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« Mon Seigneur et mon Dieu ! » Mgr Ignace Youssef VIII Younan patriarche syro-catholique d'Antioche

Cette exclamation de l’apôtre Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu! » racontée dans l’évangile est la confession de foi de l’apôtre incrédule qui doutait du témoignage des dix autres apôtres comblés de joie pour avoir vu Jésus ressuscité ! C’est à cause de son incrédulité que Jésus nous dit : « Heureux ceux qui ne m’ont pas vu et qui ont cru » (Jean 20:28-29).

Le Seigneur nous invite à renouveler notre foi en sa Résurrection par laquelle il a aboli la mort. C’est en commémorant sa Passion et sa Résurrection que nous célébrons le triomphe de la vie sur la mort, la lumière sur les ténèbres, la vérité sur le mensonge, la paix sur la violence et la joie sur le chagrin.

Nous sommes donc heureux d’exprimer à vous tous, chers frères, fils et filles dans le Seigneur, là où vous soyez, au Proche-Orient et dans la Diaspora, nos vœux les plus sincères et nos prières ferventes, implorant le Ressuscité de vous accorder sa grâce, sa promesse de paix et la joie de continuer votre pèlerinage sur terre, comme témoins de l’amour et de l’espérance.

 

Les apparitions confirment la foi des disciples

Les apparitions du ressuscité aux siens bien-aimés furent dans des lieux et types différents. Les premières, ce sont les saintes femmes qui ont raconté la nouvelle de la résurrection. Puis, les disciples qui se réunissaient à la maison avec les portes fermées, par crainte de ceux qui avaient conduit leur divin Maître à la crucifixion et qui étaient douteux et extrêmement confus. Le ressuscité vint les rassurer et les envoyer en mission.

Ce même dimanche Jésus apparaît parmi eux et leur dit : « La paix soit avec vous ! ». A plusieurs reprises le Ressuscité apparaissait à ses disciples, pour les encourager, confirmer leur foi et les envoyer à devenir ses témoins en évangélisant les peuples : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ».

Puis, les deux autres apparitions très émouvantes, lorsque Jésus apparaît aux disciples allant à Emmaüs et aux apôtres qui se donnèrent un rendez-vous pour la pêche au lac de Tibériade.

 

La Résurrection : fondement de notre foi

La Résurrection du Seigneur Jésus est devenue le point central de notre foi chrétienne : « Et si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine » (1 Corinthiens 15 : 14). Par sa mort, le Christ nous a libérés du péché et par sa Résurrection il a vaincu la mort, nous donnant l’assurance de la nouvelle vie.

C’est le message de l’ange aux femmes qui étaient allées à la tombe à l’aube du dimanche, pour embaumer le corps de Jésus : « Ne vous effrayez pas, vous cherchez Jésus de Nazareth, qui a été crucifié; il est ressuscité, il n’est pas ici ; voici le lieu où on l’avait mis » (Marc 16: 6).

Durant la saison pascale, nous avons la très louable coutume d’échanger les vœux avec cette belle salutation : « Le Christ est ressuscité! Il est vraiment ressuscité !».

 

La foi en la Résurrection : un don de Dieu

La foi chrétienne se base sur la foi en la Résurrection : Confesser que Jésus est ressuscité pour notre salut est un don de Dieu. C’est ce que le Seigneur avait rappelé à Simon Pierre quand il l’a reconnu  Fils de Dieu, à Césarée de Philippe : « Ce n’est pas la chair et le sang qui te l’ont révélé, mais est mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 16: 17).

La foi est la réponse de l’homme à l’appel de Dieu révélateur de Sa Vérité, afin que le croyant puisse entrer en communion avec Dieu par la grâce; alors l’homme soumettra son esprit et sa volonté à Dieu, et accepte de se conformer avec ce que Dieu lui révèle (Catéchisme de l’Eglise catholique, 26, 142-143).

« Sans l’Esprit Saint, personne ne peut dire: Jésus est le Seigneur ! » (1 Corinthiens 12,3). Au soir de la Résurrection, Jésus ressuscité, soufflant sur les apôtres, leur donne l’Esprit Saint et comble leurs cœurs de paix et de joie !

 

La Résurrection : message de paix  et d’espérance

Notre Eglise Syriaque d’Antioche tant éprouvée au long des siècles, met l’accent sur le thème de la Paix, dans la célébration pascale. C’est avec un salut de paix que le ressuscité débute ses multiples apparitions aux disciples. C’est pourquoi notre Eglise célèbre le « rite de la paix » précédant la liturgie divine le dimanche de la Résurrection, pour supplier le Ressuscité de faire régner Sa paix dans le monde entier. Dans cette saison bénie, nous prions et formulons l’espoir qu’une juste et durable paix puisse sauver nos pays du Proche-Orient, qui ont tant souffert, à cause des guerres destructives, des conflits et des crises économiques étouffantes.

 

Pour le Liban,

un pays cher à nous tous, qui en ces temps tumultueux que traverse le Proche-Orient, mérite notre haute considération et notre soutien inconditionnel. Il est temps que ce petit pays puisse surmonter les problèmes menaçant son identité et son existence même ; des problèmes de sécurité comme ceux économiques et environnementaux causés principalement par l’afflux d’un million de réfugiés fuyant la Syrie et l’Irak ; mais aussi à cause des interférences extérieures.

Nous nous réjouissons que des prochaines élections législatives aient enfin lieu en mai prochain, après neuf ans de report. Par ailleurs, nous réitérons notre demande que justice soit faite pour nos deux communautés syriaques, catholique et orthodoxe, pour avoir deux sièges au parlement. Notre communauté syriaque est reconnue par son attachement profond au Liban, un pays-mission pour la région et le monde entier, pour le quelle elle a offert des milliers de martyrs qui se sont sacrifiés pour l’indépendance et la liberté de cette patrie bien-aimée.

 

La Syrie,

ce pays voisin, ne cesse de souffrir, à cause des conflits sanglants qui durent depuis voilà huit ans. Nous déplorons les résultats dévastateurs de cet hécatombe : des centaines de milliers de morts et blessés, des millions de déracinés et déplacés, des infrastructures détruites et le moral du peuple au seuil du désespoir. Pour ce, nous répétons que les chrétiens originaires de ce pays, berceau du christianisme, ont été trahis par leurs frères dans la foi, à cause de l’opportunisme de leurs dirigeants politiques et la complicité des médias agglomérés.

Nous prions pour que les efforts déployés, soit par le gouvernement national et la majorité du peuple à l’intérieur de la Syrie, soit par les pays régionaux et internationaux, mettent fin à ce conflit absurde et horriblement destructeur. Il est de premier ordre qu’on arrête l’acheminement des armes et des terroristes qui continuent à ravager ce pays. Une condition nécessaire pour poser les fondements réels de la réconciliation, la paix et la justice. En effet restaurer la stabilité en Syrie est une question vitale pour la survie de ses multiples minorités, particulièrement les chrétiens. C’est aussi une question de survie pour le Liban voisin.

Nous n’oublions pas de renouveler notre demande de libérer tous les kidnappés religieux, civils et militaires, surtout les deux archevêques d’Alep, Mar Grégorios Yohanna Ibrahim et Boulos Yaziji, ainsi que les prêtres Paolo Dall’Oglio, Isaac Mahfoud, et Michel Kayal.

 

Pour l’Irak,

terre de Mésopotamie tellement éprouvée depuis plusieurs générations, la Résurrection est une annonce d’espérance et de salut. C’est le triomphe de la volonté de vie sur la mort, de l’amour sur la haine. C’est enfin la victoire sur les idées ténébreuses des «takfiristes» qui ont semé la terreur et commis les horribles massacres par fanatisme et radicalisme.

Des dizaines de milliers de chrétiens ont été déracinés de leur terre natale, dans la Plaine de Ninive, suite aux attaques meurtrières et les menaces des bandes criminelles de Daech survenues en été 2014. Nous supplions le Seigneur ressuscité de redonner la paix tant désirée par ce pays meurtri par les fautes d’hommes avides de pouvoir et des richesses matérielles.

Nous exhortons les responsables Irakiens, soit dans le gouvernement central de Bagdad, soit au Kurdistan, d’œuvrer à inspirer la confiance dans les âmes et la sécurité pour tous. Qu’ils se donnent honnêtement à instaurer les principes de la démocratie et les fondations d’un état moderne, d’après les promesses des candidats aux prochaines élections législatives.

Nous encourageons nos chers fidèles déplacés à l’intérieur et ceux exilés à travers le monde, de faire retour à leur terre d’origine et déconsolider leur unité, afin que leur voix soit entendue. C’est dans l’unité des chrétiens que dépend leur survie dans in Irak libre, démocratique et juste, qui devra assurer l’égalité des droits et des devoirs pour tous les citoyens.

 

Quant à la Palestine,

la terre sainte où notre Seigneur est né, mis à mort et ressuscité, nous aspirons comme ses habitants de bonne volonté, à une paix juste et durable, et ce, par une réconciliation sincère et édifiante. Nous ne cessons pas de prier pour que le divin ressuscité inspire peuples et communautés religieuses à s’accepter mutuellement et travailler à instaurer une convivialité mutuelle, réelle et honnête.

Nous renouvelons notre appel, en accord avec Sa Sainteté le Pape, les églises-sœurs et la communauté internationale, afin que Jérusalem soit la capitale mondiale de la paix et du dialogue par excellence. Qu’elle retrouve sa vraie vocation d’être un pont qui réunit les fidèles des trois religions de partout le monde, et, qu’elle reste comme le Créateur Dieu d’Abraham a voulu, une vraie «Jérusalem» : ville de la paix !

 

Mots de remerciements

Nous ne pouvons pas oublier le témoignage de charité chrétienne que les communautés catholiques ont apporté à leurs frères et sœurs horriblement éprouvés au  Proche-Orient. C’est par leurs prières et leur solidarité effective, que les Chrétiens de la Syrie et l’Irak ont pu affronter toute sorte de dangers et persévérer dans la foi, fidèles au Seigneur qui a promis de ne pas abandonner Son petit troupeau.

Notre voudrions exprimer notre profonde gratitude aux associations d’entre-aide chrétienne et humanitaire, les quelles ne cessent de prodiguer généreusement leurs aides pour accélérer le retour de nos communautés déracinées dans leur terre natale, reconstruire leur habitat et œuvrer en unisson avec leurs voisins pour un avenir meilleur. Nous adressons un mot de vif remerciement tout particulièrement à l’Œuvre-d’Orient, l’Aide à l’Eglise en Détresse, les Chevaliers de Colombe, Caritas et bien d’autres organisations catholiques partout au monde.

Un exemple émouvant de charité représente la quête que notre Eglise-Sœur des Malankara Syriaques Catholiques a si fraternellement offerte pour nos réfugiés, durant notre dernière visite au Kerala en septembre 2017.

 

Prière

O Christ ressuscité, par Ton salut de paix le soir de Ta Résurrection, Tu as dissipé la peur de tes disciples et par Ta compassion, tu as convaincu Thomas l’incrédule à avoir la foi en Ta victoire sur la mort.

Nous Te supplions de nous confirmer dans la foi, de fortifier notre faiblesse et d’éloigner de nous les épreuves qui causent la peur et le doute; afin qu’à l’exemple de Saint Thomas apôtre, nous puissions Te reconnaître notre vrai «Seigneur et Dieu».

 

En cette saison la Résurrection, nous implorons sur vous les bénédictions de la Très Sainte Trinité : le Père, le Fils et le Saint-Esprit, Amen.

LE CHRIST EST RESSUSCITE, VRAIMENT RESSUSCITE

 

                                                           Ignace Youssef III YOUNAN                

Patriarche d’Antioche de l’Eglise Syriaque Catholique