• Actualités

Syrie : temoignage de la vie quotidienne à Alep

 « Noël, est désormais tout proche… Et encore cette année, c’est un Noël particulier dans le monde entier, car chaque pays est marqué par le désordre et la violence.

Chez nous en Syrie, une guerre sans nom qui ne finit pas. C’est dans ce lieu défiguré que nous voulons vous partager notre réalité quotidienne et vous offrir nos meilleurs vœux de Bonnes Fêtes, dans l’espoir que la Nouvelle Année nous apporte la Paix et la réconciliation.

L’attente est longue dans cette nuit que nous vivons, mais nous faisons l’expérience qu’elle est comblée de SA PRESENCE. Nous sentons le soutien que vous nous manifestez par votre prière et proximité depuis le début de ces évènements, pour cela nous vous disons un grand merci à chacun de vous.

 La situation à Alep, devient de plus en plus critique et difficile. Les paroles ne suffisent pas pour vous décrire l’horreur et la souffrance que vit la population. La ville est devenue méconnaissable par son économie, sa vie sociale, et chaque jour les nouvelles nous attristent profondément:

 Les zones industrielles, les fabriques, les usines qui donnaient du travail à des milliers de personnes ont été incendiées, les boutiques saccagées, plusieurs hôpitaux, municipalités, Eglises, Mosquées, et couvents dévastés….

Dans les rares moments de calme, quand les tirs des canons se taisent, nous croyons que la situation s’améliore, et puis tout d’un coup le bruit des mitraillettes, obus de mortier, attentats, sèment la terreur. Les morts et les blessés, dans les rues, sont secourus au risque de sa vie, car les francs tireurs (Snipper) continuent de tirer à partir de leurs refuges.

 La pauvreté est en train de devenir misère et famine à cause de la cherté de vie qui a quadruplé en tout dont les aliments de première nécessité.

L’électricité coupée à cause d’une attaque de la centrale, à l’est de la ville a laissé tout Alep dans l’obscurité pour trois jours, cela est impressionnant. Les coupures longues restent toutefois sans solution, de même pour le téléphone, le cellulaire, l’internet qui se coupent fréquemment…

 Le mazout et le gaz sont difficilement trouvables. Notre générateur de première nécessité reçoit encore le nécessaire pour alimenter tous les appareils de l’hôpital et le générateur d’oxygène, sans quoi il nous faut arrêter l’admission des malades.

 Le pain se fait rare et se distribue selon le fonctionnement des fours, car les boulangeries sont conditionnées par l’arrivée de la farine et du mazout. L’eau n’arrive que quelques heures par jour, quand elle arrive… On peut imaginer la souffrance de la population et plus spécialement les quartiers touchés et à risque.

 L’assistance sanitaire est désastreuse. Plusieurs centres et hôpitaux qui n’ont pas été touchés (comme le nôtre), continuent à fonctionner mais avec des pertes énormes, une bonne part des médecins ont quitté la ville parce qu’ils sont menacés. Sans compter la difficulté de s’approvisionner des médicaments…

Grands problèmes sont les milliers de réfugiés qui avec l’arrivée de l’hiver meurent de froid. Les aides humanitaires ne sont pas distribuées équitablement, et pour les enfants on ne trouve pas de lait.

 Les chrétiens sont visés et menacés, les insurgés détruisent leurs maisons pour les faire fuir et en prendre possession. Beaucoup ont été tués et les autres déplacés à l’intérieur où ont quittés le pays.

 Les routes restent toujours dangereuses. La semaine dernière 2 évêques maronite et arménien ont échappés à la mort sur la route de l’aéroport, leur chauffeur Joseph, à son retour et avec d’autres ont été arrêtés et tués.

 Les enlèvements sont incessants avec une demande de rançon élevée. Et combien de voitures volées même en plein jour. « Le juste périt, sans que personne prenne la chose à cœur, les hommes de biens sont raflés, sans que personne discerne que c’est sous les coups de la méchanceté que le juste est raflé ! » Is 57 :1

 Et nous dans cette situation dure et difficile nous continuons à être présentes pour soulager ceux qui souffrent mais l’avenir nous préoccupe car nous nous demandons jusqu’à quand nous pourrons tenir.

Nous croyons à la PROVIDENCE qui jusqu’aujourd’hui ne nous a pas abandonnées pour venir en aide aux besogneux, aux malades, aux blessés de guerre, à notre personnel de service qui loge chez nous parce qu’ils ne peuvent pas entrer chez eux et d’autres n’ont plus de toit, mais nos ressources diminuent et la caisse des pauvres se vide.

 Dans ce contexte difficile et parfois très dur, chacune de nous est déterminée de se donner jusqu’au bout de l’amour dans la fidélité à notre charisme, tant qu’il plaira au Seigneur de nous garder dans cette mission.

Pendant que nous mettons en pages cette lettre, nous vous disons que le Seigneur continue a nous protéger. Malgré que notre zone est assez calme et hyper protégée par de multiples barrages et barrières parce que la caserne de la police Militaire est a coté de nous. Hier après-midi, c’est le 3° Obus de mortier (environ 35 kg) que nous recevons sur notre terrasse et qui n’a pas exploser comme les autres. Miracle de Dieu ! St Joseph, sentinelle sans arme, continue à nous protéger et a veiller sur nous et il le fera jusqu’à la fin.

Croyez-le avec nous !

Continuons à rester en communion dans la prière, en cette année de la foi afin que L’Emmanuel : Dieu avec nous, nous fortifie dans l’Espérance et nous accorde la Paix et la Sécurité, pour continuer son oeuvre de miséricorde.

De tout cœur nous vous souhaitons un JOYEUX NOEL ET UNE BONNE ANNEE 2013 ! »

 La communauté d’Alep

 

L’Œuvre d’Orient soutient l’hôpital Saint Louis. Pour faire un don pour l’hôpital, indiquer dans le champ commentaire du formulaire ; projet 3096.