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Égypte : Visite exceptionnelle des deux chefs de l’Église d’Occident et d’Orient

Source Aleteia

Bartholomée Ier et le pape François de nouveau réunis. Après un voyage ensemble en Terre sainte, en 2014, une visite éclair sur l’île grecque de Lesbos, en avril 2016, et une rencontre côte à côte à Assise, en septembre de la même année, le patriarche œcuménique de Constantinople annonce qu’il se rendra au Caire, en Égypte, en même temps que le pape François, les 28 et 29 avril prochains. Selon le quotidien catholique italien Avvenire, le chef de l’Église orthodoxe a révélé sa visite au cours de la divine liturgie de Pâques, au Phanar, en Turquie, le 16 avril dernier : « J’ai été invité moi aussi par l’Université d’al-Azhar au Caire, et le 28 avril je pourrais être avec le pape François », a-t-il dit précisément.

Nouveau tournant interreligieux

Le patriarche œcuménique, le pape François et le pape des coptes orthodoxes, Tawadros II, pourraient donc rencontrer ensemble le grand imam de l’université al-Azhar, le cheikh Ahmed Mohamed al-Tayeb qui organise une conférence internationale sur la paix, à laquelle est prévue une intervention du souverain pontife. Dix jours après les nouveaux attentats anti-coptes de Tanta et d’Alexandrie, ayant fait au moins 44 morts et plus d’une centaine de blessés, en pleine messe des Rameaux, le 9 avril dernier, cette entrée en dialogue avec l’islam sunnite, dont l’université d’Al-Azhar est l’un des plus prestigieux représentants, sonne comme un nouveau tournant dans les relations oecuméniques et interreligieuses, face au terrorisme pratiqué au « nom de l’islam ».

Le Saint-Siège a renoué avec Al-Azhar, en février 2016, après cinq années de gel. Les 22 et 23 février derniers, le cardinal Jean-Louis Tauran, président du conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, s’était rendu au Caire pour participer à un symposium sur le thème : « Le rôle d’Al-Azhar al-Sharif et du Vatican pour contenir le fanatisme, l’extrémisme et la violence au nom de la religion ». Ce symposium était un premier pas dans le rétablissement des relations entre le Saint-Siège et Al-Azhar, après la rencontre historique entre le pape François et le grand imam Ahmed Al-Tayeb, le 23 mai 2016.

En revanche, les liens entre l’Église catholique et l’Église copte-orthodoxe d’Alexandrie, l’Église chrétienne la plus grande du Moyen-Orient, n’ont jamais été interrompus. Son plus haut représentant, le « pape » Tawadros II, figure depuis toujours dans la liste de ceux que le souverain pontife appelle « mon frère ». Très touché, Tawadros confia un jour aux médias italiens : « Le pape François est un homme animé d’un esprit divin. Je l’ai rencontré le 10 mai 2013, au Vatican, et j’ai tout de suite senti en lui comme un frère qui nous soutient par la prière, par son expérience spirituelle et ses enseignements écrits, dont nos vies peuvent tirer un grand bénéfice ».

François et Bartholomée, même vision

Les relations entre les évêques de Rome et de Constantinople, successeurs des apôtres Pierre et André ont, quant à elles, toujours été très cordiales malgré certains flottements et « malentendus » sporadiques. François et Bartholomée se sont rendus ensemble en Terre sainte, en mai 2014 pour prier ensemble dans la basilique du Saint-Sépulcre. Et se sont retrouvés quelques jours plus tard, dans les jardins du Vatican, pour « accueillir », ensemble, les présidents israélien et palestinien, invités à participer à une « prière pour la paix » au Proche-Orient. « Votre participation est un grand don, un soutien précieux ; elle est le témoignage du chemin que, comme chrétiens, nous parcourons vers la pleine unité », l’avait-il remercié à cette occasion.

Très sensible au sort des migrants, des réfugiés, des exilés, le patriarche était également à ses côtés lors de sa visite à Lesbos, en 2016, et à Assise quelques mois plus tard — 30 ans après la première rencontre inter-religieuse convoquée par Jean Paul II — pour réaffirmer, haut et fort, que même si leurs traditions religieuses sont différentes, la différence ne doit pas être « un motif de conflit, de polémique ou de froide distance « . « Le Pape et moi nous nous sommes vus six fois, et je suis venu à son installation en mars 2013 », a-t-il rappelé aux journalistes.

La visite historique au Caire des deux chefs de l’Église d’Occident et d’Orient, est vue comme un grand geste de « proximité » et « d’unité » envers les chrétiens coptes, victimes de la barbarie de Daesh. Après les attaques de Tanta et Alexandrie, le dimanche des Rameaux, une autre attaque djihadiste aux abords du monastère Sainte-Catherine, dans le Sud-Sinaï, à environ 500 km du Caire, a fait monté la tension d’un cran. Les assaillants ont pris la fuite après un échange de tirs avec la police. Un policer a été tué, et au moins trois autres ont été blessés. Le monastère de Sainte-Catherine, sur les pentes du mont Sinaï, accueille une vingtaine de moines grecs orthodoxes. Déclaré patrimoine de l’Humanité par l’UNESCO en 2002, il est considéré comme le plus antique monastère chrétien encore en activité.

Taizé, autre visite exceptionnelle

Quelques jours avant, le patriarche sera à Taizé, en France, pour la première fois. Il participera, le 25 avril, à une prière commune, en l’église de la Réconciliation, en présence des frères, de représentants des différentes communautés chrétiennes et des jeunes. Sa visite, qualifiée « d’exceptionnelle » par le prieur de la communauté oecuménique, frère Alois, aura lieu juste après la visite pastorale qu’il effectue en Suisse, à l’occasion des 50 ans du centre orthodoxe de Chambésy, à Genève. Un discours de Bartholomée est prévu à la fin de la prière commune. Bien qu’il s’agisse de sa première visite à Taizé, le patriarche Bartholomée entretient avec la communauté des liens profonds. Frère Alois s’est rendu plusieurs fois à Istanbul, à son invitation, avec un groupe de frères et de jeunes.