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[LIBAN] Témoignage de Pierre : " Chacun ici travaille avec le cœur "

Notre volontaire Pierre, 21 ans, étudiant en droit, a décidé de consacrer 2 mois et demi de sa vie au service des personnes en situation de handicap, auprès de la maison de Baïtna, au Liban.


Mes premières impressions : 

Mon premier constat est que le temps passe vite. J’ai remarqué par le passé que lorsque le temps passe vite en voyage c’est qu’il s’agit d’un bon voyage. A cette sensation s’ajoute une réflexion, et je peux donc dire que jusqu’à maintenant il s’agit d’un très beau voyage et d’une expérience magnifique.

J’ai pu nouer, au bout d’un peu plus de deux semaines, de bons liens avec les frères de Baïtna. Le contact s’est établi bien plus facilement et rapidement que je ne l’avais imaginé. Chacun des frères a son caractère, sa personnalité, et apprendre à connaître chacun et à m’adapter en conséquence a été la première étape de mon séjour ici. C’est naturellement une étape qui se poursuivra jusqu’au bout. A mesure que ma connaissance de chacun se développe mon travail sera je pense d’autant plus bénéfique.

C’est une expérience intéressante : interagir avec quelqu’un en parlant peu, et pourtant comprendre et être compris. Cela change la manière de voir les rapports entre personnes. Les frères ne demandent qu’à être écoutés et aimés, rien de plus, mais rien de moins.

J’ai la chance de travailler avec une équipe formidable, qui plus est extrêmement diverse. Nous travaillons toujours dans la joie et la bonne humeur, avec une forte solidarité. D’où un travail qui, bien que plus fatiguant que je ne l’imaginais (je ne pensais pas avoir besoin de la sieste de deux heures chaque jour), est très agréable. Les ateliers du matin prennent beaucoup d’énergie, c’est certainement ce qui m’a le plus surpris. Chacun ici travaille avec le cœur. Ce ne serait pas possible sans aimer les frères comme ses propres frères.

Une autre difficulté est celle de parvenir à briser la routine, dans laquelle il est facile de s’enfoncer. A cette difficulté s’ajoute celle, au moment de proposer une nouvelle activité, d’en trouver une qui ait du sens mais qui néanmoins soit faisable par les frères. Nous avons avec Jean-Théophane réussi à trouver de nouvelles activités à faire (du moins dans l’atelier), j’espère parvenir à continuer sur cette lancée. Un autre projet auquel je souhaiterais travailler est celui du temps de l’après-midi, après la sieste, où les frères sont parfois un peu oisifs. Je vais essayer de mettre en place des jeux en groupe pour ceux qui le souhaite, plusieurs fois par semaines.

En dehors de cela je ne note rien de particulier. Les frères ne sont pas très jeunes (le plus jeune a une quarantaine d’années, le plus âgé 70 ans), il est normal que leur enthousiasme pour de nouvelles activités ne soit pas toujours au même niveau que le mien (différence encore plus marquante lorsque j’ai proposé l’activité en question). C’est aussi un élément à prendre en compte, qui m’a surpris dans la mesure où j’avais surtout travaillé auprès d’enfants en arrivant ici, mais qui à la réflexion n’a rien d’étonnant. En bref, rien de très surprenant, il s’agit d’innover sous contraintes.

L’expérience du Liban est aussi intéressante, les coupures de courant (assez fréquentes), et d’eau (heureusement moins fréquentes) sont riches en enseignement, j’ai appris à ne plus y prêter attention. C’est un pays profondément attachant, je peux d’ores et déjà prédire que le départ sera difficile.