie. Cette communauté, composée de frères et de sœurs, a pour charisme le service des plus pauvres.

A l’hôpital de la Providence d’Adma où je me trouve, c’est moins de quarante personnes d’un âge plutôt avancé qui sont accueillies gratuitement. Les religieux occupent une place importante auprès d’eux mais dans le quotidien ce sont les employés qui en ont la charge. Pour cette aventure, je suis accompagnée de Marie-Cécile, infirmière et volontaire également !

Noël a toujours quelque chose d’un peu magique mais celui-ci au Liban était particulièrement marquant. J’ai été touchée par l’amour entre les résidents et les religieux qui s’enlaçaient, dançaient et chantaient ensembles. Il se dégageait une telle chaleur familiale lors de cette fête que je n’ai même pas ressenti le manque d’être loin des miens.

Car le volontariat c’est tout de même un dépouillement. On quitte tout et tout est nouveau ! Dans cette expérience, le Seigneur est mon repère car c’est bien le seul que j’ai emporté avec moi. Il me fait grandir et reconnaître mes faiblesses au fur et à mesure.

“C’est en se donnant que l’on reçoit, c’est en s’oubliant que l’on se trouve”

St François d’Assise

La richesse d’une mission atypique 

Le démarrage n’a pas été de tout repos car nous sommes arrivées à un moment où Mission de Vie traverse une crise profonde. A l’hôpital, tout est en mouvement au sens symbolique comme réel : il  y  a  des  départs  et  des  arrivée  dans  le  personnel  et  les  religieux,  des  changements  dans l’organisation des lieux et du travail et de nombreux projets sont en cours…

Réfléchir à notre place en tant que volontaire n’était donc pas une priorité  pour le directeur qui n’était en poste que depuis quelques semaines lorsqu’il nous a  accueilli. Si l’on ajoute à cela les problématiques du pays qui nous traversent aussi, nous sommes dans le quotidien confrontés à une crise dans la crise !

Au démarrage de ma mission, la demande était que je travaille en tant que psychologue en collaboration avec la professionnelle déjà en poste, qui vient quelques heures par semaine.  J’ai employé une grande énergie à essayer de remplir cette fonction mais je me heurtais à de nombreuses difficultés dont la différence culturelle est la principale.

Avec du recul j’ai réalisé que j’avais commis l’erreur de vouloir travailler comme je l’aurais fait en France. J’ai compris que lorsque des besoins primaires comme l’eau, la nourriture et l’électricité n’étaient pas assurés au quotidien, il n’était pas la peine d’espérer que les choses secondaires aient trop d’importance. J’ai aussi fini par accepter qu’au Liban les gens vivent au jour le jour et qu’il est très ambitieux d’espérer tenir un programme sur une semaine.

Après ces mois de tâtonnements, d’incompréhensions et surtout de lâcher prises, je commence tout juste à me trouver une place à l’hôpital, bien que celle-ci soit atypique.

Je continue d’investir ma mission de psychologue mais avec beaucoup plus de recul et de limites. Je coanime avec l’autre professionnelle un groupe de parole tous les lundis ; j’accompagne individuellement les personnes en demande et j’essaie de proposer des activités de stimulation avec l’aide de Marie-Cécile. Mais je suis également polyvalente puisque je rends service la` ou`  il y a besoin lorsqu’on me le demande : garde de nuit, cuisine, stock…

Ne  pas  être  cantonnée  à  une  seule  tâche pousse  à  l’autonomie  et  à la  créativité  puisque  je  suis entièrement libre d’organiser mes journées comme je le veux. Mais travailler sans cadre, ni réelle fonction attitrée rend parfois le quotidien inconfortable.

Même  s’il  m’arrive  de  passer  des  journées  sans  être  productive,  je  crois  qu’être  simplement disponible pour les résidents est en fait le cœur de ma mission. Je trouve beaucoup de joie à   être auprès de ces personnes qui  n’ont, pour la plupart, plus de contact avec leurs familles et qui se sentent très seules. C’est à leur côté que je trouve vraiment du sens à ma présence ici !

En résumé… 

C’est la découverte de ce pays intriguant qu’est le Liban :

De sa nature comme de ses buildings et sa pollution. De sa culture avec un air occidental mais en profondeur orientale.

De sa musique et de sa danse.

De la souffrance de son peuple qui n’a plus d’espoir en l’avenir.

Ce sont des rencontres avec ceux qui partagent notre quotidien : les employés, les religieux, les résidents. Avec Georges,   aide-soignant   de   19   ans,   à   qui j’apprends le piano et qui m’apprend l’arabe. Avec abouna Paolo qui toutes les semaines prend le temps de nous faire réfléchir sur un thème spirituel. Avec Samira, dame de 80 ans, qui me dit avoir l’impression de me connaître depuis toujours. C’est aussi le partage avec les autres volontaires qui se sont aussi embarqués dans l’aventure.

En fin de compte, je réalise que je ne suis qu’au début de ce volontariat et qu’il me reste encore beaucoup à vivre et à découvrir au pays du cèdre…