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Rameaux à Jérusalem

Dimanche de Palmes

A Jérusalem, où les événements de notre salut se sont produits, on dit dimanche de Palmes.

Et c’est vrai : la foule qui descend du Mont des Oliviers et se rend à la Vieille Ville en portant d’immenses palmes donne à la procession une fort belle allure.

En plus, le tempérament des fidèles et l’éclat du soleil donnent à la fête sa joie et sa majesté. Jérusalem accueille son Messie et son Roi. Et j’ai toujours le sentiment qu’elle l’accueille et qu’elle ne l’a pas encore accueilli. C’était déjà le cas au temps de Jésus, au point que Jésus pleura sur Jérusalem. Accueilli les palmes à la main, il sera rejeté et crucifié quelques jours après.

Tout se côtoie

Aujourd’hui encore, tout se côtoie : la joie et les pleurs, l’amour et la haine. Aujourd’hui encore les habitants sont divisés, même s’ils sont chrétiens. Quand donc Jérusalem aura-t-elle répondu à sa vocation et accompli sa mission ?

Quand dira-t-on avec le psalmiste: en elle tout homme est né ? Le mystère est trop grand ; on ne peut comprendre : comment tous ces croyants au Dieu unique se retrouveront-ils en paix et les chrétiens unis et en communion avec tous les autres croyants ? Est-ce que, un jour, ça arrivera ? Ce sont autant de questions que nous devons nous poser à l’orée de la Semaine sainte pour que nos célébrations ne se réduisent pas de simples évocations du passé.

Il y a une grande actualité en ces liturgies : elles font plus qu’évoquer ; elles rendent présents et actuels les mystères de notre salut. Et là-bas, à Jérusalem, l’actualisation a encore plus de prégnance.

Nécessité d’un acte de Foi

Il faut un grand acte de foi pour voir le salut à l’œuvre dans les épreuves que subissent tous les peuples qui convergent sur Jérusalem. Et pourtant, ils convergent quand même ! Après tout, lors de sa passion, il n’était pas évident de voir en cet homme Jésus glorifié puis vilipendé et traîné au lieu d’exécution le sauveur du monde. Aujourd’hui, les chrétiens au moins sentent la nécessité de s’unir mais n’y arrivent pas encore. Ils célèbrent à Jérusalem Pâques le même jour mais pas ensemble. Pâques n’évoque rien de particulier pour les musulmans, encore qu’ils voient bien que c’est fête pour les chrétiens et pour les Juifs. Juifs et chrétiens s’ignorent de trop. C’est que tout cela s’inscrit sur un fond extrêmement violent où les communautés, qu’on tente de séparer, se sentent toujours menacées, souvent agressées.

Tout le monde souffre ; certains se sentent humiliés, d’autres ont peur, tous ont besoin de sécurité et de paix. Nous ne pouvons pas célébrer ces jours saints sans nous sentir en communion avec l’Eglise Mère, celle de Jérusalem, avec tout ce qu’elles endurent, l’Eglise et la Ville. Comme s’il fallait que le point d’origine de l’Eglise concentre en lui toute la souffrance du monde et la représente. Rude convergence d’Orient et d’Occident sur la Croix !

Chronique de Mgr Philippe Brizard à Radio Notre-Dame, samedi 4 avril 2009