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Soeur Rose, petite soeur de Jésus à Jérusalem.

A la sixième station de la Via Dolorosa, où sainte Véronique, dont le tombeau se trouve dans la petite église, aurait essuyé le visage du Christ, les pèlerins et touristes ne font souvent qu’un bref arrêt. La porte est pourtant toujours ouverte, et si on prend le temps d’en franchir le pas, Sœur Rose, 80 ans passés, accueille le curieux en continuant à fabriquer des icônes. Les groupes se succèdent devant l’échoppe, dans toutes les langues, de toutes nationalités, mus par des motifs spirituels ou non, accompagné d’un guide qui débite mécaniquement son topo.
« Vous n’imaginez pas tout ce que j’ai pu entendre, dans toutes les langues ! Chacun a son histoire. Je pourrais écrire un recueil entier des différentes versions de l’histoire de Sainte Véronique! »
D’origine allemande, Sœur Rose est en Israël depuis plus de cinquante ans. Dans cette petite échoppe, comme partout où elles se trouvent, les Petites Sœurs de Jésus assurent une présence bienveillante, ouverte, accueillante, auprès de tous ceux, quelle que soit leur religion, qui veulent se confier à elle. Parfois les gens entrent tout de même, demandent, ou non, s’ils peuvent prendre des photos. On ne sait pas bien ce qu’ils cherchent à capturer, des icônes ou du visage de cette sœur qui semble avoir l’âge de la Vielle Ville, et de ses souffrances.
Pourtant la petite sœur n’est pas fataliste. Sans cesser son travail, elle raconte la joie de sa vocation, de ce choix qu’elle n’a jamais regretté, de ce pays, l’Allemagne, qui ne lui manque pas et où elle n’a plus d’attache. Du visage de Charles de Foucault qui l’a convertie, l’a appelée.
« Dans ces pays-là, si on n’a pas la paix dans son cœur, si on n’est pas soi-même en paix, on ne peut pas absorber toute cette violence, cette injustice. Il nous faudrait un miracle, je ne vois que ça, confie-t-elle, en souriant. Mais vous savez, je n’aurais jamais imaginé que le mur de Berlin puisse tomber, alors tout est possible non ? »