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Qu'attendre de la réunion du Conseil de Sécurité de l'ONU sur les chrétiens d'Orient aujourd'hui ?

Aujourd’hui, vendredi 27 mars, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a convoqué une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU qu’il préside pour évoquer la question des chrétiens d’Orient et des autres minorités.

Pour Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient, cette réunion doit être l’occasion d’alerter sur les discriminations et les persécutions dont ils font l’objet dans de nombreux pays, en particulier en Irak et en Syrie.

Que pensez-vous de l’initiative de la France de convoquer cette réunion du Conseil de Sécurité de l’ONU ?

Mgr Gollnisch : Depuis que le Conseil de Sécurité de l’ONU existe, c’est la première fois qu’il se penche sur la question des chrétiens d’Orient. Je salue donc cette initiative en espérant qu’elle débouche sur des actes concrets. Néanmoins, c’est avant tout une réunion d’échange, à laquelle ont été invitées diverses personnalités, notamment Mgr Louis Sako, le patriarche des chaldéens, et il n’est pas prévu qu’elle débouche sur le vote d’un texte.

Selon vous, quels sont les points clés qui doivent être discutés concernant la situation de ces communautés ?

Mgr Gollnisch : Le sujet central, c’est bien sûr la question des persécutions des chrétiens en Irak et en Syrie.

  • En Irak, il faut absolument que des moyens soient mis en œuvre pour neutraliser rapidement la cause première de ces persécutions, à savoir Daech, et permettre aux déplacés de rentrer chez eux. Il faut agir rapidement. Ensuite, viendra la problématique de la sécurisation de la plaine de Ninive. L’ONU peut y jouer un rôle.
  • En Syrie, où le problème dépasse la présence de l’organisation État islamique, je pense que devrait être mise en place une large initiative internationale et diplomatique, non pas pour résoudre le problème syrien, mais au moins, dans un premier temps, pour arrêter la guerre. On ne peut pas attendre d’avoir toutes les clés sur l’avenir de ce pays pour faire cesser ce conflit. Sur ce sujet, il est important de rétablir un dialogue avec la Russie sans qui des avancées seront difficiles.

Au-delà de la situation critique de ces deux pays, quels sont les autres sujets sensibles concernant les chrétiens en Orient ?

Mgr GollnischMgr Gollnisch : Dans les pays où ils sont présents, les chrétiens font face à un large panel de discriminations d’ordre constitutionnelles, juridiques et administratives. Les États dans lesquels ils vivent doivent absolument évoluer vers la notion de pleine citoyenneté pour tous. Les chrétiens doivent sortir de ce statut de minorité protégée – presque infantilisant je trouve – pour devenir des citoyens à part entière. En ce sens, la disparition de la mention de la religion sur la carte d’identité serait déjà une bonne chose.
Vient ensuite la question de la liberté religieuse.

En Arabie Saoudite, les chrétiens n’ont tout simplement pas de lieu de culte, donc ils n’ont même pas la liberté de pratiquer leur religion. Dans les autres pays, hormis le Liban, la liberté religieuse n’est pas acquise, on ne peut pas prêcher sa foi, il est interdit de se convertir au christianisme, etc. Il y a bien sûr un lien entre cette absence de liberté religieuse et l’existence d’une sorte de citoyenneté de second rang. Enfin, se pose le problème des violences ponctuelles dont les chrétiens sont victimes. Je pense par exemple à l’attentat terroriste contre la cathédrale de Bagdad en 2010, qui avait fait plus de cinquante morts. Il faut obtenir des Etats qu’ils sécurisent les lieux de culte des minorités religieuses au Moyen-Orient.


Source La Vie