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Témoignages de Blanche et Joséphine, volontaires en Inde

Blanche, 21 ans, étudiante en langues et Joséphine, 21 ans étudiante à l’ESTRI, sont deux amies d’enfance qui ont choisi de faire une mission de volontariat de 6 mois en Inde, en milieu Malankar. Elles inaugurent un poste difficile qui a dû être scindé en 3 parties pour des raisons d’efficacité, comme elles le disent.

 

 

Une belle mission en Inde

 

Nous sommes partis en mission dans le sud de l’Inde avec l’aide de l’Oeuvre d’Orient et la DCC, son partenaire. L’état dans lequel nous avons commencé la mission est le Tamil Nadu, à la frontière du Kerala, et nous sommes maintenant dans le Karnataka.

Nous vivons au sein de la communauté religieuse, des Soeurs de la charité de Ste Jeanne Antide Thouret, un ordre originaire de Besançon, qui s’est étendu à travers le monde. Notre mission est orientée autour des enfants, ce qui représentait un critère important pour nous. Nous sommes les premières volontaires associées à l’Œuvre partant en Inde, nous avons donc également une mission de “repérage”. Ce rapport s’efforce d’apporter quelques précisions quant à la mission en elle-même, le contexte et notre quotidien de volontaires.

 

– La mission à Nadaikavu –

Notre mission consistait à Nadaikavu, petit village du Tamil Nadu, à être animatrices dans un orphelinat tenu par les Soeurs. Sur un même terrain se trouvent trois maisons : le couvent, l’orphelinat et une maison pour jeunes filles faisant leurs études dans les environs. L’orphelinat est composé de 28 filles, âgées de 8 à 18 ans, toutes scolarisées dans différentes écoles de la région. En plus de ces jeunes filles vivent quelques grand mères, surnommées affectueusement “Pattys”, amenées chez les Sœurs parfois par un membre de leurs familles, un voisin et parfois même la police. Il s’agissait donc pour nous de faire de l’animation c’est-à-dire occuper les filles après leur retour de l’école (jeux, petites leçons d’anglais, parfois de français, aide aux devoirs…).

En ce qui concerne les pattys, nous nous efforcions d’être une présence bienveillante, parfois d’aider le matin à la toilette, mais généralement, notre rôle était assez limité auprès d’elles, car la communication était difficile, et elles ne pouvaient être actives.

De plus, au moins 3 Sœurs s’occupent d’elles quotidiennement. Nous regarder jouer avec les filles semblait les distraire. Le problème principal de cette mission était que nous n’étions occupées que deux à trois heures par jour, ce qui nous laissait trop de temps libre au sein du couvent où nous étions logées. C’est la raison pour laquelle lorsque la mère supérieure nous a parlé d’un autre couvent du même ordre dans les environs de Bangalore, qui nécessitait notre aide dans son école, nous avons décidé d’en parler avec l’œuvre et la DCC.

 

– La mission à Bangalore –

Après 12 heures de train/couchette en compagnie de la mère supérieure, nous sommes arrivées à 30 km de Bangalore au sein de la Nemesia Academy. Ici, nos journées sont très actives. Nous avons un emploi du temps bien fourni, composé de différents cours chacune.

La journée commence à 8h30 et se finit à 15h30 mais peut s’étendre car l’école fait aussi office de garderie, certains parents ne pouvant venir chercher leurs enfants si tôt dans l’après-midi. Nous déjeunons avec les primaires durant leur pause de 30 minutes, chaque élève ayant sa petite “lunch-box” préparée avec soin par ses parents.

Notre nouvelle mission est donc d’être professeurs d’anglais pour des enfants allant de 3 à 12 ans. Pour ce qui est de la maternelle (nursery, LKG, UKG en sont les 3 niveaux), il s’agit d’apprendre des comptines aux enfants, de leur donner des leçons de vocabulaire, et de jouer avec eux. En ce qui concerne les niveaux du 1st Standard (équivalent du CP) au 4th Standard (CM1/CM2) nous donnons des cours plus académiques, c’est à dire, des leçons basées sur leurs programmes : grammaire, vocabulaire, questions de texte et réflexion.

Le niveau d’anglais des enfants est bien plus élevé que celui des jeunes filles de Nadaikavu, ce qui facilite grandement notre communication et enseignement avec eux. Cependant le niveau social est assez similaire ; ce sont des enfants pauvres des villages avoisinants, nous avons visité la maison de certain d’entre eux, ils vivent dans une relative pauvreté. Ils sont assez appliqués en cours, bien que les petits soient plus agités que les grands, naturellement. Les enfants aussi bien à Nadaikavu qu’à Bangalore sont extrêmement attachants, souriants, plein de vie, et d’une grande gentillesse. Il nous est déjà difficile de penser au départ et à nos adieux…

Nous nous sentons épanouies dans cette mission, mais surtout utiles. Nous avons parfois des classes à encadrer seules, et bien que nous suivions le programme nous sommes libres d’y ajouter des petites touches personnelles. La période de Noël approchant, nous avons établi lors de notre entretien avec la directrice de l’école qu’il serait intéressant de discuter avec les enfants des différentes manières de célébrer cette fête dans différents pays et notamment en France et en Inde. Nous intégrerons donc ce thème au sein des cours, que ce soit en cours d’arts plastique, d’Anglais ou de chant.

Ce pays est très patriotique, le matin les enfants ainsi que les maîtresses (certaines Sœurs mais aussi des maîtresses laïques) font une petite prière à l’attention de leurs parents, leurs professeurs, et leur pays et à la fin de la journée, récitent l’hymne national.

La danse a aussi un grand rôle dans la culture indienne, nous avons pu l’observer autant à Nadaikavu qu’à Bangalore, les enfants en sont passionnés, et nous avons déjà assisté à plusieurs concours de danse, il s’agit de danses classiques qui racontent généralement une histoire biblique ou de la mythologie indienne, c’est assez passionnant et bluffant de voir leur talent à un si jeune âge.

 

Nemesia Academy –

L’école est appelée Nemesia Academy, en l’honneur d’une Sœur de l’ordre qui fut béatifiée « bienheureuse Nemesia ». C’est une école très récente car elle n’a qu’un an.

De nouveaux bâtiments sont en construction en ce moment-même, afin d’accueillir plus d’élèves, et de permettre aux primaires d’avoir cours dans de vraies locaux et non dans l’enceinte du couvent.

Elle est située à 30 km de la ville de Bangalore, dans le village de Harohalli. Ce village est en développement et il est sûr que d’ici 5 ans, nombre de maisons auront été construites autour de l’Académie, un grand terrain en face du couvent appartenant aux Soeurs étant en construction pour devenir une zone résidentielle.

 

– Notre vie de volontaires –

Nos semaines sont bien rythmées et consacrées à la mission. Nous dédions nos samedis à la visite des environs. Nous avons pour l’instant visité la ville de Bangalore, immense, moderne et en perpétuel développement. Bangalore est connue pour son expertise internationale en informatique, ses magnifiques espaces verts, ses bons restaurants. Marchés, temples, forts, jardins botaniques font de cette ville une manière sympathique de décompresser de la semaine. Bangalore, comme chaque grande ville indienne, ayant tout de même ses dangers, nous sortons sous certaines conditions établies avec les Sœurs : nous sortons toujours accompagnées d’un chauffeur appelé par les Sœurs et les prévenons toujours de nos déplacements. Cependant, si l’on suit certaines règles de bon sens et les conseils des locaux, tout se passe pour le mieux. En Inde, la circulation est chaotique et surprenante.

La vie est très peu chère, ce qui permet de prendre un taxi pour la journée sans se ruiner.

La pollution est un aspect à ne pas négliger, cela n’étant pas encore présent dans la conscience générale indienne. Avec une population aussi nombreuse, l’air est difficilement respirable au sein de la ville, et un masque anti-pollution est nécessaire lors des sorties urbaines.

L’Inde est un pays de contrastes, à la fois magnifique et fascinant de par la richesse de son histoire et de sa culture, mais aussi choquante au niveau des écarts sociaux et de l’écologie.

On en revient changé.

 

– Nouvelle expérience –

Depuis le 22 décembre et alors que nos jeunes « protégées » sont en vacances de Noël, nous avons donc commencé une mission nouvelle à Sneha Care Home, aux environs de Bangalore, pour la durée des vacances scolaires, soit jusqu’au 3 janvier.

Il s’agit d’un centre d’éducation pour enfants séropositifs, tenu par un prêtre et une équipe composée de surveillants et de professeurs. Sur le même terrain se trouve une maison gériatrique, et plusieurs habitations pour le staff de l’hôpital et de l’orphelinat.

Nous travaillons de 8h30 à 20h environ et nos journées sont rythmées par les temps d’études, le sport, les activités et les tâches ménagères.

Ce sont donc des enfants malades comme vous l’aurez compris, mais ils sont très responsables vis à vis de leur mal et savent les dangers que cette maladie peut impliquer pour autrui. Ainsi, à la moindre coupure, ils sont directement envoyés chez l’infirmière. Ils ont un traitement assez lourd, qui les rend parfois indisciplinés, c’est donc une mission difficile !

Nous nous entendons bien avec eux, nous créons déjà des liens, forts. La présence de deux volontaires Allemands sur place depuis un certain temps nous a déjà aidé réellement à naviguer au milieu de tout cela !

Nous sommes logées sur place, près des enfants. Pour Noël, nous avons passé la journée avec les sœurs à Nemesia Academy, pour un grand repas de Noël absolument gargantuesque…

Tout ceci conforte notre engagement sous une forme différente mais bien riche.

 

 

Blanche et Joséphine