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Liban : Un pape de "la lignée des prophètes"

Le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, revient sur le voyage apostolique du pape au Liban (14-16 septembre 2012), dans l’édition italienne de L’Osservatore Romano des 24-25 septembre 2012.

Pour le cardinal bordelais, ce voyage a permis d’impliquer les responsables dans le « dialogue du quotidien » qui est vécu entre les chrétiens et musulmans au Moyen-Orient : « un grand succès », où Benoît XVI a notamment indiqué une « carte précise de la route à suivre pour parvenir à la paix ».

Un pape prophète

Le cardinal en est « convaincu » : le pape « appartient à la lignée des prophètes ». Cette lignée « n’a peur de rien parce qu’elle sait où doit aller la lumière », explique-t-il. Lors de ce voyage, Benoît XVI « a montré encore une fois un grand respect pour l’islam et pour sa culture », constate le cardinal, mais il a aussi « souligné avec vigueur l’apport des chrétiens et des musulmans ensemble, pour la naissance et la formation de la culture arabe en général ». Le séjour du pape au Liban a « rafraîchi la mémoire des temps où les chrétiens et musulmans vivaient ensemble » car Benoît XVI « croit dans la possibilité de revenir à cette cohabitation », poursuit le cardinal.

En revanche, le pape a également dénoncé le « fondamentalisme » comme « un ennemi commun aux chrétiens et aux musulmans »: il constitue « un danger pour tous » car « il détruit au lieu de construire ».

Au contraire, les habitants du Moyen-Orient ont un « désir de paix, de vivre ensemble en partageant le quotidien, les mêmes problèmes, les mêmes angoisses et souffrances, les mêmes joies », affirme le cardinal. Il semble, déplore-t-il, que « beaucoup de choses font abstraction de la volonté des chrétiens et des musulmans ».

Il se réjouit de la « familiarité » et de la « chaleur » dont ont fait preuve les responsables des quatre grandes communautés musulmanes pour accueillir le pape et de « l’esprit d’amitié qui a caractérisé la rencontre au palais présidentiel ». Les responsables musulmans ont été « les premiers à dire qu’on ne pourrait concevoir le Liban sans les chrétiens », rappelle-t-il, soulignant que le mufti sunnite a « demandé explicitement au pape de lancer un appel à tous les chrétiens afin qu’ils ne quittent pas le Liban ».

Un pape jeune dans l’âme

La rencontre avec les jeunes a été « très significative », ajoute le cardinal qui s’avoue « très touché » par leur « enthousiasme » et par « la douceur de ce pape, âgé mais jeune dans l’âme, très à l’aise avec les jeunes », et qui « s’appuie beaucoup sur eux et le leur montre en chaque circonstance ».

Selon le cardinal, les jeunes ont démontré que « la cohabitation pacifique des chrétiens et musulmans n’est pas une utopie ».

Le préfet du dicastère pour le dialogue interreligieux, qui s’est souvent rendu au Liban, constate que la génération présente a « plus de confiance », montre un « grand enthousiasme » et surtout « la volonté de rester ». Il salue à ce sujet l’initiative du pape de demander aux Eglises sœurs des « aides concrètes pour qu’ils puissent réaliser leur désir ».