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Mgr Pascal Gollnisch : "L'Etat Islamique doit être neutralisé"

Source Corse Matin

Les chrétiens d’Orient, dans toute leur diversité, dans toute leur complexité sont au cœur de l’actualité. Monseigneur Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient, a profité de son déplacement en Corse pour rappeler l’histoire qui a forgé l’identité de ces communautés.

Après avoir présidé les cérémonies du lundi de Pâques à la paroisse grecque catholique de Cargèse et célébré une messe en la cathédrale d’Ajaccio, Mgr Gollnisch a animé une conférence intitulée « Chrétiens d’Orient, résister sur notre terre », c’est d’ailleurs le titre de son premier ouvrage publié en mars 2016. Mgr Pascal Gollnisch connaît le sujet sur le bout des doigts. D’emblée nommé par Benoît XVI « Chapelain » de sa Sainteté, il prévient : « Il faut absolument s’abstenir de juger les problèmes du Moyen-Orient à l’aune de nos problèmes d’immigration et de la présence des musulmans en France.  » Cette dernière problématique selon lui est marquée au fer rouge de la décolonisation, de logiques de ghettoïsation, tandis que la première dépend de problématiques beaucoup plus larges. D’où la passion jamais éteinte que manifeste Pascal Gollnisch pour expliquer aux Français, du sommet de l’État aux paroissiens de base, la complexité des chrétiens d’Orient. Et inversement… Une position en forme d’aller et retour perpétuellement inconfortable.

 

« Il y a des possibilités d’avenir »

Depuis des années, l’ecclésiastique tisse un double lien entre l’Orient et l’Occident, et entre Dieu et les hommes. C’est avant tout un lien d’amitié entre l’Église de France et les églises orientales qu’il veut instaurer. « On connaît mal l’histoire des chrétiens d’Orient. Il y a une diversité de communautés, leurs églises ressemblent aux nôtres, ils vivent des difficultés et ils sont attachés à leur pays. Il y a des possibilités d’avenir pour eux dans leur pays« , assure le prélat, insistant sur leur attachement à leur terre : « Ce sont des chrétiens qui sont minoritaires dans leur propre pays ; ils subissent des discriminations, des actes de violences ponctuelles, des persécutions, dans une société musulmane. Ils sont pris dans les difficultés et les complexités économiques, politiques et religieuses. « 

De pays en pays, du Liban à l’Égypte en passant par l’Irak, Mgr Gollnisch veut aider ces croyants à résister sur leur terre, « nous sommes à leurs côtés« . Un réseau de 80 000 donateurs est à sa disposition pour mener des actions éducatives et de santé dans certains pays, « les chrétiens sont utiles dans leur pays« , insiste-t-il. Avec diplomatie, il explique : « Je comprends, évidemment, l’angoisse des chrétiens. Si nous ne soutenons pas ceux qui récusent l’islam politique, si nous n’aidons pas à mettre en place des pouvoirs distants des fondamentalistes, alors risque d’émerger un régime incapable d’admettre en son sein les minorités. Ce serait un drame.« 

 

« La Syrie, le chaos »

Et la Syrie, véritable champ de mines religieux ? « Là-bas, c’est le chaos. Six ans de guerre, des erreurs occidentales, un échec diplomatique considérable. Les réfugiés subissent des situations atroces. » Dans l’immédiat, deux points préoccupent le directeur de l’Œuvre d’Orient : l’acheminement de l’aide alimentaire, et « à la rébellion proprement dite sont mêlés des groupes djihadistes et aussi de véritables bandits« , ce qui rend opaque l’avenir de la Syrie selon lui. Que pense l’homme d’église de l’État Islamique (EI) ? « C’est une mouvance de l’Islam qui s’est radicalisée dans son propre raisonnement et les principales victimes sont les musulmans. » Pour Mgr Gollnisch, il faut « évidemment » neutraliser l’EI et l’empêcher de disposer d’un territoire : « l’EI est une organisation qui a dépassé tout ce que l’on connaissait en terme de cruauté et qui a mis sa cruauté en image. L’EI, c’est effroyable, ce sont des barbares qui ont perdu tout contact avec la civilisation humaine. Il faut les neutraliser« . Son discours est direct mais assumé. Il n’a pas peur pour sa sécurité, mais prend des précautions. Et s’il dit n’avoir jamais reçu de menace, s’il n’a jamais non plus été visé par un acte de violence, il sait qu’il est exposé. « La relation de l’homme à Dieu m’aide à avancer, la prière aussi » , dit-il. Au fond, même au milieu des complexités orientales, ou au sein des clivages franco-français, Mgr Gollnisch reste passionné par la vie des communautés qui lui sont confiées.