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« Iran : nous espérons voir se développer la liberté religieuse, qui au-delà de la liberté de culte consiste à choisir sa religion librement, à pouvoir professer librement ses convictions. » déclare Mgr Gollnisch

 L’Église iranienne en quelques chiffres

En Iran, les chrétiens sont une infime minorité, moins de 0,05%, au sein d’une population de 78 millions d’habitants. Près de 99% des Iraniens sont musulmans, dont 89% sont chiites et 9% sunnites.

Sur 100 000 chrétiens, à peine 10 000 sont catholiques (principalement chaldéens et arméniens), les autres appartenant à l’Eglise arménienne apostolique dite « Grégorienne ».

« L’Église en Iran est une toute petite Église […]. Il faut y être allé pour se rendre compte de la modestie de l’archevêché d’Ispahan des Latins qui se trouve en réalité à Téhéran. Tout compris, six prêtres, pas un n’est séculier. Aucun prêtre étranger ne peut s’installer à moins que son arrivée ne corresponde au départ définitif d’un autre. Cette disposition est considérée comme un progrès, tant de prêtres ayant été expulsés depuis le début de la révolution il y a 26 ans. Pareillement pour les religieuses. » écrivait Mgr Brizard au retour d’un voyage en 2006.

Les chrétiens iraniens et la République islamique

« Dans la constitution de la République islamique d’Iran, les chrétiens sont reconnus officiellement comme une minorité religieuse. Nous avons donc la liberté de pratiquer le culte et de donner une formation chrétienne à nos fidèles à l’intérieur de nos églises. Nos églises sont ouvertes pour le culte et la formation chrétienne », témoigne Mgr Ramzi Garmou.

Pour autant, il ne peut s’adresser qu’aux chrétiens pour ne pas encourir le reproche de faire du prosélytisme et il leur est interdit de proclamer l’Évangile dans l’espace public.

Mgr Gollnisch espère ainsi : « que la venue de religieux et de religieuses pour servir les communautés chrétiennes qui sont en Iran soient faciliter et aimerait aussi voir se développer la liberté religieuse, qui au-delà de la liberté de culte consiste à choisir sa religion librement, à pouvoir en changer, à pouvoir professer librement ses convictions. »

Mgr Ramzi Garmou et sa communauté

Évêque chaldéen de Téhéran, visiteur patriarcal pour les chaldéens et président de la conférence épiscopale iranienne, Mgr Ramzi Garmou doit faire face à trois défis :

1. L’émigration :

Depuis l’instauration de la République islamique, les 2/3 des Assyro-chaldéens ont émigré et se sont installés aux États-Unis ou en Europe occidentale (100 000 fidèles), dont 20 000 en France.

Et ceux qui sont restés appartiennent aux couches les moins aisées : « Des chrétiens sont restés :

  • parce qu’ils étaient trop âgés pour refaire leur vie à l’extérieur du pays, dans une culture qui leur était étrangère,
  • parce qu’ils ne voulaient pas quitter leur famille
  • et pour certains, par conviction chrétienne… Ceux-là, même s’ils sont une toute petite minorité, croient que l’Église a la mission de porter témoignage »

Mgr Garmou ajoute « Nous les chrétiens, nous avons une responsabilité dans ce pays.

Même si on n’a pas le droit d’empêcher les gens d’émigrer, il faut conscientiser nMgr Ramzi Garmouos fidèles sur le rôle qu’ils ont à y jouer. Aujourd’hui, l’Église a besoin d’hommes et de femmes animés de deux convictions vitales: la prière, qui est indispensable au rayonnement de l’Église, et la souffrance apostolique, qui est source de fécondité pour l’Église.

Une Église qui ne souffre pas est comme un arbre sec ! »

2.      L’unité des chrétiens

Toutes les Églises sont regroupées dans les villes à Ispahan, Téhéran, Orumiyeh au Kurdistan et Tabriz en Azerbaïdjan.

L’histoire et les difficultés du moment font que les relations entre ces minuscules communautés ne sont pas simples. 

Mgr Ramzi Garmou tente de promouvoir l’unité des chrétiens en Iran. Pour lui, la division entre baptisés « constitue un scandale » pour les chrétiens eux-mêmes. Il faut donc tout faire pour qu’ils puissent « vivre en communion » et que leur témoignage soit par conséquent plus « crédible ». Il souligne qu’il faut « intensifier et approfondir le dialogue œcuménique pour répondre à la volonté du Christ que tous ceux qui croient en lui « soient un afin que le monde croie ».

3.      La transmission de la Foi

Pour l’évêque, le défi actuel de l’Église catholique en Iran est « d’aider les fidèles à passer d’une foi sociologique, ethnique, transmise par les parents, à une foi issue d’une expérience personnelle authentique, un témoignage de vie, et donc qui soit avant tout un don de l’Esprit Saint ». Il s’agit d’un « passage nécessaire » à promouvoir grâce à des rencontres, réunions, prédications, indique l’évêque.

Et pourtant les visiteurs en Iran sont frappés par la vigueur de la Foi des chrétiens.  « Nous devons être convaincus que bien que nous soyons une petite minorité, Dieu peut cependant faire à travers nous de grandes œuvres ».  

Ainsi les petits frères de Jésus qui soignent dans une léproserie aux côtés de sœurs de saint Vincent de Paul font un travail remarquable auprès des malades, et avec les habitants de la ville de TABRIZ tout à côté : ils sont parvenus à établir un pont de solidarité entre les uns et les autres.

« L’importance d’une Église ne réside pas dans sa visibilité, sa grandeur visible, a fait observer Mgr Garmou, mais dans la qualité de sa foi, et dans le témoignage de ses fidèles ».


Source L’Œuvre d’Orient – APIC

En savoir plus sur l’Église chaldéenne

Relations diplomatiques

Le Saint-Siège et l’Iran entretiennent des relations diplomatiques depuis plus de 50 ans (depuis 1956). Il y a eu des « ouvertures » lors de la présidence Khatami (1997-2005) qui a « inauguré une nouvelle phase des rapports ».

Une délégation de Téhéran était présente à Assise en janvier 2002, pour la prière pour la paix dans le monde.

Celui qui était alors le secrétaire pour les Relations du Saint-Siège avec les Etats, Mgr Jean-Louis Tauran (aujourd’hui le cardinal), a effectué une visite en Iran en mars 2001, ainsi que d’autres représentants catholiques étrangers. En 2001 également, Jean-Paul II a reçu un message de congratulations du président Khatami pour l’anniversaire de son élection. La détente a été favorisée aussi par l’intervention de la Caritas et d’autres organismes catholiques lors des tremblements de terre de Bam  (2003) et de Zarand (2005).

En Mars 2013, le pape François s’est entretenu un long moment, lors du défilé des délégations gouvernementales, avec le ministre des affaires étrangères de la république islamique d’Iran.