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Servir en Egypte, l'expérience d'Albane, une volontaire au Caire

Chers amis,

Joyeuses fêtes de Pâques! Réjouissons -nous !

Aujourd’hui, je vous écris pour vous donner des nouvelles et un petit bilan de ces 2 mois cairote en mission au foyer de la Vierge Marie.

Au foyer de la Vierge Marie

Au foyer, le rythme est intense mais les semaines défilent vite, ponctuées au milieu par de nombreuses fêtes (et encore, elles sont moins nombreuses pendant le carême mais elles devraient se multiplier après !) comme la fête des mères, le 21 mars. Tout le monde se met alors sur son 31 et se souhaite «colesana wanti tayeba» c’est-à-dire «bonne fête» pendant 1 semaine  ! Le jour J, grande fête où nous sortons tous les résidents sur les balcons pour le repas, avec au milieu du patio, entre les décorations un poil kitsch, une petite piste de danse improvisée pour le personnel et les résidents qui le souhaitent. L’occasion pour nous de nous initier aux danses locales !

Ce mois était aussi marqué par le Carême; je vous écris d’ailleurs en pleine semaine sainte qui est décalée d’une semaine par rapport à la France car la plupart des chrétiens catholiques d’Egypte se calent sur le Carême des coptes orthodoxes afin de vivre l’unité de l’Eglise chrétienne d’Egypte. Nous fêtons donc Pâques le 7 avril. Le carême copte, qui dure une semaine de plus que le nôtre, se vit avec un véritable jeûne alimentaire, sans viande, sans produit gras, sans œuf … Mais la plupart des résidents étant malade, le jeûne se vit plutôt dans leur vie spirituelle, jeûner d’abord de critiques, de mauvaises pensées, de plaintes, de mauvaises actions… beaucoup de sens! Pendant ce carême, nous avons pu vivre également chaque vendredi le chemin de croix en arabe avec tous les résidents dans le patio. Et en apothéose, cette semaine, le chemin de croix du Vendredi Saint, avec de vrais acteurs mimant les 14 stations, une manière de rendre cette Passion vraiment concrète, au cœur de cette Egypte qui a accueilli le passage de la Sainte famille… Ce qui nous a permis de méditer 4 fois plus ce sacrifice d’un homme pour tous, pour chacun de ces résidents, chacune de ces âmes…

Notre rythme intense se poursuit. Après une période en mars assez difficile, du fait de l’incompréhension d’une sœur de notre statut de volontaire, les choses sont finalement rentrées dans l’ordre, grâce aux organismes qui nous envoient et à Sr Catherine, la mère supérieure.

Nous avons donc repris nos rôles respectifs de mission et nous y trouvons toutes les deux une vraie joie chaque jour. J’apprends un peu plus de techniques de soins locales, ce qui n’est pas pour me déplaire, car j’aime me former aux soins avec peu de choses, faire ce que l’on peut avec ce que l’on a finalement !

Les médecins qui passent de temps en temps (bénévolement !) sont ravis de pouvoir transmettre un peu de savoir à une jeune infirmière française. Je profite aussi des moments où je n’ai plus de soins pour aller auprès des patients et proposer massages ou discussions, ce qui fait autant plaisir à eux qu’à moi. Je réalise que le fait d’être déjà une présence, un sourire, un bonjour, leur donne une importance et les réjouis plus que tout !

Et me nourrit aussi, bien plus que je ne l’imaginais. Plus le temps passe, plus j’apprends à connaître chacun, et je me mets à les aimer tellement, tous ces malades, ces employés…  On ne voit vraiment bien qu’avec le cœur !

J’ai d’ailleurs pris l’habitude d’aller voir tous les jours vers 17h30 ma résidente «ressource» de la maison: Nadra.
Nous nous sommes rencontrées au début de ma mission et depuis, c’est une vraie belle relation qui s’est construite. Clémence aussi a sa résidente ressource, c’est notre pile de la journée avec la messe ! Nous avons eu aussi au foyer la visite de nos amis français du Caire (le groupe du mercredi surnommé la SCEP) le vendredi 16 mars, l’occasion pour eux de découvrir notre lieu de mission, rencontrer les sœurs et les résidents, nice meeting !

La vie au Caire

La ville entière est assez comparable à un immense souk. En tant que piéton, on essaye tant bien que mal de se frayer un chemin entre poules, chats, chiens, ânes, moutons, marchands, voitures, scooters, microbus portes ouvertes, «crachant» des gens à tout moment, calèche, détritus…
Dans un petit concert de klaxons, car en tant que conducteur, personne n’utilise les rétroviseurs ni les clignotants, seul le klaxon signale la présence aux autres usagers. Tout se joue sur l’anticipation des trajectoires des autres voitures et même des piétons, qui traversent sans problème une 4 voies.
Nous nous acclimatons avec Clémence et commençons à entrer dans leur jeu, c’est en effet ce que nous évoque la circulation cairote, un jeu vidéo !

Pour nous déplacer, nous avons opté pour les taxis Uber qui nous semblent le plus sécurisé et dans nos moyens… ou bien le métro, propre et rapide. Au milieu de la rame, deux voitures sont réservées aux femmes.Au début, c’était assez étrange de le prendre car nous étions pratiquement les seules femmes non voilées.
Nous ne passions pas inaperçues…
Nous avons eu l’occasion de le prendre une fois, bondé, nous pensions que nous n’arriverions jamais à sortir à notre station; c’est alors que toutes les femmes se sont fait passer le mot dans la rame que nous sortions à la prochaine et se sont toutes pliées en 4 pour nous frayer un chemin, tout en nous disant mille «salam alek»…

Nous sentons entre les femmes une vraie complicité, elles sont toujours aux petits soins pour nous aider et nous dire qui croire ou ne pas croire… Leur vie ne doit pas être facile tous les jours, dans cette ville d’hommes, mais elles développent alors une solidarité féminine qui est très forte !

Diverses nouvelles

 

Vendredi 2 mars, journée SCEP avec les amis français, l’occasion de passer une matinée dans le seul espace vert du Caire, le parc Al Azhar, garni de belles fleurs du pays, avec un beau panorama (nous aimons les panoramas).
Puis, après-midi mythique dans le désert de Saqqarah, au sud du Caire avec le fameux Mahmoud et ses chevaux.
Programme : galop en plein désert à dos du fidèle N3n3 (veut dire «menthe») qui aime galoper rapidement. Nous sommes partis loin, seuls, un vrai rêve éveillé !

Nous passons régulièrement chez les dominicains du Caire, où un de nos amis, Martin,  est volontaire DCC. C’est une communauté de frères jeunes, hétéroclites, drôles et très érudits, c’est un plaisir de les voir !
Nous poursuivons d’ailleurs nos rencontres avec le frère Adrien un mercredi sur deux afin d’être éclairés dans la lecture des lettres de Paul, nous  découvrons un message qui s’applique volontiers aujourd’hui et qui nous fait clairement avancer ! Les autres week-end ont été bien occupés : marche dans le Wadi Degla, très beau désert au Sud du Caire, qui nous a fait oublier le temps d’une journée le bruit et la poussière cairote ; visite du chantier d’une nouvelle station de métro à Heliopolis, impressionnant ; coucher de soleil mythique sur le Nil ; festival de théâtre francophone au collège du Sacré Cœur où nous nous sommes improvisées critiques de théâtre, expérience unique !

Et enfin, le week-end dernier, nous avons quitté le Caire pour Alexandrie en microbus; drôle d’expérience d’ailleurs, il part quand il est plein et nous dépose on ne sait trop où… Nous sommes finalement bien arrivés à l’est d’Alexandrie pour une journée plage avec nos chers amis cairotes Thibault et Martin et une soirée avec de jeunes alexandrins chrétiens, nos nouveaux potes ! Visite le lendemain de la non moins fameuse et impressionnante bibliothèque d’Alexandrie … quelle ville, décidément !

Inchallah, nous y reviendrons !

Je vous embrasse les amis

Rabena maaoukoum

Albane