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[ÉGYPTE] Le témoignage de Thérèse : "J’ai été marquée par la joie simple et quotidienne des sœurs de cette communauté"
Découvrez le témoignage de Thérèse qui était volontaire au Caire dans l’école Sainte Anne avec les Sœurs Egyptienne copte.
De retour en France depuis près d’un mois désormais, vient le temps de faire un bilan de cette belle année à tête reposée.

La communauté étant nombreuse, 16 sœurs vivaient dans le couvent de l’école, je n’ai pu entretenir de relation privilégiée avec toutes les sœurs, néanmoins, les repas furent un temps précieux durant lequel de nombreux liens se tissèrent malgré la barrière de la langue, bien handicapante au début. J’ai eu la chance d’être très bien accueillie par cette communauté. Elles ont été aux petits soins toute l’année, cherchant à ce que je ne manque de rien, attentives à la moindre baisse de moral, soucieuses de mon faible appétit, et très attentionnées. Elles n’ont cessé de me répéter toute l’année que j’étais une des leurs, et dès que je m’absentais le temps d’une soirée ou d’un week-end les retrouvailles n’étaient que plus enjouées, ponctuée de « enti wahashtini », autrement dit « tu nous manques ».
La vie en communauté n’a néanmoins pas été pesante. J’ai pu facilement me caler à leur rythme, demandant l’autorisation de temps en temps pour sortir le soir ou bien m’absenter en
J’ai été marquée par la joie simple et quotidienne des sœurs de cette communauté. Et c’est sans doute, ce que je veux le plus garder de retour en France. J’ai aussi eu la chance d’avoir l’accès à la chapelle quotidiennement et d’être fortement portée par une vie de foi riche ! Quitter cette communauté fut bien difficile tant je me suis attachée à elle.
Mon année de volontariat fut riche de diverses missions. La principale était auprès de ma communauté, en tant qu’enseignante de français pour les élèves de la 3ème primaire (équivalent CE1) à la 2nd secondaire (équivalent Première). Il y a deux classes par niveau, initialement une classe en français (ou tous les cours étaient dispensés en français) et une classe en anglais. Cependant, depuis quelques années, la section française ferme progressivement. Parmi les 17 classes dont j’étais en charge, seulement 4 d’entre elles étaient issues de la section française. Mes cours étaient donc presque tous adaptés d’une classe à une autre, les élèves n’ayant pas le même niveau de français d’une section à l’autre.

Une me des difficiles en tant que professeur de français ne fut pas tant la préparation des cours mais plutôt de réussir à maintenir l’ordre en classe. Je n’avais pas le droit de faire sortir une élève de classe. J’en ai plus d’une fois discuté avec les professeurs qui semblaient eux aussi dépassés dans certaines classes. D’autre part, n’ayant pas de cahier rattaché à mon cours de français oral, elles n’avaient pas de support pour écrire, ce qui à mon sens a été un vrai manque. Cependant, la distribution des fournitures scolaires avait déjà été faite lors de mon arrivée dans l’école. L’école ne m’ayant pas mis à disposition l’imprimante, il m’a fallu trouver des solutions pour maintenir la concentration des élèves sans feuilles ni cahiers.
Je m’étais organisée dès le début de l’année pour assurer un suivi de chacune de mes classes et ainsi pouvoir m’adapter d’une séance à l’autre en rebondissant sur certaines difficultés rencontrées. Là encore, les sœurs ont été aux petits soins et m’ont donné les fournitures nécessaires pour bien commencer l’année.
Malgré les classes nombreuses (35-40 élèves en moyenne) et près de 500 élèves in fine une heure par semaine, j’ai pu tisser de beaux liens avec certaines élèves, à la fin des cours ou
L’après-midi, j’ai rejoint rapidement les sœurs Missionnaires de la Charité à Mansheya, dans un des quartier des chiffonniers. Bien que les premières journées d’école à Saint Joseph fussent fatigantes, les longues après-midis ont vite laissé place à du temps à donner. Forte de mon expérience auprès des habitants des bidonvilles en Inde quelques années auparavant, j’avais à cœur de pouvoir m’investir dans les quartiers des chiffonniers du Caire. J’en ai parlé à mes sœurs, qui ont trouvé parmi les professeurs, l’une d’entre elles qui connaissait bien le quartier et m’a accompagnée rencontrer les communautés investies dans ces lieux. Ce fut la Providence de rencontrer ces sœurs de mère Teresa, communauté que j’admire beaucoup, car initialement, elle devait me conduire rencontrer les sœurs coptes orthodoxes ayant pris la suite de l’œuvre de Sœur Emmanuelle. Les sœurs missionnaires de la Charité ont été ravies de ma présence et sans plus tarder m’ont rattachée à deux classes différentes de soutien en anglais. Ce fut une expérience très riche ! D’une part, j’ai beaucoup apprécié les petits effectifs des classes (10-15 élèves), j’étais responsable avec Sœur Stela-Rose des 6ème primaire et avec Sœur Glennis des 1ère primaire, niveau CP, dont je n’avais pas l’habitude de m’occuper. J’ai rapidement pris en charge les élèves ayant plus de difficultés, me rendant compte par moment que plusieurs d’entre eux ne savaient en réalité ni lire, ni l’alphabet anglais. J’ai pu voir des fruits naître et au bout de plusieurs mois certains savaient lire, quelle joie !! J’ai été très touchée par le dévouement de ces religieuses qui donnent leur vie pour servir les plus pauvres. Elles s’occupent gratuitement d’une garderie permettant aux mamans d’aller travailler. Elles organisent des cours pour adulte et enfants, des évènements festifs pour Noël et Pâques. Chaque cours commençait par un Notre Père et un Je vous salue Marie en arabe, tous les enfants le recitaient en cœur alors que nombreux d’entre eux sont musulmans. D’autre part, cette mission m’a permis d’être plongée dans un environnement complètement arabophone, m’obligeant à mettre les bouchées doubles dans mon apprentissage de l’arabe pour réussir à comprendre au plus vite ce que les enfants voulaient me dire.
Les conditions de vie des ces enfants ne sont pas celles qu’on pourrait souhaiter, devant l’école les poubelles s’entassent et plus d’une fois en arrivant, je voyais ces mamans avec leurs petits, trier un à un ces grands sacs de déchets. Les enfants arrivaient bien souvent sales chez les sœurs, leurs pieds noirs de saleté dépassaient de leurs tongs, les poux sautaient mais je n’ai gardé d’eux que les sourires sur leurs visages.
Les sœurs de Mère Teresa ont été d’un accueil touchant, veillant à ce que je ne manque de rien durant mes courtes après-midis de service avec elles.

Ces mois de volontariat au Caire furent d’une grande richesse ! J’ai eu la grâce de voir plusieurs fruits tout au long de ma mission et je sais combien d’autres se révèleront dans les mois à venir. J’ai appris, grandi, fait des rencontres merveilleuses, mené une vie que je n’aurais soupçonnée auparavant, découvert une culture incroyable, le tout sous le regard bienveillant du Bon Dieu.
Merci à l’œuvre d’Orient de m’avoir envoyée en Egypte, au Caire, dans cette communauté. Merci pour votre confiance, votre écoute et votre suivi. Un grand merci en particulier à Marie, responsable d’Egypte, pour ta disponibilité durant toute cette année.