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Mgr Louis Sako, nouveau patriarche de Babylone des Chaldéens

Depuis le 28 janvier, 15 évêques chaldéens étaient réunis à Rome en synode pour élire un nouveau patriarche, le cardinal Emmanuel Delly ayant démissionné pour raisons de santé. C’est Mgr Louis Sako, archevêque de Kirkouk qui a été choisi.

L’Œuvre d’Orient se réjouit de ce choix : « l’élection de Mgr Louis SAKO, est une chance pour l’Eglise chaldéenne et tous les chrétiens  en Irak. C’est un pasteur, un homme de paix et de conviction, un homme proche de ses fidèles » commente Mgr Pascal Gollnisch qui lui a rendu visite à plusieurs reprises dans son diocèse de Kirkouk avec Mgr Marc Stenger et Mgr Gilbert Louis, évêque de Châlons en Champagne.

 

Né en 1948 d’une famille de Zakho, dans la région du Kurdistan irakien, Louis Sako a fait ses études à Mossoul et a été ordonné prêtre en 1974. Il est titulaire d’un doctorat en sciences patristique et d’un autre en histoire ancienne de l’Irak et d’une maîtrise en jurisprudence islamique. De 1997 à 2001 il enseigne au Collège pontifical patriarcal de Bagdad. Élu évêque en 2002 et confirmé par Jean-Paul II en novembre 2003.

 

Le diocèse de Kirkouk étant le lieu de conflits politiques et armés entre Kurdes, Arabes et Turkmènes, et la cible de terroristes qui s’en prend aussi bien aux chrétiens qu’aux musulmans, Louis Sako s’est montré très actif pour promouvoir sur place l’entente entre les communautés religieuses et un Irak réconcilié et unifié. Il est aussi au Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.

 

Se déplaçant fréquemment hors d’Irak pour faire entendre la voix des minorités chrétiennes, il parle couramment le français, et a reçu plusieurs récompenses pour son action en faveur de la paix, notamment  le prix Pax Christi en 2010.

Lors de la remise du Pris Pax Christi 2010, à la conférence des évêques de France, Mgr Marc Stenger disait de lui :« Mgr Louis Sako est un défenseur de premier plan des minorités menacées et un avocat ardent du processus difficile de démocratisation et de réconciliation en Irak. Il est un promoteur reconnu du dialogue interreligieux comme soubassement de la paix en Irak. Sa désignation est un signe qui veut exprimer notre confiance en l’avenir du Moyen-Orient, et encourager tous les acteurs de paix de cette contrée. »  

Discours de Mgr Louis Sako lors de la remise du Prix Pax Christi 2010 :

1. La Bonne Nouvelle de Jésus-Christ à l’humanité est un message « pratique » et non pas « théorique », elle répond à ses besoins.

Les hommes du passé, comme ceux d’aujourd’hui, souffrent de divisions, de conflits, voire de guerres. C’est pour cela que les Anges ont chanté la nuit de Noël : « Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et Paix sur terre aux hommes qu’Il aime » (la version syriaque, dite Peshitta, dit : « Aux hommes qui espèrent ») (Luc 1, 14).

La paix du Christ consiste en cette annonce : « Dieu est votre Père et, vous tous, vous êtes frères ; vivez dans la paix et la joie du Royaume ».

Voilà pourquoi les chrétiens sont appelés à être des artisans de ce projet : « Heureux les artisans de paix car ils seront appelés fils de Dieu » (Mat 5, 9).

 

2. La paix est une exigence de l’ensemble de l’humanité et son véritable espoir, parce que, sans elle, il n’y a pas de vie, de liberté et de dignité.

Je viens d’un pays qui est martyrisé et d’une Église persécutée. Je sais ce qu’est la violence et la mort, la peur, la souffrance et la rechercher angoissée d’un refuge qui amène à l’expatriation. Il suffit de rappeler le carnage de la cathédrale Notre-Dame du Perpétuel Secours, à Bagdad, qui a fait un nombre considérable de morts ; parmi eux deux jeunes prêtres, et un grand nombre de blessés.

La paix est la base de tous les biens. La « Paix » est une bénédiction divine : n’est-elle pas chez les musulmans l’un des « Beaux Noms de Dieu » ?

Cette paix dans nos cœurs et dans nos pays nous aide à surmonter difficultés et obstacles, à accepter les différences et à respecter la diversité, au lieu d’effacer le différent.

 

3. Cette paix, il faut que nous la demandions dans la prière parce que c’est Dieu qui nous la donnera. Elle est si profonde et intérieure que personne ne peut nous l’enlever.

Un homme qui prie ne peut pas être violent, égoïste ; il se souciera sans doute de la vie des gens et de leur bien-être.

Un homme de prière est ouvert, aimant, écoutant, généreux, pardonnant et collaborant ; il élargit les horizons pour inclure tout le monde, sans distinction, sans exclusion ou marginalisation.

 

4. La Paix, c’est le dessein de Dieu pour l’homme : comme l’unité, la vérité, la beauté, et l’amour. Si nous acceptons ce dessein, nous serons dans la paix ; alors une véritable intimité sera réalisée entre nous en tant que frères.

 

5. La Paix grandit ; elle se développe, se propage lorsque le concept de coexistence entre les composants de la société s’enracine en nous, et que nous éloignons de nous toutes sortes de haine, d’hostilité ou de violence.

 Aujourd’hui, les Irakiens sont appelés à une paix de réconciliation et d’amour, d’autant plus en ce moment où nous entrons dans le mois de Noël et que nos frères musulmans viennent de fêter « Al-Adha » (le Sacrifice). Deux célébrations qui sont un temps fort de prière et de conversion. Et peut-être les chrétiens de partout ont besoin aujourd’hui de se « recycler » spirituellement dans leur christianisme et leur engagement au contact des chrétiens persécutés.

 J’espère que les sept années maigres sont passées et que le sang de fidèles martyrs aboutira, j’en suis persuadé, pour le plus grand bien de l’Irak et que les Irakiens pourront jouir bientôt, comme vous en Occident, de la paix et de la stabilité. 

(           …) Je vous promets de tout faire pour propager une « Culture de Dialogue et de Paix »

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