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[LIBAN] Le témoignage de Blanche: "Je veux croire que l’espérance est encore au fond de chaque cœur".

Des nouvelles de ma mission
Voilà un mois déjà que je suis arrivée à Ajaaltoun, dans les montagnes du Kesrouan, région chrétienne au Nord-Est de Beyrouth. J’ai été envoyée pour une mission d’un an pour enseigner le Français, donner des 
Pour ceux-là, pour ces enfants en décrochage scolaire depuis mars dernier, qui ne quittent plus la télé pour la plupart, les sœurs ont mis en place une mission de soutien scolaire leur permettant une reprise progressive des cours. Au compte-goutte, je m’occupe donc de 2 à 8 enfants par jour, tous niveaux mélangés de la grande section à la 6e. C’est français et maths au programme, mais aussi sciences et anglais. Le but est principalement de raccrocher quelques wagons, mais aussi de les faire sortir d’un contexte familial souvent complexe et difficile, de les faire manger et d’avoir un œil sur leur santé. C’est parfois un peu sportif : de revoir le passé composé avec Nour, en CM1, d’expliquer les fractions à Maroun, en 6e, et d’apprendre à Charbel, en « grand jardin », de compter jusqu’à 10, le tout en même temps bien sûr ! Leurs regards malicieux et intrigués et leur sourire me transportent, leurs bêtises aussi ; c’est une énorme joie d’être auprès de ces enfants, de les découvrir jour après jour.
L’action des sœurs et de Marie (la directrice pédagogique, bénévole) est engagée et dévouée au plus près des pauvres, elles sont vraiment admirables et trouvent toujours des solutions pour chacun.
(Re)découverte du Liban


Je suis assez surprise de constater que le pays a été très développé mais connait une vraie décroissance depuis longtemps déjà. En sont témoins les rails qui n’ont pas vu passer de train depuis plus de 25 ans, les infrastructures prévues pour des centaines de personnes mais quasiment désertes, ou encore les commerces fermés de toute part. Alors, non, pardon, je rectifie. Les magasins (et tout globalement dans le pays) ferment mais différentes raisons sont invoquées dans un certain combo explosif : la crise politique, la crise économique, les gens qui émigrent, le coronavirus, la double-explosion… Et c’est sans doute un peu tout ça à la fois qui en est à l’origine. J’entends ou j’observe donc très souvent des « c’était mieux avant, avant c’était comme-ci, quand est-ce qu’on retrouvera notre vie d’avant ». On connait la chanson en France depuis mars dernier ; elle sonne assez différemment ici.
Je suis émue, pour ne rien vous cacher, par le sentiment général des Libanais que je côtoie. Je lisais un article de l’Orient-Le Jour cet été qui parlait de la légendaire résilience libanaise,
Il n’est pas évident pour moi d’essayer de comprendre tout cela, l’histoire de ce pays, les raisons et les enjeux de la situation présente. D’y démêler les questions identitaires, confessionnelles et d’appartenances politiques qui s’y mélangent. De quoi m’occuper ! Je suis désolée si le tableau que je brosse aujourd’hui n’est pas tout rose, mais rassurez-vous, la vie est magnifique au Liban et le Liban est magnifique de vie.
