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L'Œuvre d'Orient aux rencontres européennes de Taizé à Wroclaw

© Wiesia Klemens

Depuis plus de 40 ans, la communauté œcuménique de Taizé organise un « pèlerinage de confiance sur la Terre » pour des jeunes de 18 à 35 ans, dans une ville européenne. Entre Noël et le Nouvel An, c’est l’occasion pour des milliers de jeunes, venus de toute l’Europe et au-delà, de se rassembler pour prier ensemble, s’insérer quelques jours dans une Église locale et approfondir des thèmes comme l’entente entre les peuples, la paix, la compréhension de la foi et l’engagement social. Catholiques, protestants et orthodoxes, ils expérimentent l’Église comme lieu d’amitié, d’accueil et de communion.

Cette année, les jeunes ont été accueillis à Wroclaw, en Pologne, du 28 décembre au 1er janvier. L’Œuvre d’Orient était sur place pour animer deux ateliers sur les chrétiens d’Orient. L’objectif : faire découvrir aux jeunes Européens la richesse et la diversité des Églises orientales à travers le témoignage de jeunes chrétiens orientaux.

Des chrétiens orientaux témoignent : « Nous devons vivre et agir ensemble. »

Pendant deux heures, de jeunes Libanais, Égyptiens et Syriens sont venus témoigner de leur manière de vivre leur foi, dans des sociétés orientales où ils forment une minorité religieuse, et de leurs relations avec les autres Églises et avec les musulmans. J’étais sur place pour coordonner le tout, présenter l’histoire et l’actualité des chrétiens d’Orient, puis parler de l’Œuvre d’Orient et proposer des actions concrètes d’engagement à la fin.

Les ateliers ont vraiment été l’occasion d’échanges très riches, avec des témoignages variés et intéressants et des participants très attentifs. La salle était comble à chaque fois, avec environ 300 personnes présentes chaque jour. Pour l’Œuvre d’Orient, c’était important d’être présent à ce rassemblement. D’abord, il coïncide avec la naissance de l’Œuvre d’Orient en Pologne, ce qui concernait nombre de jeunes Polonais présents. Surtout, avec leur expérience de vie dans des sociétés plurielles aux plans culturel, religieux et confessionnel, les chrétiens d’Orient portent un message précieux pour ces rencontres de Taizé. En témoigne un Égyptien copte orthodoxe : parlant des attentats islamiques dont a souffert sa communauté en 2017, et dans lesquels il a perdu des proches, il enchaîne tout de suite : « Mon meilleur ami est musulman ». Une jeune fille de la même communauté insiste sur l’importance du pardon pour avancer.

Ils en retirent en échange un exemple de rencontre et d’unité entre jeunes de tous pays et confessions, salutaire pour l’avenir des chrétiens au Moyen-Orient, où les diverses Églises ont souvent du mal à travailler ensemble. Une Égyptienne me confiait qu’elle trouve à Taizé un esprit d’ouverture et de discussion nouveau pour elle, qui la pousse à aller au-delà des barrières trop souvent érigées entre communautés religieuses et confessionnelles, qui se côtoient sans se rencontrer. Le lendemain, une jeune Syrienne racontait les années de guerre dans la région de Homs, avant de soutenir avec force : « Nous devons vraiment vivre et agir ensemble, les uns par rapport aux autres. C’est à cette condition que les chrétiens pourront vivre en paix en Syrie et participer à reconstruire le pays. »

Ce qu’ils veulent que nous en retenions ? Leur joie de vivre. « Oui, nous vivons des difficultés en tant que chrétiens en Syrie. Mais c’est très important pour moi de vous montrer que nous sommes surtout des gens joyeux. Nous profitons de la vie, comme vous en Europe, et peut-être plus ! Nous sommes heureux d’être ici, heureux de vivre. » Tous ont parlé du dynamisme de leur communauté, des projets sociaux qu’ils mènent au service des plus petits.

Un message de paix et d’espérance pour l’année 2020

Durant ces quelques jours à Wroclaw, j’ai eu des discussions très enrichissantes, notamment avec des Polonais, des Ukrainiens, des Allemands, des Arméniens. Pour vivre la différence en vérité, mieux se connaître est indispensable. Tout est fait pour vivre la rencontre : les temps de prière, rythmés par des chants simples, dans toutes les langues ; les temps de réflexion en petits groupes, où chacun parle de son expérience simplement, dans un anglais plus ou moins assuré ; l’accueil dans les familles, une plongée dans la culture polonaise au moment des fêtes.

C’est formidable de sentir cette unité dans la prière et dans nos vies, parfois si différentes. Comme le disait Antoine de Saint-Exupéry : « Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis. » Juste après Noël, c’est un message essentiel. Tous les chrétiens, au-delà des antagonismes, sont invités à se réjouir de la venue du Christ, messager de paix, et à avancer ensemble. Comme le disait un participant : « Ces rencontres, ce sont des ponts jetés sur des rives qui s’ignorent. Quelque chose se construit. » Par ces vrais échanges, nous construisons la paix.

Ce que j’en retiens ? Une bouffée de bienveillance et d’espérance, dont nous avons besoin pour entrer dans l’année 2020. Les jeunes chrétiens orientaux, qui rentrent dans leurs pays à l’avenir incertain, en auront besoin aussi.

 

Marielle Fontanilles

Chef de projet événementiel à l’Œuvre d’Orient

 

Retrouvez l’émission de RCF sur le Nouvel An à Wroclaw ici.