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Des nouvelles de... Thibault, volontaire pour l'Œuvre d'Orient au Caire

Depuis trois mois, j’enseigne le français ….et bien au-delà : le comportement, le respect, la concentration, les valeurs… aux élèves du primaire du grand Collège de la Salle du Caire et je pense que les premiers résultats arrivent.

 

« Au Collège, la routine semblait s’installer…

Les semaines défilaient d’autant plus vite que le rythme était chargé. Du lundi au jeudi, ainsi que le samedi, je continue de m’occuper de mes douze classes du grand primaire. Pour les faire avancer, il faut manier habilement le bâton et la carotte : expulser du cours les indisciplinés, sans se laisser attendrir par leurs « pardon Monsieur, dernière fois », et récompenser les pertinents par des bons points, à l’ancienne. Le Caire a reçu sa première averse récemment, excitant les élèves de la même manière que nous l’étions en notre temps lorsque tombaient les premiers flocons de neige. Au préparatoire, j’ai à présent six classes, mais j’assure le cours avec le professeur en charge. Je rejoins les premières petits primaires pour suivre leur cours d’arabe, mais le niveau est déjà trop élevé pour moi. Alors je me contente d’ouvrir grand mes oreilles et de m’appliquer pour recopier ce qui est écrit au tableau. Finalement, je suis vraiment dans un environnement francophone, alors cela me force à entendre de l’arabe, articulé et répété, avec lequel je peux me familiariser. Et j’ai aussi rejoint le pré-jardin, chez les tout petits. Là ça va…

Rassemblement du matin
Rassemblement du matin

Dernière chose, et pas des moindres : me voici responsable de la modélisation des Nations unies (MUN) pour les élèves de 1ere de la section française. Dix lycéens incarnent chacun un Etat, et doivent promouvoir leur position, dans le formalisme propre de l’Assemblée générale des Nations unies. Nous nous réunissons toutes les deux semaines pour débattre et apporter notre solution à une crise géopolitique, dans la perspective de rejoindre les 50 délégués du MUN du Lycée français à la fin de l’année, pour une grande séance commune. Anecdote amusante, à Lyon j’ai moi-même participé à deux MUN. Aux deux, j’ai incarné l’Egypte. Coïncidence ? Je ne pense pas.

A côté du cadre du Collège, je me suis bien sûr attelé à apprendre l’arabe. Eh bien croyez-moi, apprendre une langue aux sonorités si différentes, et à l’alphabet complétement étranger, c’est un sacré défi. Et encore, je ne vous parle pas des différences entre l’arabe classique et l’arabe égyptien (le dialecte) qui se retrouvent à l’oral et à l’écrit. Mais, comme on dit ici, shouaïa shouaïa, petit à petit.

Les 18, 19 et 20 décembre ont eu lieu les examens oraux pour le grand primaire. La tension était palpable chez les élèves, déboussolés devant un exercice oral qu’ils ne savaient pas comment préparer. Cette fois, pas de leçon à apprendre par coeur à recracher tranquillement à l’écrit. L’occasion de voir vraiment le niveau de chacun. Dans l’ensemble, ils se sont bien débrouillés. Il fallait savoir se présenter, répondre et poser des questions, et jouer un client d’une librairie, d’un restaurant… Espérons qu’à la rentrée ils auront gardé leur sérieux. Quant à moi, ça m’a fait tout drôle de me retrouver à la place de l’examinateur, et de devoir attribuer une note qui se retrouvera dans le bulletin.

« A l’approche de Noël, nous avons reçu la visite du Frère Supérieur général de l’Institut des Frères des Ecoles chrétiennes

Ce fut l’occasion pour moi de rencontrer davantage les Frères et les laïcs de la communauté lassalienne du district du Proche Orient, regroupant avec l’Egypte la Turquie, la Jordanie, la Terre Sainte, et le Liban. Beaucoup d’entre eux avaient en effet fait le déplacement. Pendant quelques jours, une grande effervescence agita tout le Collège, entre fanfares et chorégraphies des élèves, discours, réunions, visite des classes, entretiens, buffets bien garnis… Le 16 décembre, la chorale du Collège, brillamment emmenée par le directeur de l’établissement, nous offrit un récital de chants de Noël, sacrés et profanes. Le Minuit, chrétiens, malgré les 10h30 qu’il était, me fit frissonner. L’enfant qui vient de naître de Haendel eut un succès tel qu’il fut repris.

En salle de cours
En salle de cours

Toutes les deux semaines, quelques élèves du préparatoire se rendent au « Progrès Egyptien », un quotidien francophone. Ces apprentis journalistes découvrent les ficelles du métier : comment mener une interview, rédiger des critiques dramatiques, construire la maquette du journal… Vivement intéressé, j’ai rejoint l’aventure. Les défis sont nombreux : entretiens avec d’anciens élèves du Collège occupant ou ayant occupé des postes importants (ancien premier ministre, ministre du pétrole…), entretien avec le Frère Supérieur général lors de sa visite en Egypte, et en mars la critique de vingt pièces qui s’enchaineront lors d’un festival de théâtre.

 

Week-end scout à Anafora

Chef de la troupe scoute de la paroisse latine francophone de Maadi, nous avons fait sa traditionnelle retraite d’entrée dans l’Avent au sanctuaire d’Anafora. La troupe était du week-end, en campant de notre côté et en participant à quelques activités : olympiades avec les enfants, veillée de prière, messe et déjeuner le lendemain. Anafora est un lieu magnifique. C’est vraiment un havre de paix, de calme, de verdure, à proximité du Caire. C’est l’occasion de reprendre quelques basiques difficiles à travailler lorsqu’on est perdus dans le désert, comme l’exploration et la topographie, le parcours Hébert. Ce week-end fut l’occasion de passer plus de temps avec les paroissiens, et de bien sentir que la troupe appartient à la vie de la paroisse. Petit à petit, je connais mieux mes scouts. Encore plus qu’en France, il y a une lourde inertie difficile à gérer, il faut vraiment mettre la main à la pâte pour que cela avance. Mais j’ai pu constater un réel enthousiasme.

 

Thibault et ses scouts

 

 

Un petit tour à la campagne

Quittant le bruit assourdissant des klaxons et muezzins du Caire, je pensais trouver dans la ruralité de la vallée du Nil un calme apaisant, et une certaine fraîcheur champêtre. Avec deux frères du Caire, nous allons à Bayadeya, pour une fête en l’honneur du Frère Guy, un Français qui a énormément œuvré pour l’alphabétisation de ce village, et qui part en retraite au Liban. Pour monter en Haute-Egypte, nous empruntons la nouvelle autoroute construite par l’armée, qui se déroule au milieu du désert en longeant de loin le Nil. L’accueil est incroyablement chaleureux. Comme d’habitude, on n’a laissé personne mourir de faim. Les seuls étrangers que les habitants voient passer chez eux, ce sont des frères, alors forcément, je me plie au jeu. En me promenant dans les rues de terre, me voilà plongé dans la réalité de la campagne égyptienne. Cela fait beaucoup de bien de respirer de l’air frais, non pollué. La porte des maisons se trouve après de hautes marches. Avec tout le sable, la poussière, les déchets, le niveau du sol monte, alors on anticipe… Sur toute la périphérie des habitations, on croise de grosses gamousses, la vache rustique égyptienne. La circulation est très reposante : on se déplace nonchalamment à dos d’âne. Le linge est lavé par les femmes dans un Nil majestueux. Profitant d’être en majorité, c’est au tour des chrétiens de faire jouer les hauts parleurs : toute la messe est retransmise en direct jusque dans les champs, à tel point que les fidèles ne se déplacent pas à l’église, puisque que la messe vient à eux. Bien sûr, les mosquées ne sont pas en reste, les appels à la prière et le prêche du vendredi résonnent également.

Bref une mission enthousiasmante qui me fait grandir à tous points de vue. Alors dites aux jeunes de votre entourage de venir faire la même chose dans l’un des 40 collèges francophones d’Egypte : les missions avec l’Œuvre  d’Orient les attendent et on promet l’épanouissement !

 

Je vous souhaite à tous une très bonne année 2018 !

Thibault VDB