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Noël en Syrie: je ne ferai pas de fêtes de joie dans un pays endeuillé

« Les syriens sont un peuple discret, qui ne parle pas, qui ne s’exprime pas, qui souffre seul, et qui meurt seul », nous confiait un prêtre de Syrie récemment.

Etre prêtre en Syrie est une charge lourde et délicate. Tout en soutenant sa communauté, le « pasteur » a un devoir d’Espérance. Ces religieux font face à différentes problématiques :

  • L’émigration :

Les chrétiens ont toujours en mémoire le massacre des orthodoxes suite aux guerres de Crimée fin XIXème. L’Église orthodoxe a ainsi perdu 40 000 martyrs mais l’Église catholique a également perdu des fidèles, que Pie XI a béatifiés. « Mes fidèles pensent que l’on va devenir martyr comme eux », nous confiait un prêtre de Damas. Il poursuit « Les chrétiens syriens ont vu les réfugiés irakiens arriver en Syrie. Ils ont pensé : « aujourd’hui c’est eux, demain c’est nous » ».

Depuis quelques temps, beaucoup de chrétiens expriment leur volonté de partir et demandent de l’aide aux paroisses catholiques pour obtenir leur visa. (Les Églises doivent pouvoir leur fournir leur certificat de baptême, essentiel dans l’obtention du Visa).

  • La catéchèse et l’exhortation apostolique :

Les écoles catholiques ont été longtemps fermées. Dans l’exhortation apostolique, le Pape Benoit XVI a donné aux évêques une feuille de route pour l’avenir :

Vivre un œcuménisme, plus poussé, entre chrétiens,

Vivre une collaboration plus forte avec l’Islam, lancer un dialogue plus fort avec l’islam,

Donner leur place aux jeunes dans l’Église,

Former les cadres pour animer les paroisses

Diffuser l’enseignement social de l’Église : de nombreux problèmes sociaux peuvent être traités conjointement avec les musulmans.

Mais il est quasiment impossible en temps de guerre de mettre cela en pratique : actuellement « On n’anime rien. On se cache. On peut mourir en route. En allant à la messe. »

  • La préparation des fêtes de Noël :

Malgré les haines, les souffrances, les peurs, Noël nous aide à discerner des signes d’Espérance. Il est pourtant difficile d’adresser des vœux au milieu des violences de ce monde.

Auparavant les chrétiens fêtaient Noël, en distribuant des cadeaux aux enfants, en organisant une grande fête, un « réveillon ». A l’approche de Noël se pose la question de comment accueillir la naissance du Christ dans un pays en guerre. Un autre prêtre nous confiait : « Je ne ferai pas de fêtes de joie. Dans un pays ensanglanté et endeuillé a-t ‘on le droit d’avoir une fête ? Une soirée de prière, oui, mais pas de fête. Les musulmans n’ont pas fêté le ramadan : ça a été un des jours les plus cruels pour eux. Nous n’allons pas faire la fête alors que des hommes meurent

« Mais la naissance de Jésus en Orient nous permet de discerner des signes d’Espérance et apporte un réconfort à l’humanité entière. ».