• Actualités

Découvrez le discours de Madame Hélène Carrère d'Encausse au Prix littéraire de L'Œuvre d'Orient.

Discours de Madame Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuel de l’Académie française et présidente du jury, à la remise du Prix littéraire de l’Œuvre d’Orient 2020.


Bonjours à tous. Je ne voudrais dire que quelques mots. Mgr a dit tout ce qu’il convient de dire, mais je voudrais ajouter que nous, les membres du jury, avons eu la joie, et je crois que tout le monde partage mon avis, d’être en présence d’un certain nombre de livres et nous avons eu de grandes difficultés à trancher. Ils étaient tous de grande qualité. Cela montre précisément que tout ce qui touche au christianisme oriental intéresse des gens de très grande qualité.

Alors en définitive, je le dis très sérieusement pour ceux qui n’ont pas été sélectionnés, qui le seront l’année prochaine ou l’année suivante, ils n’ont pas été écartés parce qu’ils n’étaient pas bien. Ils ont été écartés parce qu’il fallait bien qu’on choisisse. Alors qu’ils n’aient pas de regrets.

Les deux livres que nous avons choisis, celui qui a le prix et celui qui a la mention spéciale sont différents mais également passionnants.

Le livre de monsieur Klein, je dirais que c’est un roman extraordinaire. C’est Marco Polo à l’envers, évidemment. C’est un récit de voyages à part de l’expérience de ces deux moines qui ont fui avec passion. D’abords ils ont tout pour nous intéresser. Leur aventure commence à Pékin et la Chine est au cœur de nos préoccupations. Nos moines sont des nestoriens mais ce sont aussi des ouïghours c’est-à-dire qu’ils appartiennent à un pauvre peuple extrêmement souffrant par les temps qui court et pour lequel nous devons aussi avoir des prières. Ces deux moines qui pensaient arriver à Jérusalem pour y prier ont eu un destin extraordinaire puisque l’un d’eux est arrivé dans les grandes cours européennes pour essayer de convaincre les souverains de faire alliance avec les Mongols, véritablement barrer la route à ceux qui les menaçaient. L’autre, le plus touchant peut-être, qui était un moine du niveau le plus modeste, lui a fini, en employant le terme, catholicos. C’est-à-dire pape des nestoriens. C’est une aventure incroyable.

Ce que je voudrais dire c’est que l’auteur a un talent fou. C’est aussi intéressant à lire que les aventures de Marco Polo. C’est à la fois une équipe extraordinaire, c’est un ouvrage qui nous relate une histoire étonnante. En même temps on comprend très bien les problèmes contemporains des chrétiens d’Orient, rien qu’en voyant ce qui a été dans l’histoire passée. Je dirais que de surcroit c’est amusant, c’est extraordinaire, c’est très bien écrit, c’est historiquement de très bonne qualité. Je crois qu’on ne pouvait pas trouver mieux.

Le livre sur les minorités des chrétiens d’Orient est très informé. Il nous plonge véritablement à la fois dans leur situation et dans la compréhension du monde dans lequel nous sommes. Nous sommes dans un monde très dur, ce n’est pas la peine de nous illusionner.

Mais après tout, le Christ n’a jamais dit que nous étions sur terre pour y vivre aisément. Nous sommes là pour témoigner. Et c’est ce que font les chrétiens d’Orient. Donc ce que fait l’Œuvre d’Orient est absolument décisif. C’est pour cela que je suis très honorée d’être parmi vous aujourd’hui. Je vous remercie de votre confiance.