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Armer les kurdes, création d'une police chrétienne, menace pour l'Europe, retrouvez l'interview de Mgr Gollnisch sur RFI

Religions du Monde, une émission de Geneviève Delrue sur RFI.
Pour écouter directement l’interview de Mgr Pascal Gollnisch, aller à 9’00’.

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Il y a des questions d’ordre politique, voir même, d’ordre militaire.

Les chrétiens et les autres minorités, yezidis, et des musulmans minoritaires, sont devant un groupe d’une violence et d’une cruauté sans commune mesure. Ce ne sont pas simplement des combattants qui par la violence, l’usage de la force veulent prendre le pouvoir, c’est un groupe qui érige la cruauté en système terroriste. On est devant des terroristes qui mettent en image leur propre cruauté pour terroriser toute une région.
Il faut se poser la question d’une neutralisation de ce groupe.

  • Cela passe par une action militaire. Les américains sont intervenus, les autres puissances doivent pouvoir intervenir, les Nations Unies, …
  • Il faut neutraliser l’armement de ce groupe, l’armement lourd qu’il a dérobé à l’armée irakienne,
  • Il faut traduire les chefs devant la justice internationale pour crimes de guerre et génocide – M. Laurent Fabius a évoqué le mot de « génocide » contre les chrétiens et yezidis.
  • Il faut également fermer leurs sources d’approvisionnement. Le Conseil de sécurité l’a demandé et nous souhaitons une enquête internationale pour savoir qui les a soutenus jusqu’à maintenant – car ce groupe n’est pas né du jour au lendemain – de quel soutien a t-il pu bénéficier : a t-il reçu le soutien de pays ou simplement de personnalités qui en avait les moyens ? Nous devons faire la clarté la dessus

Deuxième volet l’aide d’urgence

Des centaines de milliers de gens sont encore à la rue. L’aide internationale se met en place mais c’est toujours trop lent pour les gens qui sont à la rue, car cette aide d’urgence doit aller aux familles concernées. C’est toute une infrastructure d’urgence qui doit se mettre en place.

Troisièmement les perspectives d’avenir

Il n’y en a pas beaucoup, il y en a deux.
1ère possibilité qui a notre préférence : arriver à sécuriser les zones où les chrétiens habitent, de manière à espérer que les chrétiens retournent dans leur ville et leur village.

Pour le moment ils ne le veulent pas, parce qu’ils ont trop peur de rentrer chez eux. Si on ne fait que repousser les terroristes de quelques km, c’est évident qu’ils ne vont pas rentrer chez eux. La chose ne sera possible que si les zones sont sécurisées, certes par les kurdes, qu’il faut donc armer, même si cela me gêne de dire ça, je ne suis pas un « va-t’en guerre », je suis un prêtre catholique. Devant le terrorisme il faut bien que la force s’exerce.

Il faut qu’il y ait une sorte de garantie internationale qui permette à ces villes et villages chrétiens d’être sécurisés.

Il faut, hélas, jamais l’Œuvre d’Orient ne l’a dit, mais maintenant il faut le dire, il faut qu’il y ait une sorte de police chrétienne armée dans les populations chrétiennes qui assurent un minimum de sécurité, pour que le premier venu avec une mitraillette ne puisse pas tuer tous ceux qu’il a envie de tuer. Les images existent mais aucune chaine de télévision ne les a montrées car elles sont insoutenables. On a raison de ne pas les montrer, mais chacun peut les voir.

L’action du Pape François

Le Cardinal Barbarin est venu à Erdbil avec l’accord du St Père, du moins du Secrétaire d’État. Le Pape a envoyé un Cardinal sur place, le Cardinal Filoni, que j’ai pu recevoir à Erdbil quand il est arrivé. Par conséquent il n’a pas dit que des paroles, il a envoyé des personnes. C’est un changement de ton important. C’est assez rare que le Pape François dise qu’il faut envisager la force. Ce n’est pas le discours du St Siège.

Certes il s’agit d’envoyer la force dans le cadre des Nations Unies. En Irak, les interventions américaines ont été extrêmement difficiles quant au résultat. On ne peut pas recommencer des interventions qui n’auraient pas un minimum de régulation internationale.

C’est très nouveau que le St Siège entre dans cette démarche de dire « il y a des moments où la force de la Communauté internationale doit s’exercer ». Ce n’est pas notre discours habituel. L’Église n’est pas faite pour cela mais à des moments il faut relayer l’appel au secours de populations traumatisées par la cruauté de ce groupe.

L’Europe est-elle menacée par cette situation ?

Là encore c’est le Ministre des Affaires Étrangères qui l’a dit lui-même mais c’est ma conviction, ce groupe menace toute la région. Si nous laissons ce groupe s’installer, il n’y a pas d’espoir pour la Jordanie, pour le Liban, … Ce groupe va menacer toute la région. Et au-delà de la région, il aura un accès à la Méditerranée, par conséquent, il faut bien comprendre que ce groupe là sa visée c’est l’Europe. C’est évident. Nous avons déjà vu de manière ahurissante des centaines d’européens venus se battre avec eux et, comprenez bien qu’ils ont le sens de la stratégie, du pouvoir, et une fois qu’ils se seront stabilisés dans la région, ils viendront menacer l’Europe.

Leur cruauté est telle qu’il est désorientant de répondre à une telle cruauté. Les musulmans européens eux même ont senti le danger et ont fortement condamné les agissements de ce groupe. Je crois que l’Europe est en effet menacée pas dans trois mois, pas dans six mois, mais si nous laissons s’installer ces terroristes cela sera dans les quelques années qui viennent.

 Les soutiens de ce groupe

Je n’ai aucun moyen de le prouver, mais j’entends des rumeurs sur la Turquie, comme sur le Qatar, et l’Arabie Saoudite. L’intérêt de ces pays est que la lumière soit faite sur les soutiens de manière à ce que l’on cesse cette rumeur.

La France a de bonnes relations, par exemple, avec le Qatar, et imaginez que par derrière le Qatar finance des terroristes. Ce discours n’est plus supportable.

  • Ou de fait il y a eu des soutiens ou il n’y en a pas eu.
  • S’il n’y en a pas eu, il faut que cela soit montré.

Je souhaite vraiment que ces trois pays, la Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar, qui sont des pays sunnites et qui craignent une puissance chiite qui réunirait l’Iran, l’Irak et le Hezbollah au Liban, soient dédouanés d’une complicité avec les terroristes.

Il faut qu’il y ait une enquête internationale pour savoir qui les a soutenus et éventuellement qui continuerait à les soutenir malgré la menace de sanction du Conseil de sécurité.

Concernant la Syrie

La situation en Irak a montré que ce groupe à cheval sur la Syrie et sur l’Irak est problématique aussi pour la Syrie. Il faut revoir, je crois, notre manière d’être en Syrie, revoir nos positions diplomatiques de façon à ce que ce groupe en Syrie soit considéré pour ce qu’il est : un adversaire à neutraliser, extrêmement dangereux et cruel pour les syriens. Il y a des combats dans la ville d’Alep, si ce groupe s’empare d’Alep, c’est une catastrophe pour des dizaines, des centaines, des milliers de vies.

Il faut comprendre que ce groupe tue tout adversaire, tout ce qui n’est pas lui, sans la moindre forme de jugement, de règle de droit, de dignité de l’Homme. L’otage américain qui a été mis à mort, les télévisions n’ont pas montré les images et c’est normal, mais il a été décapité avec un couteau de cuisine et sa tête a été brandie et montrée à l’acclamation populaire de ces terroristes.

Il faut

  • que ce groupe soit neutralisé en Syrie,
  • revoir notre position sur la Syrie
  • et retrouver une possibilité de médiation entre les différentes forces syriennes.