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Terre Sainte : « Nous voulons la paix avec et pour tout le monde » rappelle le Patriarche Twal

Alors que les mouvements palestiniens Fatah et Hamas se sont entendus hier lundi 6 février à Doha (Qatar) pour confier au président Mahmoud Abbas la tête d’un gouvernement d’union, Mgr Fouad Twal rappelle qu’il souhaite la paix entre tous, aussi bien entre l’Autorité Palestinienne et Israël qu’entre les Palestiniens eux-mêmes.

La « déclaration de Doha » est-elle un pas vers la réconciliation palestinienne ? En tous les cas, elle est intervenue dans le cadre des réunions entamées dimanche dernier à Doha entre Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne et chef du Fatah, et le chef du Hamas Khaled Mechaal dans ce but. Les deux partis palestiniens entretiennent des relations tendues depuis 2007 et la prise de la bande de Gaza par le Hamas. L’accord d’hier vient renforcer un « accord de réconciliation » signé en 2011 et qui piétinait.

La rencontre de Doha s’est tenue en présence de l’émir du Qatar Cheikh Hamad bin Khalifa al-Thani, impliqué dans la réconciliation interpalestinienne, à la suite de l’initiative du Roi Abdallah de Jordanie.

Selon cet accord (qui devrait être entériné au Caire le 18 février), le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas va diriger un gouvernement de transition uni pour la Cisjordanie et la bande de Gaza. Les deux parties ont convenu de « poursuivre le processus de restructuration de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) », afin d’intégrer le Hamas et le Jihad islamique au sein de cette instance représentant tous les Palestiniens. Ce gouvernement aura aussi la charge « de superviser la reconstruction de Gaza » et de préparer « la tenue d’élections » (initialement prévues le 4 mai 2012).

Ce qui fait dire au Patriarche latin de Jérusalem qu’il ne voit « aucun obstacle à ce que tous les palestiniens se mettent à aider Mahmoud Abbas pour mettre en œuvre ces deux chantiers. » Et qui plus est, le Patriarche reconnaît aussi en Mahmoud Abbas un « homme modéré, d’ouverture et de coopération ».

Au titre de cet accord, Mahmoud Abbas assure désormais à la fois le rôle de Président et de Premier ministre de l’Autorité palestinienne, en remplacement de l’économiste Salam Fayyad, soutenu par les Occidentaux. Un regret que manifeste le Patriarche Fouad Twal au regard du « grand travail effectué avec succès par Salam Fayad pour préparer avec sérieux et discrétion les infrastructures d’un futur Etat de Palestine ».

Le chemin de la paix

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a condamné hier le chef de l’Autorité nationale palestinienne pour avoir signé un accord de gouvernement d’union nationale avec le Hamas. « Si Abou Mazen (Mahmoud Abbas, NDLR) applique ce qui a été signé à Doha, il choisit d’abandonner le chemin de la paix pour se joindre au Hamas », a déclaré M. Netanyahu , cité par un communiqué de son bureau. « C’est soit la paix avec le Hamas, soit la paix avec Israël, vous ne pouvez pas avoir les deux », a lancé M. Netanyahu. « Justement pas » répond le Patriarche Fouad Twal qui s’émeut de « cette réaction ». Pour lui « cette réconciliation effective répond aux aspirations des Palestiniens à l’unité et il faut s’en réjouir. » Et d’insister sur le souhait d’une paix globale : « nous voulons la paix pour tous, une bonne entente avec Israël et l’union parmi les frères palestiniens dans tous leurs courants de pensée politique. D’ailleurs qui ne connaît pas dans sa propre famille des points de vue divergents ou opposés ? » s’interroge le Patriarche qui repère au passage une « réciprocité anormale » dans les deux camps où « il y a ceux qui ne veulent pas reconnaître l’Etat d’Israël comme d’autres ne veulent pas reconnaître l’Etat de Palestine ».

Mgr Fouad Twal « espère » que cette réconciliation puisse « contribuer à maintenir les négociations qui n’ont jamais cessé directement ou indirectement. Preuve en sont les libérations du soldat Shalit et de plus de 1000 palestiniens. Le dialogue est fait pour des hommes qui ne s’entendent pas. Il n’y a rien à gagner à vouloir le rompre. Il faut lutter contre l’esprit de division. Ce n’est jamais la meilleure manière d’opérer pour dessiner un chemin de paix ». Et le Patriarche d’appeler à la prière « Avec nos institutions, nos Eglises, nous prions pour une paix finale et juste ici en Terre Sainte et pour les pays qui l’entourent. Tous ces changements du Monde arabe ne doivent pas être ignorés. La crise syrienne nous préoccupe beaucoup ». Le Patriarche « comprend » la peur des pasteurs religieux en Syrie qui sont appelés à la prudence et qui voient aussi de leurs propres yeux le résultat néfaste du changement en Irak. La Syrie et la Jordanie voisines ont connu l’afflux de réfugiés et aujourd’hui ce sont les syriens et les irakiens qui frappent à la porte de la Jordanie.

Christophe Lafontaine