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[LIBAN] Le témoignage de Simon : "170e jour de guerre et presque autant de jours loin de leur famille pour les déplacés".

Notre volontaire Simon est en mission dans le centre Hadeal à Antélias au Liban, pendant 3 mois.


Depuis deux mois et trois jours, je suis au Liban. Ma mission se déroule sans incident majeur, seulement quelques remarques fermes lorsque les enfants ne suivent pas les consignes.

Après la découverte du premier mois, ce deuxième mois a été marqué par l’établissement progressif d’une routine, avec l’habitude de respecter les horaires fixés au début de la mission. Je suis satisfait de cette stabilité, car elle apporte une certaine régularité à nos actions, permettant aux enfants de retrouver un semblant de rythme scolaire. L’ambiance avec les autres volontaires est excellente, chacun proposant des activités pour les week-ends.

La situation sécuritaire dans le sud du Liban ne s’est ni aggravée ni détériorée ce dernier mois. Cela incite les familles du centre d’Antélias à organiser régulièrement des retours temporaires dans le sud (d’une à deux semaines), puis à revenir au centre. Cette situation semble perdurer, nous sommes déjà au 170e jour de guerre et presque autant de jours loin de leur famille pour les déplacés.

Durant ce deuxième mois, j’ai réalisé une mission en parallèle de ma mission principale. Chaque vendredi après-midi, je me rends au camp palestinien de Dbayyeh pour apporter un soutien scolaire individuel à des enfants âgés de 7 à 10 ans. C’est ainsi que j’ai rencontré les sœurs habitant à l’entrée du camp, qui m’ont exposé les difficultés qu’elles rencontrent au quotidien, leur rôle dans le camp et les histoires individuelles des enfants que je soutiens scolairement.

Ce camp, établi en 1956 pour les réfugiés palestiniens originaires de Galilée dans le nord de la Palestine, présente la particularité d’être majoritairement chrétien.

Sœur Magda m’a appris qu’au cours de la guerre civile libanaise, des massacres se sont produits entre chrétiens pour le contrôle du camp, déchirant parfois des familles qui ont vu des frères se battre les uns contre les autres, certains rejoignant des milices et d’autres l’armée officielle libanaise. Aujourd’hui, le camp de Dbayyeh n’est administré par personne, et les sœurs sont très souvent sollicitées pour divers problèmes. À chacune de mes visites pour prendre le café et discuter avec elles, je remarque que des gens attendent leur tour pour demander de l’aide ou simplement pour parler.

Au sein du camp, l’identité palestinienne reste très forte, certaines personnes ayant encore de la famille à Gaza et en Cisjordanie. Sœur Magda m’a expliqué que certains membres de ces familles sont morts dans les bombardements du mois dernier, plongeant certaines familles dans le deuil.

De nombreuses familles n’ont aucune nouvelle de leurs proches car Internet a été coupé par l’armée israélienne dans la bande de Gaza (…) Pressé par le temps, j’ai dû interrompre la conversation avec les sœurs pour me rendre dans la petite école où je donne des cours de soutien.

En chemin, je me suis rendu compte que j’avais appris bien plus en discutant 20 minutes avec les sœurs qu’en lisant des articles de presse tout au long du mois dernier.

En aidant aux devoirs, j’ai réalisé à quel point certains enfants avaient un bon niveau en français. Je pense sans exagération que certains élèves français ne pourraient pas répondre à certaines questions de compréhension écrite de niveau CM1.

Ce bon niveau scolaire contraste fortement avec celui de la majorité des déplacés du sud. En examinant chaque cas individuellement, on remarque que, quelles que soient les conditions d’enseignement, le dénominateur commun de la réussite des enfants reste le suivi et l’investissement des parents dans leur éducation.

Au-delà du soutien scolaire, qui est au cœur de ma mission à la fois à Antelias et au camp palestinien, j’ai beaucoup apprécié les activités avec mes collègues du centre et avec les volontaires. Nous avons organisé un match de football au collège Notre-Dame à Sahel Alma où travaille Mathilde. Les deux enfants que nous avions emmenés, dont l’un fêtait son anniversaire étaient ravi de jouer en dehors du centre. Malheureusement, après une heure, quelques gouttes de pluie ont suffi pour mettre fin au match.

Simon