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[LIBAN] Le témoignage de Yolande : "Les Libanais ont une capacité immense à vivre au jour le jour"

Témoignage de Yolande, 23 ans, ergothérapeute. Elle est partie servir les patients et résidents du Centre Hospitalier de Bhannes, pour un an.


Mon arrivée au Liban

Marhaba ! Voilà trois semaines que je suis arrivée dans le pays du cèdre !

J’ai atterri à Beyrouth un dimanche soir, j’ai passé la douane avec mes 4 valises dont 3 pleines de médicaments pour plusieurs communautés. Je suis accueillie par des volontaires et Gilbert : « ahla w sahla » = Bienvenue ! C’est chez Gilbert et sa famille que je passe ma première semaine au Liban. Nous sortons de l’aéroport, chaleur en pleine figure alors qu’en France on avait déjà allumé un feu de cheminée.

[…] Je me réveille le lendemain avec une vue imprenable sur le Mont-Liban, la chaîne de montagne qui domine la mer Méditerranée. Je prends mon premier petit déjeuner avec au menu : labné= fromage frais, Man’ouché au Za’atar = pain libanais au thym et autres spécialités. Un petit déjeuner salé comme je les aime.

Cette première semaine, je découvre le rythme d’une famille libanaise. […] La crise économique amène les Libanais à devoir s’adapter. L’électricité coupe plusieurs fois par jours faute de carburant alors, il faut anticiper les lessives, l’absence de wifi, l’ascenseur etc… Ils m’ont fait visiter leur superbe coin du Liban. Je ressors ravie de ma première semaine d’immersion dans cette famille qui m’a permis de faire une belle transition entre ma vie en France et le début de ma mission.


Le début de ma mission 

Après cette semaine, je monte encore plus haut dans le Mont-Liban à Bhannes. C’est dans son centre hospitalier que ma mission se déroule. Quand j’ai réalisé que j’allais passer 12 mois dans ce petit village avec des sœurs je me suis vraiment demandé dans quoi je m’aventurais. Cela va me changer de ma vie Bruxelloise ça c’est certain, c’est parti !  Je fais la rencontre de mes nouvelles colocataires. J’ai toujours été une grande sœur et maintenant je deviens la petite sœur de 8 grandes sœurs « Les filles de la Charité ». […] Aujourd’hui, je commence à créer des liens avec chacune d’elles d’une manière ou d’une autre !

Une sœur me fait la visite du centre hospitalier et à chaque première rencontre on me souhaite la bienvenue avec : « Tu viens dans une période si compliquée », […] « C’est toi qui as choisie de venir au Liban ? », « Je veux aller en France et toi tu viens ici ! ». Comment réagir face à ces paroles de désespoirs ? Je me sens si privilégiée d’être française.

Le cadre du centre hospitalier est un lieu calme, apaisant, on peut se promener au milieu des pins et des cèdres et se poser en ayant une vue sur la mer et les montagnes. Je m’y sens merveilleusement bien.

L’équipe paramédicale et les patients avec qui je travaille le matin parlent libanais entre eux et lorsqu’ils veulent me parler la plupart parlent français et c’est bien pratique. Au début, c’était difficile de trouver ma place mais de jours en jours je prends mes marques et après ces 2 semaines de mission je commence à me sentir de plus en plus à l’aise. Mon métier s’apprend sur le terrain et il est très différent d’un centre à l’autre alors j’apprends chaque jour un peu plus avec mes collègues et les patients. Durant les séances que je propose, j’essaie de parler un maximum en libanais avec les mots que j’apprends grâce aux patients. D’ailleurs, ils rigolent bien en m’écoutant prononcer certains mots et cela crée des liens.

[…] Dans le service des soins palliatifs je passe un petit moment avec quelques patients. Avec certains je discute, j’écoute leurs histoires de vie, avec d’autres, je chante ou bien je danse (J’ai dansé la dabké = danse folklorique libanaise avec une patiente de 99 ans pendant 5 minutes) fous rires assurés ! Je me sens épanouie dans cette mission, il n’y a pas de pression, certains patients attendent que j’arrive alors c’est plutôt réjouissant.

Je passe aussi du temps avec le personnel. Je ressens en eux une grande inquiétude face à la situation du pays et en même temps, ils ont une capacité immense à vivre au jour le jour. Beaucoup habitent loin et le coût de l’essence et de la vie augmente encore et encore, ils payent pour venir travailler. La secrétaire exprime que « La livre libanaise c’est comme une feuille morte d’automne elle ne vaut plus rien ». Je me sens impuissante et je les écoute simplement.

Pour ce qui est de la religion au Liban, j’ai pu apercevoir la grande importance qu’elle occupe surtout parce qu’elle est très visible au quotidien. La religion fait partie de l’identité des Libanais. Ce qui m’a le plus marqué pour le moment c’est de voir de nombreux libanais se balader avec un chapelet en main. Chaque jour, je vais à la messe maronite en Arabe et le père reste déjeuner avec nous. Il nous parle de sa femme et de sa fille car ici, un homme marié peut devenir prêtre mais un prêtre ne peut pas se marier. J’ai hâte de découvrir les différents rites et religions au Liban.

Les week-ends, je parcours ce petit pays avec les autres volontaires et les amis que nous nous faisons au fur et à mesure. Les paysages sont si beaux et les rencontres avec les chrétiens d’Orient si belles. De temps à autres, je me rends à « Offre joie », […] qui vient en aide à la reconstruction des quartiers de l’explosion du port de Beyrouth. Au programme : Activités physiques au milieu de la poussière des chantiers, rencontres, rires, musique, bon repas …

« Faites que toute votre vie soit prière et service. Si vous priez sans service, vous réduisez la croix du Christ par votre vie à une pièce de bois. Si vous servez sans prier, vous vous servez vous-mêmes. (…) » Saint Charbel.

Merci de m’avoir lu, j’ai hâte de vous en dire plus dans ma prochaine lettre ! Je vous porte bien dans mes prières.

Yolande