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[TERRE SAINTE] Le témoignage d'Agnès : "Je vis cette pandémie mondiale d’une manière tout à fait particulière."

Découvrez le témoignage d’ Agnès, 23 ans, volontaire auprès d’enfants et jeunes adultes poly-handicapés à Ain Karem



CORONAVIRUS en Israël

Depuis mon village d’Ain Karem, en Terre Sainte, je vis cette pandémie mondiale d’une manière tout à fait particulière. Ce court rapport vous en donnera un petit aperçu.

Contexte 

Ici en Israël, des mesures strictes ont été prises dès le départ. Pays très touristique, il était donc particulièrement en danger. Tous les touristes ont été confinés dans leurs hôtels puis renvoyés chez eux. Toutes les personnes ayant un visa de touriste avaient l’obligation de quitter le territoire dans un délai très bref. Nous avons ainsi vu partir un grand nombre de volontaires. Les mesures sont montées crescendo comme cela à été le cas un peu partout dans le monde, allant du renvoi des touristes, aux mesures de quarantaines des personnes revenant d’un pays étranger ou malades, aux fermetures des lieux Saint et des magasins, jusqu’à aboutir au confinement total de toute la population. Aujourd’hui pour avoir la permission de sortir, il nous faut une attestation justifiant nos déplacements (courses, trajet pour se rendre au travail,etc.)

Concrètement, que se passe-t-il pour moi ?

Pour ne pas vous mentir, je dirais que rien n’a changé dans les actes pratiques mon quotidien. Je continue à travailler normalement, avec les mêmes horaires et ne ressent aucune pression, stress ou quoi que ce soit. Comme le dis bien Sœur Pascale (directrice du centre) : « Ce qui me fait stresser ce sont les médias, mais si je ne les entendais pas, je ne me rendrais même pas compte de tous ce qui se passe. » Il est vrai que nous vivons dans un petit village assez excentré de la ville de Jérusalem (40min en bus et 2h à pied).

Ce qui change donc, c’est que de nombreux employés sont logés au centre pour pouvoir assurer leur travail, car les résidents continuent à vivre et ont besoin d’une présence H24. Ce qui donne une bonne ambiance, parfois fatigante car ils parlent fort dans la salle à manger, mais plutôt agréable et bienvenue car cela nous permet de passer plus de temps avec eux. Au travail, nous devons respecter davantage de norme d’hygiènes quant aux résidents : bien mettre des gants, désinfecter tous ce que l’on touche…

Et pour finir, nous ne sortons pas du tout de notre village. Nous avons une attestation qui nous permet de sortir dans Ain Karem pour des courses et pouvons aller dans la montagne, mais nos sorties se limitent là. Ce n’est pas évident de vivre sur son lieu de travail car la coupure psychologique entre la vie privée et le travail demande plus d’efforts. Avec les sorties que nous faisions avant le confinement, j’arrivais bien à me distraire, oublier un peu mon travail… Mais maintenant, j’avoue que cela devient plus compliqué.

Les conséquences sur les résidents

L’école est fermée depuis bientôt trois semaines. Les résidents ne comprennent pas ce qui ne se passe ni pourquoi l’école s’est arrêtée. Mais ils ressentent le changement, ils comprennent que quelque chose a changé. Alors bien sûr, ce changement a sur eux un impact : ils sont plus agités peut-être à cause du stress du bouleversement de leur quotidien ? Quelques résidents comprennent bien les choses, notamment Ayat que j’accompagne. Je lui ai expliqué ce qu’est le Corona et ses conséquences. Elle me dit comprendre, mais est très perturbée par la fermeture de l’école (elle a besoin d’avoir une certaine régularité et beaucoup de rituels pour se sentir en sécurité). Alors cette situation qu’elle ne peux pas contrôler la stresse car elle bouleverse tout sont quotidien.

Qu’est-ce que je ressens ?

Je dirais que plusieurs sentiments s’entremêlent en moi. Pour commencer, beaucoup de personnes disent admirer nos décisions d’être resté en mission. Je tiens à préciser qu’il n’y a rien d’héroïque là-dedans. Je me suis engagée pour une mission d’un an et ne suis pas prête à rentrer chez moi au bout de six mois. Je m’estime chanceuse d’être ici, de pouvoir continuer à travailler et donc me sentir utile, d’être dans un cadre très favorable (la nature, la montagne, etc.) et enfin je préfère mille fois être ici qu’en France enfermée chez moi à rien faire.

Pour moi qui suis croyante, je m’en remets à Dieu et prie beaucoup pour que cette situation cesse. J’ai de l’espoir, je crois que cela va s’arranger, je ne sais pas quand ni comment, mais j’ai confiance.

Je pense que la seule chose que nous pouvons faire, c’est pour les croyants, beaucoup prier et pour tous le monde, être très solidaires les uns avec les autres et se soutenir !!