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Témoignage d'Isaure, volontaire en Terre Sainte.

Je suis arrivée à l’Hospice Saint Vincent de Paul de Jérusalem il y a un mois et demi seulement et pourtant il s’est déjà passé tant de choses…j’ai l’impression d’être ici depuis bien plus longtemps !

 

Le premier mois de mission s’est bien passé mais il m’a fallu du temps avant de prendre le rythme et trouver ma place. Les sœurs de l’hospice m’ont extrêmement bien accueillie. Ce sont des petites mamans qui nous demandant à longueur de journée si nous ne manquons de rien. Même si nous ne vivons pas vraiment de temps spirituels forts avec elles (en dehors de la messe), cela est extrêmement enrichissant de les découvrir dans leur service au quotidien. Alors que la vocation religieuse peut parfois effrayer par son caractère radical, extrême parce que loin du monde réel, la mission des Filles de la charité nous montre un autre visage de la vie religieuse. Les sœurs sont ici en permanence en mouvement, confrontées à des problématiques matérielles évidentes liées à la gestion de l’hospice et sont ainsi pleinement ancrées dans le monde réel.

 

L’hospice accueillie 24 personnes adultes polyhandicapées, c’est à dire ayant un handicap à la fois physique et mental. Je m’occupe des filles avec Sixtine tandis que Pierre et Baudouin s’occupent des garçons. Il n’est pas forcément facile d’arriver dans un tel centre et d’y trouver sa place.  Concrètement, on apprend sur le tas, en observant les autres volontaires et employés et en essayant de reproduire au mieux.  Mais maintenant je peux dire que cette première phase “d’observation” est largement dépassée !! Je suis tellement heureuse ici. Je continue à découvrir les personnes handicapées chaque jour et réussis désormais à avoir de vrais échanges avec elles. Ils sont extrêmement attachants ! Nous avons de vrais moments de complicité, de fou rire et je dois dire que leur handicap se voit de moins en moins. Certains sont autonomes, d’autres ne peuvent absolument rien faire. Il faut alors s’adapter aux besoins de chacun et innover pour réussir à les distraire et les occuper tous les jours. Je crois (et même je suis sûre) que je les aime profondément et c’est ce qui m’aide à me mettre dans une démarche de service auprès d’eux. A ne pas compter le temps passé avec eux. A faire attention à eux, à toujours veiller à leur bien être et essayer d’agir au mieux auprès d’eux. Je les aime et essaie désormais de leur transmettre cet amour. On peut dire que j’ai compris le sens de ma mission. Enfin !

 

Je vis également de très beaux moments lors des changes et des douches. Eh oui, je n’aurais pas cru autant aimer changer une couche ! Cette partie de la mission qui, à première vue, est assez ingrate (et l’est) se révèle être en réalité très belle. Parce que ce sont des moments d’une extrême simplicité, où la personne handicapée vous témoigne d’une confiance infinie (alors qu’elle ne vous connait que depuis quelques jours, elle accepte que vous manipuliez son corps), et qui nous demande de respecter l’intimité de l’autre et sa dignité malgré sa fragilité. Même si je peux rapidement être tentée de considérer la personne handicapée comme un enfant, de par son absence totale d’autonomie, je ne dois pas oublier qu’il s’agit aussi d’un adulte de 85 ans, qui a donc plus de 60 ans que moi et qui doit donc être considérée comme tel. Avec respect et pudeur. Aussi, c’est dans ces moments que j’apprends à agir avec humilité, sans chercher de reconnaissance. En effet, bon nombre des handicapés ne peuvent pas communiquer. Il faut donc agir simplement, sans chercher à être remercié. C’est la définition même du don et je suis très heureuse d’en faire l’expérience aussi intensément pendant six mois. Je sens que j’en ressortirai grandie.

 

Une journée type ? Je travaille soit de 6h30 à 12h30, soit de 13h30 à 19h. Nous devons alors les réveiller, les doucher, les nourrir, changer leurs couches, leur organiser des petites activités, les coucher…. Rien d’extraordinaire ! Mais que cela fait du bien d’avoir un travail manuel, simple, utile…. Loin des bouquins de droit…

Le reste du temps, je peux me balader en Terre Sainte et réalise la chance que j’ai de vivre une telle expérience ! Je suis notamment partie avec d’autres volontaires faire le Jesus Trail la semaine dernière, une marche de Nazareth à Capharnaüm, c’était inouï !