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Mgr Pascal Gollnisch : « Dépasser l’accablement pour analyser la situation »

Source La Croix 

L’opinion publique française est légitimement horrifiée par ce qu’elle voit de la situation à Alep, des bombardements, des familles prises en otages par les uns et par les autres. Il y a des drames pour la population civile dans la zone Est d’Alep. C’est épouvantable, comme l’est toujours une guerre civile. Mais il faut dépasser cet accablement devant la réalité pour faire une analyse de la situation.

Il y a des bombes du régime sur les rebelles, mais aussi des attaques des rebelles sur les quartiers gouvernementaux. Les voix qui se font entendre, du gouvernement français, des Nations unies, à propos de ce qui se passe à Alep-Est, n’ont pas été entendues quand les bombes tombaient dans l’autre sens. Les protestations légitimes qui s’élèvent à propos de ce qui se passe dans les zones rebelles sont discréditées par le silence qui règne lors des attaques des rebelles sur les zones civiles d’Alep. En juillet, les rebelles ont failli encercler une zone civile, peuplée par 1,2 million d’habitants. S’ils avaient réussi leur offensive, cela aurait été un carnage. Mais en France, personne n’a rien dit. J’avais écrit au président de la République, sans réaction sur le terrain.

Et pendant que nous nous émouvons des combats à Alep, nous entendons que Daech a repris la ville de Palmyre. C’est absolument intolérable. Car pour prendre Palmyre, les forces de Daech sont venues de Rakka ou de Deir-Ez-Zor, et pour cela ont traversé une zone désertique. Comment se fait-il que la coalition occidentale ait laissé faire cela ? Cette reprise est un scandale culturel. Que fait l’Unesco ?

Force est de considérer que les Occidentaux ne se sont pas situés pour être une force de médiation susceptible d’aider la Syrie à avancer. Il existe une espèce d’obsession occidentale sur le départ de Bachar Al Assad. Depuis cinq ans, les diplomates français annoncent qu’il va tomber dans les quinze jours. Mais le premier objectif doit être la neutralisation des djihadistes de Daech et d’Al-Qaida qui nous menacent explicitement. Pour cela, il faut reconnaître la porosité qui existe entre les groupes rebelles syriens et ces mouvances terroristes. Lorsque cette menace sera neutralisée, Bachar Al Assad ne pourra plus se présenter comme le rempart contre le terrorisme. Et alors, les Syriens sauront faire évoluer le régime. Mais tant que nous manquerons de réalisme à ce sujet, nous ne trouverons pas de chemin de construction véritable de la paix.

En France, les gens répondent généreusement aux appels que nous lançons pour aider à la reconstruction en Irak et en Syrie. Les dons ont triplé depuis quatre ans, alors que nous communiquons plus spécifiquement sur les besoins de ces pays. En ce temps de l’Avent, les Français, plus que jamais, sont aux côtés des Syriens qui souffrent.

 

Recueilli par Clémence Houdaille