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Le témoignage des frères franciscains restés dans le Saint-Sépulcre fermé

Le troisième jour de fermeture, nous avons demandé aux frères franciscains du Saint-Sépulcre de témoigner et de nous assurer que la vie à l’intérieure n’avait pas changé. Voici ce que le président de la Fraternité franciscaine et le sacristain nous ont dit.

« Même si nous ne pouvons pas sortir, notre quotidien est le même – explique au téléphone, P. Zacheusz Drazek, Président de la fraternité franciscaine du Saint-Sépulcre –. Nous sommes dix frères et nous prions pour tous les pèlerins ». Le frère, d’origine polonaise, qui est Président depuis presque deux ans, raconte qu’ils communiquent avec le monde extérieur par la petite fenêtre située sur la grande porte d’entrée, d’où ils reçoivent les intentions de prières et des dons. « Nous entretenons de très bonnes relations avec les autres communautés orthodoxes et arméniennes, et il y a une tranquillité et un silence tout particuliers – affirme P. Zacheusz –. Ce qui change ces jours-ci, c’est que la cuisinière ne pouvant entrer, c’est nous, les frères, qui faisons à manger. » Malgré le regret de ne pas pouvoir accueillir les pèlerins, le Président de la fraternité franciscaine du Saint-Sépulcre explique que, en ce troisième jour de fermeture, il y a une vraie sérénité parmi les frères.

« La vie au Sépulcre ne change pas, même si les portes sont closes – soutient aussi le sacristain franciscain Fr. Sinisa Srebrenovic –. Nous savons que les pèlerins qui restent dehors n’arrivent pas toujours à comprendre la situation. Nous avons reçu un grand soutien du monde entier, et les guides locaux aussi, que je connais, nous ont assuré qu’ils expliqueraient ce qui est en train de se passer ». Fr. Sinisa poursuit : « Aujourd’hui c’est impressionnant de voir la basilique vide, mais nous continuons une vie normale ». Après minuit, les grecs-orthodoxes commencent leur liturgie au Sépulcre, puis il y a les arméniens, ensuite les messes des franciscains commencent, soit au Calvaire, soit dans le tombeau de Jésus. « Même s’il n’y a personne, nous chantons la messe avec l’orgue, notre vie du matin se déroule comme d’habitude – raconte encore le sacristain du Saint Sépulcre –. Ensuite, dans l’après-midi, nous faisons la procession quotidienne en parcourant toute la Basilique ». Pour le frère, d’origine croate, entendre depuis l’intérieur les pèlerins qui chantent dehors, sur la place, c’est un signe : « C’est un signe car ceux qui viennent en pèlerinage ont comme but le Sépulcre de Jésus et trouvent la porte close. Mais ils trouvent l’espérance de prier devant cette porte fermée ».

Fr. Sinisa rappelle que, dans l’histoire de la présence franciscaine, il y a eu d’autres moments de fermeture du Sépulcre : par exemple, au temps où l’empire ottoman contrôlait l’entrée des pèlerins. Le contrôle des entrées était l’un des motifs pour lesquels un gardien musulman avait les clefs.

« Dans le passé, il est arrivé plusieurs fois que les frères restent enfermés au Sépulcre pendant des semaines, mais ils ont toujours mené leur vie normale – continue le frère –. Nous sommes ici au nom de l’Église, assurant qu’il y ait une prière constante en ce lieu saint ». Ces jours-ci les relations entre les communautés sont très bonnes, comme c’est le cas depuis déjà un certain temps. « Nous avons géré cette situation avec les frères des autres communautés, à partir du moment où nous avons dû faire sortir les personnes pour la fermeture de la porte ».
La fraternité franciscaine du Saint-Sépulcre est unie dans la prière pour les pèlerins. « Nous demandons que le Seigneur les illumine afin qu’ils comprennent cette situation – affirme Fr. Sinisa –. Ce n’est pas une situation facile. Nous ne sommes pas ici pour faire de la politique, mais pour protéger la présence chrétienne. Cela fait 800 ans que les frères vivent en Terre Sainte et notre but a toujours été celui-ci ».

Beatrice Guarrera

 

Source : Custodia Terrae Sanctae