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[REPORTAGE] Les coptes catholiques aujourd’hui
Même si les coptes catholiques ne sont qu’une minorité de la grande minorité chrétienne, leur rayonnement dépasse largement leur communauté et leurs actions au sein de la société égyptienne n’en sont que plus essentielles.

À Qena, au nord de Louxor, depuis 20 ans, l’église n’a jamais pu être reconstruite, les voisins musulmans ont systématiquement mis à mal son édification par toutes sortes de procédés. Mgr Emmanuel Bishay a décidé qu’une nouvelle église serait construite plus loin. On imagine une ville extrémiste, fermée, jusqu’à qu’un petit frère de Jésus apparaisse. Et nous explique que c’est simplement une histoire de voisinage. Chaque matin, depuis qu’il est là, ses voisins, musulmans, lui déposent du pain frais devant la porte.
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Que ce soit dans le prestigieux collège Saint Marc, fournisseur de l’élite égyptienne depuis près d’un siècle, ou dans un collège de filles à Tantour en Haute-Égypte des sœurs de Notre-Dame des Apôtres, où les tensions communautaires sont fortes, la volonté est la même. « Nous prenons les enfants dès la maternelle et pas après. Nous voyons vite quand ils répètent le discours de leurs parents. Dès que nous entendons des paroles extrémistes, nous convoquons les parents. Quand ils arrivent au CP, c’est fini. Et les parents changent grâce à leurs enfants ! Nous avons un père d’élève qui appartient aux Frères Musulmans, il ne mettrait pas ses enfants ailleurs que chez nous ! » s’amuse sœur Irénée. Les écoles pour filles tenues par les religieuses, surtout en milieu rural, sont aussi un outil remarquable pour la promotion féminine, dans un pays où le taux d’analphabétisme frôle les 30 % (20 % chez les hommes, 40 % chez les femmes).
Légende : école primaire de Qena. Pour Mgr Emmanuel Bishay et le prêtre de la paroisse, ici dans la cour de l’école catholique, une des principales préoccupations est de créer une atmosphère de confiance entre chrétiens et musulmans. Pour cela, rien de tel que de partager des activités, qu’elles soient sportives ou culturelles. Une fois par mois, dans ce village, les mères de familles chrétiennes et musulmanes se retrouvent pour échanger et rompent ainsi les barrières.
Soigner

Les difficultés économiques restent la principale préoccupation. « Les pauvres d’aujourd’hui sont la classe moyenne d’hier » constate sœur Irénée. Beaucoup émigrent à l’étranger, les chrétiens en Australie, aux USA ou en Europe, les musulmans dans les pays du Golfe. Mais l’émigration est surtout intérieure. Les chrétiens de Haute-Égypte se pressent au Caire, asphyxiant encore un peu plus une capitale qui ne sait plus comment accueillir ces nouveaux venus. Les nouveaux venus, parfois illettrés, ayant vécu jusque-là dans conditions matérielles où l’électricité même était un luxe, sont perdus dans cette ville tentaculaire. L’église, la paroisse, deviennent alors les seuls refuges.
Eglantine Gabaix-Hialé, chargée de mission pour L’Œuvre d’Orient
Article extrait du Bulletin n°799 à retrouver ici.
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