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Prix littéraire de L’Œuvre d’Orient 2020 : Retrouvez les questions – réponses avec le lauréat Pierre Klein

Le jury de la 9ème édition du Prix littéraire de L’Œuvre d’Orient a attribué le prix de cette année à Pierre Klein pour La pérégrination vers l’Occident. A cette occasion, Pierre Klein a accepté de répondre à nos questions.

→ Pourquoi avez-vous décidé d’écrire sur les chrétiens d’Orient ?

Pierre Klein : C’est une suite de hasards et de rencontres. Le sort des peuples persécutés pour leur religion m’a toujours bouleversé. Singulièrement celui des Tibétains et des chrétiens d’Orient. Quand j’ai lu, tout à fait par hasard, la chronique rédigée en 1318 racontant les pérégrinations des deux moines, j’ai eu envie de partager leur aventure inouïe en la rendant accessible et attrayante tout en la replaçant dans son contexte historique et culturel. J’ai alors consacré une bonne partie de mon temps disponible à lire et voyager, pendant une quinzaine d’années, avant de me décider à écrire.

→ Votre livre est dans la présélection du prix littéraire pour la description réaliste et le message d’espoir qu’il porte sur les chrétiens d’Orient : pourquoi a-t-il sa place dans ce prix ?

PK : L’histoire de l’Eglise nestorienne est méconnue. Revenir à la source de la présence des chrétiens au Moyen-Orient, comprendre leurs originalités, observer une des périodes de leur épanouissement, discerner les constantes de leur situation, tout cela permet de mieux apprécier la place des chrétiens d’Orient d’aujourd’hui. De prendre conscience de leur ancrage et de leur légitimité dans une région où leur présence est trop fréquemment contestée. Par pure ignorance ou par avidité sordide. Ceux qui habitent dorénavant en France connaissent souvent mal leurs racines, ce livre sera aussi, je le souhaite, une opportunité pour eux de se les réapproprier.

→ En quoi un lecteur occidental peut-il être touché/intéressé par votre livre ?

PK : Il peut déjà être intéressé par la découverte d’une époque largement ignorée. Les raisons des croisades. Les Mongols en Mésopotamie pour plus d’un siècle. Des temples bouddhistes dans toute cette région alors qu’il n’en reste aucun souvenir. L’initiation des relations directes entre l’Est et l’Ouest de l’Eurasie qui ne seront plus jamais rompues. Les découvertes et les étonnements réciproques. Le monothéisme chamanique mongol protégeant toutes les religions. Les tentatives d’alliance. Un monde propre à surprendre sans cesse le lecteur.

Un monde où les rapports entre politique et religion sont au cœur des enjeux. Ces rapports concernent tous les continents et toutes les époques. La nôtre ne fait pas exception. Dans cette histoire, on croise des chrétiens et des musulmans, des Mongols tengristes et des bouddhistes, des zoroastriens, etc. Les relations entre les uns et les autres ne peuvent nous laisser indifférents. Pourquoi et comment une tradition prend-elle le pas sur une autre ? Comment le pouvoir s’en sert-il ? Quels compromis une religion doit-elle être prête à passer ? Ce sont toujours des questions d’actualité.

Enfin, il me semble que la théologie des assyro-chaldéens, moins rigide, fondée plus explicitement sur la participation libre et active de l’homme au projet divin, moins centrée sur la faute et plus portée à la confiance, en un mot moins augustinienne, est susceptible d’apporter un éclairage bienfaisant sur le christianisme à nos contemporains. D’autant plus depuis que Jean-Paul II et le catholicos assyrien ont convenu que les anathèmes réciproques reposaient en bonne partie sur des malentendus.

J’espère qu’à la lecture de ce livre, on percevra mieux le rôle singulier et irremplaçable des chrétiens d’Orient aussi bien dans la chrétienté universelle que dans le Moyen-Orient.


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