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[LIBAN] Témoignage de Médéric : " Ce qui, probablement nous rapproche le plus des Libanais, c’est la prière "

Le témoignage de Médéric, et volontaire au Liban à Ghodrass au Home Notre Dame des Douleurs depuis décembre.


Voici 2 mois passés depuis mon arrivée au Liban, pays chargé de l’histoire des premières civilisations, et pays endommagé par l’immigration et la crise.

Le Liban est un pays où tout nous sépare : la langue, l’écriture, la nourriture, la façon de parler, de vivre, de négocier, de conduire, de lire, bref, il est assez difficile de ne pas se sentir dépaysé ! Le pays est, par tout ce que je viens de citer, très différent du nôtre, et pour autant qui a un lien très fort avec la majorité de la population Européenne, et en particulier française. Ce qui, probablement nous rapproche le plus des Libanais, c’est la prière. Il est assez étonnant d’arriver dans un tel pays et de trouver le Notre Père et le Je Vous Salue Marie en commun. Même si le rite Maronite n’est pas le même que le rite Latin, les prières, et même certains chants, le sont.

Ma mission dans la maison de retraite

Déjà, il faut savoir que le système de maison de retraites est très peu développé au Liban. Alors que la façon de vivre des Libanais n’étant pas du tout le même que le notre, ils s’occupent de leurs parents et vivent ensemble dans leurs maison familiale (à un étage différent) et ce, jusqu’à la fin. Une différence de plus !

Lorsque j’ai commencé ma mission, j’ai découvert que le frein de la langue n’en était pas tellement un, étant donné que les Libanais parlent en partie français, en tout cas la génération de personne présente dans la maison de retraite. Nous pouvons communiquer facilement avec presque tout le monde, une grande partie d’entre eux ayant vécu en France ou la connaissent bien ; tandis que 2 françaises vivent dans la maison.

Ce qu’il y a de mieux pour un bénévole ? Commencer à apprendre le libanais bien sur ! C’est toujours bien vu. En ce qui me concerne, je n’ai pas pris de cours mais j’ai appris les mots de base, bien utiles dans une maison de retraite et qui s’apprennent très vite pour peu qu’on y mette un peu du sien.

L’accueil des sœurs et des résidents à été très chaleureux, ils étaient tous à la fois touchés et heureux de recevoir des volontaires, même si cela demeure une quasi-routine d’en accueillir. Ces volontaires sont le plus souvent des Français qui ne sont pas actifs, donc des étudiants ou des retraités, tous partageant la même motivation et la même envie.

Le déroulement des journées est assez simple : nous donnons les petits déjeuners à 7h30 du matin dans le service Alzeihmer dans lequel nous sommes affectés avec Bernadette, puis le soir a 17h. Nous sommes dans d’autres services le midi.

12 personnes sont présentes en Alzeihmer, et le personnel de la maison n’est pas forcément en mesure de leur donner les repas, faute d’effectif ! Evidemment, comme il y a 80 résidents dans la maison, nous sommes souvent appelés dans d’autres services pour aider, même pour assister à certains soins.

Les services du midi et du soir sont les plus intenses et se déroulent juste après le service Alzeimher. Il faut servir 30 personnes, avec un personnel assez réduit. Je me suis déjà retrouvé tout seul à faire ce service, ou l’on peut être beaucoup sollicité, mais toujours avec le sourire, ou alors très souvent. C’est ce qui fait aussi la beauté de la mission !

Après avoir emmenés une majorité d’entre les résidents à la messe quotidienne, nous prévoyons des activités avec Clémence, une autre bénévole psychomotricienne.

Des activités de mimes, jeux de société, chants, danse, cuisine, ou même simple visites dans les chambres de ceux qui ne peuvent pas se déplacer sont toujours les bienvenues par les résidents.

Nous leur donnons du temps aussi pour s’occuper d’eux, lorsqu’ils ont froid, faim ou même pour un petit tracas quotidien, nous sommes là pour les soutenir ou les réconforter. Les rôles peuvent aussi s’inverser, et pour être franc, je ne m’y attendais pas. Je ne pensais pas pouvoir me confier à eux à cause d’une simple différence d’âge et de culture, et c’est exactement l’inverse qui se produit. Et petits à petits, des liens se forment, qui peuvent devenir fort, même en 3 mois de mission. Les sourires que l’on reçoit tous les jours de leurs parts sont extrêmement valorisant pour nous, et me donnent envie de rendre ces moments passés avec eux encore plus intense.

Nous faisons aussi des activités manuelles, dans lesquelles nous nous sommes tous bien investis surtout pour la période de Noël. Je me suis personnellement lancé dans un projet de maquette il y a quelques jours, où je compte réaliser une miniature de la résidence avec l’aide de ses habitants ! La tâche n’est pas aisée, mais la motivation de certains en devient étonnante…

Ma mission se termine dans 1 mois et quand ce projet arrivera à bout, un beau souvenir de notre passage sera laissé.

Après ces activités le matin et l’après-midi, la reconnaissance des personnes âgées devient réellement un moteur pour nous, les bénévoles !

 

Cette mission de mise en place d’activités qui les sortent de leurs monotone quotidien, de services (servir les petits-déjeuners, déjeuners, diners) et d’épanouissement dans la vie de ces personnes me correspond très bien et est un véritable vecteur de moments de joies.

Les résidents sont souvent extrêmement reconnaissants de ce que nous pouvons leur apporter Bernadette et moi, ainsi que les autres volontaires déjà présents. Cela me motive et je sais qu’un simple « merci » ou un « bravo » peux changer beaucoup de choses dans une aventure qui se déroule loin de chez nous.

Un moment particulier dont je me rappellerai pendant très longtemps fut Noël. On m’a souvent rappelé qu’il y avait un certain courage à partir pendant cette période d’habitude passée en famille, loin de tous les malheurs du monde.

Je voulais montrer à quel point il était fort et incroyable de vivre la messe et tout ce qui encadre Noël loin de ce que nous connaissons, avec des gens qui ne voient plus leurs proches aussi souvent qu’avant, à tel point que certains nous ont dit lorsque nous prenions des photos avec eux : « on est comme une grande famille ».

Effectivement, pratiquement tous les résidents ont des enfants qui travaillent à l’étranger, étant donné la situation du pays. Souvent on me fait remarquer : « Ohhlaaa ! tu ressembles à mon fils ! »

Et ainsi, les discussions peuvent durer des heures sur leurs enfants, leur passé, les malheurs qui leurs sont arrivés et leurs plus grandes joies. Ce dont on peut être sur, c’est qu’ils ont des choses à raconter !

Ma mission touche presque à sa fin, et je sais déjà que j’aurais du mal à les quitter. Je reviendrai certainement dans ce pays, ne serait-ce que pour voir les endroits que je n’ai pas encore vu, et qui sait, surement aussi pour revoir ces personnes âgées ainsi que les sœurs qui nous si bien accueilli.