• Actualités

[LIBAN] Témoignage d'Eloise : " Il s’agit de l’importance de la présence : une présence simple et gratuite, une présence pleine d’amour "

Découvrez le témoignage d’Eloïse, qui a été volontaire à Séhaïlé à l’Institut du Père Roberts pendant 3 mois. Elle vient de rentrer.


Ma mission 

Il y a trois mois, je décollais pour le Liban, ne sachant pas trop ce qui m’attendait et ayant le désir de me laisser porter au gré des découvertes et des rencontres. Et ce fut le cas !

Ces trois mois furent remplis de découvertes, de rencontres, de partages et de tant d’autres choses qui jour après jour m’ont permis de comprendre davantage ce pays et ses habitants.

Il faut reconnaître que ma mission à l’Institut du Père Roberts (école spécialisée pour les enfants sourds et les enfants en échec scolaire) ne fut pas simple tous les jours. Entre les fermetures pour covid, celles pour la neige et le fait que l’école ne puisse ouvrir que trois jours par semaine faute de moyens, elle a demandé beaucoup de résilience.  Il m’a fallu accepter ces contraintes et aller de l’avant en se réinventant, à l’image de ce Liban tant en difficulté.

Cela m’a alors permis de découvrir une nouvelle notion du temps, du partage et de vivre encore davantage le moment présent.

Bien qu’envoyée en mission à l’Institut spécifiquement, je ne concevais pas ma mission ici que dans ce lieu. En effet, la mission c’est chaque jour et où que l’on soit ! En France comme à l’étranger, nous sommes « missionnaires dans l’âme » comme le disait le Pape François. En partant de ce principe, j’ai donc pris quelques initiatives en me rendant dans d’autres lieux de missions sur les semaines ou jours off à l’institut.

 

C’est ainsi qu’en me rendant à l’internat Notre Dame du Rocher d’Ajaltoun, à Anta Akhi à Ballouneh en passant par la cuisine de Marie à Beyrouth, j’ai pu réaliser une chose essentielle qui est pourtant   bien   difficile   à   comprendre   pour   nous   autres occidentaux… Il s’agit de l’importance de la présence : une présence simple et gratuite, une présence pleine d’amour. Toutes ces missions étaient pourtant si différentes… malgré cela, dans chacune d’elle, même s’il y avait des devoirs à faire pour les enfants, quelques légumes à couper ou la possibilité de faire des puissance 4 par dizaines, je me suis rendu compte au fur et à mesure, que quelle que soit la raison de ma venue, je recevais tellement en étant là, simplement comme je suis ! Ce fut une vraie leçon de vie et d’humilité pour moi et je me rends compte qu’il s’agit d’un travail de chaque jour. Pas si facile que ça d’accepter d’être et non pas de faire !

 

Et c’est seulement en cette fin de mission à l’Institut que je me suis rendu compte que ma présence avait aussi une importance ! En effet, en raison des fermetures successives, on m’a demandé d’assister les maîtresses, ce que j’ai accepté avec joie ! Mais, au cours du temps, je trouvais que je n’étais pas forcément utile là où j’étais mais je poursuivais ma mission en intervenant auprès des élèves lorsqu’ils avaient des exercices à faire et qu’ils avaient des difficultés. Cette fin de mission fut donc un nouveau bouleversement pour moi car les enfants ne voulaient pas que je parte… La professeure avec qui j’étais m’a alors dit une chose qui m’a beaucoup marqué également « Ça n’a pas été facile mais ton amour au cœur a gagné la bataille, tu as réussi ta mission ! Tu peux être fière de toi et remercier Dieu ! ». Je ne lui avais pas parlé des difficultés que je rencontrais sur ma volonté d’être utile et peut-être ne pensait-elle pas à ça, et pourtant elle a trouvé des mots si juste sur ma présence à l’Institut ! « L’amour triomphe de tout » comme le dit Virgile.

 

Le Liban 

Un amour que je porte maintenant pour le Liban : un pays aux nombreux paradoxes, un pays d’une diversité si marquante mais aussi et surtout tout un peuple dont l’accueil est immense ! Je ne peux pas parler de ces trois mois au Liban sans mentionner les multiples invitations reçues ou bien la simplicité des échanges ! Malgré toutes les difficultés, les libanais gardent cette belle qualité qui peut parfois être déconcertante mais qui m’a beaucoup fait penser aux enseignements de Jésus dans la Bible !

La foi au Liban a d’ailleurs une toute autre présence qu’en France ! Ici, on est soit chrétien, soit musulman, rares sont les personnes qui estiment ne pas avoir de religion. Même si les libanais peuvent maintenant s’abstenir, leur appartenance religieuse était à l’origine mentionnée sur leur carte d’identité. Et il est clair que la religion est présente ! La religion faisant partie de l’identité, j’ai donc découvert un pays où la pratique de la foi est bien différente mais où personne ne se pose la question de parler de sa foi chrétienne. Alors qu’en France, la difficulté est d’être chrétien dans un pays laïc, là-bas il s’agit davantage dans certaines régions d’être chrétiens au milieu de l’Islam. Quoi qu’il en soit, même si les chrétiens et musulmans se « mélangent » peu, le respect reste bien présent, même à Tripoli en période de Ramadan comme nous l’expliquait le gérant d’un café qui était musulman.

 

Enfin, durant cette mission, j’ai également eu la joie de partager avec Laurie, ma binôme qui a été une présence très importante pour moi, ainsi qu’avec tous les autres volontaires du Liban. La communauté de volontaires est vraiment un trésor, elle permet de se ressourcer pour mieux se donner et de belles amitiés sont nées !  Le cœur du Liban fut aussi l’occasion de se retrouver pour chanter, partager et prier ensemble !

 

C’est donc le cœur serré que je quitte le Liban aujourd’hui mais je ne peux que rendre grâce pour tout ce que j’ai vécu pendant ces trois mois et tous ces fruits que je commence à découvrir ! Même s’il est temps pour moi de reprendre les cours, la mission continue en France et c’est un défi dans lequel je souhaite me donner chaque jour !