• Actualités

[LIBAN] Le témoignage de Marie-Liesse : "Et pourtant, le langage des émotions est universel"

Notre volontaire Marie-Liesse, 23 ans, est en mission au Liban auprès d’abouna Roland Awkar, responsable du Foyer des Pères Antonins, où une trentaine d’enfants sont hébergés.


Chère famille, chers amis,

La tâche de vous écrire se révèle bien ardue. Au bout de 4 mois et demi de mission, de quoi pourrais-je bien parler ? Ma mission au foyer suit son cours, les jours et les semaines s’enchainent, la tiédeur du quotidien s’est définitivement installée.

« Assieds toi tranquille et réfléchis ! Fais un plan . »  (Livre de la Jungle)

Regarder ces quelques mois passés ici, murir l’émerveillement des débuts, de la découverte, et creuser le mystère de la mission.

Rétrospective qui me permettra de contempler le chemin parcouru et d’appréhender ce dernier bout de voyage.

L’année scolaire vient de se terminer au foyer, mes jours parmi les enfants sont comptés, je vais tenter de résumer ce chapitre, de mettre des mots sur ce que j’ai vécu ici.

 

LE TEMPS PASSE VITE

Je me rappelle les préparatifs de ma valise. On m’avait dit : « Attention, il peut faire très froid ici », « Les hivers sont rudes dans la montagne »…

Très vite, cet interlude hivernal a laissé place à la douceur du printemps qui vient dégeler et fondre les dernières neiges libanaises, à la dispersion des nuages et du brouillard, aux rares orages inondant les rues et routes en quelques secondes. Sortant littéralement la tête des nuages, le soleil s’est alors mis à chatouiller les visages, laissant ses premières traces et coups de soleil sur ma peau bien peu adaptée.

L’éveil de la végétation, les fleurs des champs parsemant la montagne et égayant mes bouquets, on troque alors les pulls pour des casquettes, les bicyclettes qui virevoltent dans la cour, le chant des grenouilles à la tombée de la nuit envahissant la montagne, les soirées fraîches en récompense de longues journées d’été chaudes, les nuits étoilées, la frénésie des enfants et l’excitation des vacances. L’été est désormais installé depuis quelques semaines, amenant avec lui une odeur de vacances enivrante pour les enfants et un air nostalgique pour moi, les jours qu’il me reste avec les enfants se comptent désormais sur les doigts d’une main.

 

DE BELLES AMITIÉS

Que de rencontres recueillies ces derniers mois, que de belles amitiés construites qui ont rendu ma mission d’autant plus savoureuse.

De qui parler ? Tâche bien ambitieuse que de résumer 4 mois de rencontres en quelques lignes.

Je commencerai par les religieux que j’ai rencontrés, tous plus resplendissants les uns que les autres, rivalisant de sourires éclatants et d’yeux pétillants.

Comment ne pas parler des deux Abounas qui égayent ma mission quotidiennement.

Abouna Roland, homme au grand cœur, débordant d’amour et qui se donne corps et âme pour une mission qui semble être taillée sur mesure pour lui. Quel spectacle attendrissant que de voir les enfants se préciter vers lui lorsqu’il entre dans une pièce pour lui faire un câlin ; lui raconter fièrement un de leurs exploits, une bonne note à l’école.

Abouna Elie, et ses regards pleins de bienveillance pour s’assurer que tout va bien, que personne ne manque de rien, ma mission ne serait pas la même sans ses attentions quotidiennes, sans sa joie et ses taquineries.

Quelle chance de pouvoir vivre ma mission à leurs côtés !

Merci pour les amitiés que je construis ici, pour la complicité échangée avec les moniteurs, pour les sourires débordants de tendresse des aidants du foyer, pour les éclats de rire des enfants ainsi que pour leur innocence pure retrouvée à la tombée de la nuit lorsqu’ils me réclament un dernier câlin avant de s’abandonner au pays des rêves.

Lors des premiers mots échangés au téléphone avec Abouna Roland avant de partir en mission, il m’a dit : « J’espère que tu trouveras Jésus parmi les enfants ». Et je crois que c’est dans la simplicité du quotidien et dans le service que je l’ai le plus rencontré. 

Prendre le temps de contempler la puissance de Dieu, ancrer chacune de ses actions dans son œuvre, lui confier ses joies et ses difficultés.

 

CONTEMPLER LES FRUITS DE LA MISSION

Quand je repense à mes débuts, que de chemin parcouru !

Réussir à s’affirmer, à trouver sa place, à s’approprier la mission. Reconnaitre ses limites pour mieux rebondir.

Considérer le foyer comme sa maison alors qu’il se vide tous les vendredis et que je pars découvrir le Liban.

Savourer les longs trajets de bus m’offrant des vues à couper le souffle, admirer la montagne libanaise et sa terre aux mille couleurs, fouler les chemins de randonnée et s’essouffler après des côtes interminables, arpenter la Quadisha et écouter le son des cloches qui se répondent dans la vallée, prendre le temps et discuter autour d’un manouche et d’un Ahweh (café libanais). Trouver un équilibre entre mes de visites le week-end et le quotidien d’une mission spontanée, prendre du recul, mais garder les pieds sur Terre.

Réussir à se frayer un chemin à travers la barrière de la langue. C’est si confortable au Liban, beaucoup parlent français, à commencer par les enfants, mais réussir à comprendre toutes les subtilités du quotidien est un réel défi à relever tous les jours, même au bout de 4,5 mois de mission. Et pourtant, le langage des émotions est universel, tout passe par les regards, les sourires et les éclats de rire.

Ma mission au foyer arrive à son terme : l’école vient de se terminer, il me reste une dizaine de jours avec les enfants. Le programme est bien chargé : ce sont les vacances et pleins d’activités sont organisées pour clôturer l’année ! Je compte savourer ces derniers instants, graver ces souvenirs dans ma mémoire.

Mais, Hamdoullah, mon aventure au Liban ne s’achèvera pas là. Après ma mission au foyer, j’entamerai en juillet un deuxième chapitre auprès de personnes âgées chez les sœurs Antonines de Roumieh dans les hauteurs de Beyrouth. Je vous ferai parvenir des nouvelles une fois arrivée là-bas.