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Le témoignage de Mathis : " La joie et le sourire sont de vrais vecteurs d’amitié, de fraternité et d’espérance !"

Notre volontaire Mathis est en mission au Home Notre Dame des Douleurs à Héliopolis en Egypte :


Présentation 

Après trois mois au Home Notre Dame des Douleurs à Héliopolis, ma mission prend fin en ce mi-avril. Trois mois qui furent riches en travail, découvertes et émotions !

Le Home accueille environ 90 personnes âgées, 50 employés, et le tout est dirigé par 7 sœurs de Saint Frai.

La vocation de la Congrégation est l’accueil de personnes âgées afin de les accompagner dans leur fin de vie avec dignité. Ces personnes sont issues de milieux sociaux différents, ont diverses maladies et sont donc plus ou moins autonomes.

La maison est répartie en trois parties ( le rez-de-chaussée, le premier et le deuxième étage ). Chacun d’eux est dirigé par une ou plusieurs sœurs. Ces dernières sont disons « multi-tâches » : supervision des employés, veiller au bon déroulement des journées, assurer une présence quotidienne pour les résidents et gérer les allées et venues/requêtes des familles.

Pour ma part je travaille avec Sœur Marina au premier étage composé d’environ 50 résidents, le plus gros service de la maison. La parité est assez bien respectée, il y a quasiment le même nombre d’hommes que de femmes et si certains sont autonomes beaucoup aussi ne le sont plus.

Ma mission principale est d’accompagner les résidents tout au long de la journée et d’aider les employés dans leur travail. En ayant proposer mes services en couture je suis aussi vite devenu le couturier attitré de la maison.

 

Mon arrivée 

Mon arrivée s’est très bien passée. Les Sœurs m’ont réservé un accueil chaleureux, et j’ai pu découvrir le Home qui est un lieu magnifique et très agréable à vivre !

Les premiers jours furent aussi un peu compliqués, je ne comprenais pas vraiment ce qu’on attendait de moi. Mais j’ai appris sur le tas comme on dit ! La présence d’une autre volontaire avec qui j’ai partagé ces 3 mois m’a également bien aidé. J’ai finalement su trouver mon rythme petit à petit.

Ma journée type  

7h45 : je descends de ma chambre pour le service du petit déjeuner et j’aide Tante Marcelle et Tante Wedad à manger. Je suis ensuite chargé de débarrasser toute la salle à manger et de la nettoyer. Je dois aussi gérer en même temps les demandes spéciales de chacun ou les petites crises matinales.  Ce qui m’occupe jusqu’à 9h30 environ. La patience et le sourire sont parfois difficiles à tenir le matin, seul avec 50 résidents ! Mais justement quel exercice pour travailler sur soi-même et la patience !  Avec le temps disons que j’ai aussi appris à connaître les caractères de chacun donc j’essaie de gérer au mieux les différentes situations. En effet, beaucoup de résidents ont des problèmes psychiques et c’est parfois difficile, surtout les premières semaines, de savoir comment réagir.

9h30 à 10h : c’est mon moment repos de la matinée, je prends mon petit déjeuner seul et respire après un début de matinée parfois très mouvementée.

10h : je suis le seul disponible pour passer du temps avec eux car les employés sont tous aux tâches ménagères. J’aime me promener avec eux dans le jardin qui entourent le centre ou bien quand le temps n’est pas très clément je leur fais des massages avec un appareil électrique, ou encore j’enchaîne les parties de domino. Cela dépend aussi des humeurs de chacun.

11h45 : j’aide au service du déjeuner, je donne à manger, puis avec les employés nous nous occupons de la vaisselle.

13h à 15h30 : après cette matinée bien chargée, nous avons un temps de repos. C’est mon moment détente de la journée où j’aime rester seul dans ma chambre à bouquiner, dessiner, écouter de la musique ou dormir quand le sommeil se présente. Je recharge mes batteries pour la fin de journée.

L’après-midi varie entre des sessions coutures de nappes, rideaux, … et le service du goûter pendant que les résidents écoutent le chapelet. Viens ensuite l’heure du diner et comme le midi j’aide au service du repas, je donne à manger et j’aide à laver la vaisselle pour finir ma journée à 19h.

Le dimanche est un jour spécial dans le calendrier de la semaine. Nous commençons par la messe à 7h30 puis avec les autres volontaires et le prêtre nous prenons le petit déjeuner avec les Sœurs. Nous sommes aussi invités à partager le déjeuner. C’est un moment d’échange, de joie avec les Sœurs et je ressors toujours avec la sensation d’avoir mangé pour 10 personnes. Il est très dur de refuser à manger ici !

Les Sœurs pour la plupart égyptiennes sont toujours à nos petits soins et là quand nous avons besoin. Je m’entends plus particulièrement avec Sœur Marina avec qui je travaille et qui est la plus jeune. Nous passons beaucoup de temps à rigoler et à échanger en travaillant ! Elle a toujours le mot pour rire et dirige très bien le service.

 

Présentation de quelques résidents  

Tante Marcelle, ma grand-mère coup de cœur. Une femme toujours souriante, bavarde, et énergique malgré sa difficulté à marcher et ses pertes de mémoire. On peut se parler pendant de longs moments sans se comprendre et éclater de rire. Elle est vraiment très naturelle, dit tout ce qu’elle pense et je me reconnais en elle dans son côté perfectionniste. Un couvert ou une épluchure qui n’est pas mise à sa place sur le plateau repas, elle le remarquerait les yeux fermés ! Cette ancienne sage-femme, par sa gentillesse, son gros caractère et sa foi inébranlable m’aura beaucoup marqué. C’est bizarre à dire, mais c’est vraiment ma meilleure amie ici. Parfois on se dispute et puis cinq minutes après on rigole comme si de rien n’était.

Amu Makram, que je décrirai comme le vrai gentleman de la maison. Toujours très apprêté, très autonome nous aimons discuter de plein de choses. C’est un homme curieux et cultivé. Il est l’un des plus anciens en termes d’arrivé au centre. C’est un vrai pilier pour les autres résidents et n’hésite pas une seconde pour rendre service. Il s’occupe de faire de la confiture d’orange, des salades, … pour la maison. Adepte de la couture également, nous avons passés du temps à retailler ses pantalons dans l’atelier.

Bien évidemment avec mon étage composé d’environ 50 personnes j’ai tissé beaucoup de liens avec plusieurs résidents mais je ne pourrai tous les énumérer ici.

 

L’Égypte 

Le Caire :

Cette ville aussi immense que fascinante m’aura conquis. Les avenues interminables d’Héliopolis, le labyrinthe qu’est le quartier islamique, ou encore la pauvreté du Quartier des Chiffonniers sont des éléments qui m’auront marqué. Klaxons, pétards, brouhaha parfois permanent sont fatigants mais c’est ce qui fait aussi le charme de cette ville immensément riche en histoire et culture.

Le mardi, mon jour de congé était vraiment précieux. Une vraie bulle d’air dans les semaines qui étaient souvent longues et intenses. Ce jour de pause m’a permis de bien visiter le Caire mais aussi de me reposer lorsque mes batteries étaient à plats. Avec mes longues journées de marche à me perdre, la visite de musées, d’églises ou de mosquées, de profiter des restaurants et des cafés, … je me suis fait assez rapidement à la ville. C’était aussi l’occasion de faire de belles rencontres avec des locaux. La gentillesse des Égyptiens est quelque chose qui m’aura aussi beaucoup marqué. Je pourrai beaucoup en parler mais pour faire plus court je m’y sens comme chez moi et je suis certain que cette ville va beaucoup me manquer !

 

Ce que je retiens 

L’Egypte avec sa culture, ses religions, ses coutumes et traditions m’ont fasciné et je n’en ai découvert je pense qu’un dixième. Une raison de plus pour revenir !

La joie et le sourire de chacun malgré la maladie et le départ au ciel de plusieurs résidents. J’ai beaucoup ris avec eux, même si souvent je ne comprenais vraiment pas grand-chose. Comme quoi la joie et le sourire sont de vrais vecteurs d’amitié, de fraternité et d’espérance !

L’esprit de fête qui est très important, chaque anniversaire, chaque date un peu spéciale est un prétexte pour danser et mettre de la musique.

Un élément qui m’a fortement interpellé est la foi des croyants. Chez les chrétiens et les musulmans, la vie quotidienne est rythmée par la religion. De même que dans le langage. C’est comme s’ils priaient en permanence. Tout est remis à Dieu en permanence, c’est assez prenant et perturbant lorsque l’on vient d’Occident !

Le partage. Il y a un réel sens de partage et d’entraide. Les Égyptiens sont très solidaires entre eux et aussi avec nous. J’ai ressenti cela lors de mes sorties au Caire et encore plus pendant le Ramadan. Puis également quand j’ai eu l’occasion d’échanger avec les familles des résidents. Elles m’ont toujours remercié d’être là auprès de leurs aîné(e)s, m’ont offert des cadeaux, … Ils font aussi beaucoup de dons pour le Home. Plus généralement je dirai que les Egyptiens sont généreux.

Merci à vous l’Oeuvre d’Orient de m’avoir renvoyé en mission, à ma famille et mes amis de m’avoir soutenu !

 

Mathis