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Saint Thomas : apotre de l'Orient, par Joseph Yacoub

Surnommé Didyme, Thomas l’apôtre, qui signifie jumeau en araméen (aussi en arabe et en hébreu), représenté par les tableaux de Caravage et de Rembrandt, et par de nombreuses icônes, occupe une place importante dans l’Église assyro-chaldéenne de Mésopotamie et dans les Église de la côte Malabar et Coromandel au Sud de l’Inde.

L’Église d’Orient, dans ses deux branches chaldéenne et assyrienne, fait remonter à ce voyageur parmi les nations et les peuples, son origine. Elle le célèbre chaque année le 3 juillet.

Thomas envoya Addaï (Thaddée), un des 72 disciples, à Edesse pour guérir le roi lépreux Abgar. Il y aurait prêché la Bonne Nouvelle aux Edesséniens. Depuis, on appelle Edesse « la ville bénite ». Dans un résumé de l’histoire de l’Église d’Orient, saint Thomas est qualifié d’ « homme sensible et courageux, sceptique et incrédule, mais témoin passionné et convaincu de tout ce qu’il avait vu par ses yeux et touché de ses mains, qui fut le premier héros de la conquête de l’Orient ».

C’est une tradition constante, ancrée fortement dans les mémoires depuis les premiers siècles dans les Église orientales, aux Indes et chez les Tamouls, que l’apôtre Thomas a évangélisé la Syrie, la Mésopotamie et la Perse (la Parthie, la Médie). Il se serait rendu ensuite aux Indes, par la route de la mer, où il serait arrivé à Kodumgallur (Granganore), port du Kérala, en l’an 52, en passant par l’île de Socotra. Il poursuivit son apostolat, enseigna et baptisa en terre indienne. Il y aurait converti le prince Gundaphor.

En Inde, il aurait subi le martyre, tué à coups de lances, à Mylapore, au sud de Madras, en l’an 72. On lit ceci dans le Dictionnaire Robert à propos de Madras : « La ville, de fondation très ancienne, s’enorgueillit d’avoir accueilli l’apôtre saint Thomas : sa colonie chrétienne est une des plus anciennes de l’Inde ».

Toujours selon la tradition, ses reliques furent transportées à Edesse (Ourfa en Turquie), par un marchand au IIIè siècle. Cette translation est rendue célèbre par des hymnes (midrash) que Saint Ephrem lui consacra au IVè siècle. D’ailleurs, les livres religieux orientaux mentionnent à plusieurs reprises la mort de Thomas en Inde. Lors de l’office chaldéen pour la fête de saint Thomas, le 3 juillet, il est dit dans le bréviaire que le Saint Esprit envoya Thomas au pays des Indiens et qu’il est mort là-bas, percé par une lance. Un bréviaire syriaque orthodoxe d’Antioche fait chanter un midrash que Saint Ephrem lui aurait consacré.

Des livres apocryphes comme les Actes de Thomas et l’Évangile de Thomas lui ont été attribués.

© Osservatore Romano
© Osservatore Romano

En Inde, on continue à vénérer son tombeau présumé, vide, retrouvé par les Portugais en 1517. D’ailleurs, les chrétiens du sud de l’Inde (les Syro-Malabars et les Syro-Malankars) qui se donnent eux-mêmes le nom de « Chrétiens de saint-Thomas », perpétuent fidèlement cette tradition et l’affiliation à Thomas.

L’historicité de la chrétienté indienne est confirmée par les Pères de l’Église. Elle est également attestée par le voyageur Cosmas Indicopleustès, en 535, dans sa « Topographie chrétienne » comme habitant la région de Malabar et l’Ile de Ceylan : « A Taprobane1, île de l’Inde intérieure, là où se trouve la mer indienne, il y une église de chrétiens, un clergé et des fidèles ; j’ignore s’il en existe plus loin. Pareillement, dans la contrée qu’on nomme Malé, où pousse le poivre, et au lieu appelé Kalliana, il y a même un évêque ordonné en Perse. »

Plusieurs hommes politiques d’Inde ont évoqué la mémoire de saint Thomas et son périple indien. Le premier président de l’Inde, Dr. Rajendra Prasad (1952-1962) déclarait à ce propos en 1955 : « Souvenons-nous que saint Thomas est arrivé en Inde lorsque plusieurs pays d’Europe n’étaient pas encore chrétiens… et c’est une source de fierté pour nous que cela se fit ainsi. »

Le nom de Thomas, c’est-à-dire jumeau, porte en lui l’autre. C’est un symbole de la rencontre et de l’amitié entre les peuples et les religions.


St_ThomasSt Thomas dans la Bible

Thomas fait partie du petit groupe de ces disciples que Jésus a choisis, dès les premiers jours de sa vie publique, pour en faire ses apôtres. Il est « l’un des Douze » comme le précise saint Jean (Jean 20. 24). Le même Jean nous rapporte plusieurs interventions de Thomas, qui nous révèlent son caractère. Lorsque Jésus s’apprête à partir pour Béthanie au moment de la mort de Lazare, il y a danger et les disciples le lui rappellent: « Rabbi, tout récemment les Juifs cherchaient à te lapider. » Thomas dit alors aux autres disciples: « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui. » Dans cette parole est préfiguré le martyre futur de celui qui, dès le début, a donné sa vie à Jésus. Lors du dernier repas, lorsque Jésus annonce son départ, c’est Thomas, la gorge nouée sans doute, qui pose la question : »Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment saurions-nous le chemin? » – « Je suis le chemin, la vérité et la vie », répond Jésus. Mais, c’est grâce à ses questions et à ses doutes que Thomas, doit sa célébrité. Le voici qui revient d’on ne sait où: « Nous avons vu le Seigneur! » – « Si je ne vois pas dans les mains la marque des clous, si je ne mets pas ma main dans son côté, non, je ne croirai pas. » Pour la postérité, il a reçu le qualificatif d’Incrédule. C’est grâce à cette incrédulité, à cet esprit scientifique pourrait-on dire, qui ne croit que ce qu’il a vérifié, que nous devons la certitude qui nous habite. On oublie souvent que Thomas est surtout le premier qui, devant le mystère des plaies du Christ ressuscité, a donné à Jésus son véritable titre: « Mon Seigneur et mon Dieu. »

Source Nominis

 

Pour mieux connaitre « St Thomas, ce merveilleux compagnon du Christ », lire l’enseignement du cardinal Philippe Barbarin