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Rencontre entre le Pape François et Mgr Raphaël Kuteimi, victime de l’attentat de la cathédrale de Bagdad

Pouvez-vous nous rappeler dans quelles circonstances êtes-vous arrivé en France ?

Le 31 octobre 2010, lors de l’attentat contre la cathédrale de Bagdad, j’étais vicaire général du diocèse de Bagdad, et évêque coadjuteur de la ville. J’ai vu mourir sous mes yeux mes deux vicaires de 27 et 30 ans, et 45 paroissiens. J’ai moi-même été blessé d’une balle dans le dos, comme 70 autres personnes. Après deux semaines d’hospitalisation à Bagdad, un avion français est venu nous récupérer pour nous conduire à Paris où nous allions finir nos soins. Quelques temps après mon arrivée à Paris j’ai rencontré Monseigneur Gollnisch, le directeur de l’Œuvre d’Orient, qui m’a accueilli dans sa paroisse. Je suis aujourd’hui réfugié en France, et présent à la paroisse Saint François de Sales.

Récemment, vous avez eu la joie de rencontrer le Saint Père François…

Vous avez raison de parler de joie, c’était un moment qui a changé beaucoup de choses en moi. J’accompagnais justement un groupe de la paroisse en pèlerinage à Rome, et grâce à Monseigneur Gollnisch et l’Œuvre d’Orient j’ai eu la chance de concélébrer la messe du pape le 4 mai dernier. C’était un moment très émouvant, mais après la messe, chaque évêque a pu baiser la main du Saint Père. Quand je lui ai dit qui j’étais, il m’a pris dans ses bras en me serrant fort, je n’ai pu que pleurer.

Qu’avez-vous ressenti ?

J’ai ressenti la puissance de l’Église Universelle à ce moment là. Je n’étais venu qu’une fois à Rome dans ma vie, j’étais là en son cœur à nouveau, dans les bras de son chef. Le pape est devenu pour moi à cet instant le chef incarné de l’Église. En Orient, nous sommes très loin de Rome, très loin du pape, différents de l’Église occidentale, j’ai senti qu’en m’embrassant, ce sont tous les chrétiens d’Orient qu’il prenait dans ses bras. J’ai vraiment compris combien nous faisions partie de l’Église, et combien nous étions présents dans le cœur du pape. Il m’a assuré de sa prière pour tous les chrétiens persécutés, c’était tellement émouvant…

Qu’espérez-vous ?

La paix et la sécurité, que nous puissions vivre en paix. J’ai du mal à comprendre ce qui s’est passé chez nous. J’ai passé ma vie aux côtés de musulmans sans avoir avec eux le moindre problème, nous nous entendions vraiment bien, nous étions tous irakiens… Que s’est-il passé ? Pour moi la raison était extérieure, mais elle est devenue terriblement menaçante. Je voudrais que des chrétiens restent dans nos pays, continuent à aller dans nos églises, à porter nos œuvres… mais la vie est tellement dangereuse et difficile… Il faut prier, et espérer. Je ne suis pas un homme politique, et j’ignore quelles solutions sont envisageables, alors je prie, et je remets ça à la grâce de Dieu.

Propos recueillis par Charlotte d’Ornellas

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